Cine Miroir (June 1934)

£ AU STUDIO Danielle Darrieux et Pierre Mingand dans une scène de «Mauvaise graine ». Quand Danielle Darrieux et Pierre Mingand enregistrent. U'EST-CE que vous faites 7? avais-je demandé à Danielle Darrieux que je venais de rencontrer. Vous avez une minute? Interview !.… — Oui: Depuis combien de temps tournezvous 2. Combien avez-vous fait de films ?... Quel est le rôle que vous préférez ?… Je connais. Merci bien !…. D'ailleurs, j'ai horreur de parler de moi !.. Mais, si ça vous amuse — je vais enregistrer chez Polydor avec Pierre Mingand —accompagnez-moi... Cinq minutes plus tard, j'étais dans l’auditorium. — Bonjour, Danie !... : — Bonjour, Pierrot !.. Tandis que les techniciens s’affairent dans une pièce voisine, Pierre Mingand et Danielle Darrieux — que l'on verra hientôt ensemble dans Mauvaise graine où ils forment un couple plein de jeunesse, de charme et d’entrain — s'amusent à tuer le temps. « Pierrot », qui débuta à l’écran dans le rôle de Johann Strauss de la Guerre des Valises, se souvient qu'il est passé par le music-hall. I1 exécute un magnifique numéro de claquettes corsé de quelques imitations Chevalier, Laurel, Hardy, ete. « Danie » essaie l’un après l’autre les instruments à cordes de l'orchestre. — Chic ! un violoncelle !.. Vous savez que j'ai étudié le violoncelle pendant trois ans ?.. Voyons... Flûte ! je ne trouve pas le do !… Mais le micro est là, logé au fond d’une guérite de garde municipal, devant laquelle les deux jeunes vedettes de l'écran prennent place. C’est d’une pièce voisine que j’ai entendu leurs chansons, telles que la cire les reçoit et les reproduit. J'ai rêvé qu'on me disait : Je l'aime! La voix grave de Pierre Mingand et la voix fraîche de Danielle Darrieux alternent, puis se mêlent, tissant une poétique mélodie, simple et naïve, Et la lèvre divine, et la main si câline, Ne pouvaient appartenir qu'à vous. Hou-hou… Hou-hou… — Ouf ! c'est fini !. Vite une cigarette !… Danielle Darrieux en aspire une bouffée, s’étire, puis saute sur un divan et se laisse rebondir avec une joie animale, Je la regarde vivre. Klle est à la fois simple et que précieux comédien compliquée comme une héroïne de notre grande Colette, juvénile, et, déjà, si féminine... — Et mon interview? Celle que Volga en flammes vient de nous révéler comme une de nos meilleures jeunes premières de l'écran français sourit sans répondre. Puis, comme j'insiste : — Revenez ici la semaine prochaine, Nous enregistrons la chanson de Mauvaise graine. Je vous donnerai votre interview !… Il n’a pas fallu moins de trois cigarettes, et l’aide efñcace de Pierre Mingand — aussi charmant camarade — pour que j’apprenne 19 Que Danielle Darrieux « enregistre » pour la première fois : 2° qu’elle adorerait faire du théâtre; 3° qu’elle a une prédilection pour les rôles tristes « C'est épatant d'avoir le cafard !...», par exemple Manuela de Jeunes filles en uniforme, la petite fille du Blé en herbe de Colette, justement ; 4° qu’on ne lui confie presque rien que des rôles de gaîté : 5° qu'elle va signer pour un film sur le music-hall où, pour la joie de nos veux, elle apparaîtra en girl ALAIN BEAUVOIR. DE E CUT QE Josseline Gaël, la ! délicieuse dac: tylo de « Un! homme en or. ». | On tourne : «UN HOMME EN OR » N vaste cabinet d'homme d'affaires. Dans l'antichambre non moins spacieuse, cing Solliciteurs attendent patiemment, assis sur des chaises, d'être introduits. Et, sans doute prévoyant cette longue attente, l'un d'eux s'est assoupi dans un sommeil silencieux, tandis que, pour se distraire, les autres essayent de déchifirer d'assez loin les noms des pavs inscrits Sur une imposante mappemonde, posée, tel un giroscope sur une table. Tout à coup, la porte du bureau s'ouvre. Voici M. Papon (Harrv Baur), accompagné de l’homme d'affaires Hardy (Guy Derlan). La conversation se poursuit: Hardy. — Alors, à demain ? Disons neuf heures ? Papon (avec autorité). — Non. Dix heures. Pas avant. Papon, sous les veux des solliciteurs qui attendent, a pris une autorité accrue et s'éloigne avec beaucoup de dignité, non sans les avoir toisés de haut et, d'un geste, mis sa décoration en valeur. La scène est finie. Tout le monde, sur le plateau, semble satisfait. Mais personne ne songe à prendre une minute de repos. Machinistes et électriciens s'affairent déjà autour d'un autre décor semblable, dans lequel tourneront ce soir la gracieuse Suzy Vernon et la non moins gracieuse fosseline Gaël, dactylographe pour la circonstance. RENÉ GALEAIS,