Cine Miroir (June 1934)

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A HOLLYWOOD LES DÉBUTS DE FREDERIC MARCH S'énéna> me comment je Suis venu au cinéma? me dit Frederic March à brûle bourpoint. Ne croyez pas que mes succès à la scène, mon talent d'acteur ow ma personnalité aient été responsables de mon engagement, Non, j'ai été appelé à Hollywood parce que j'avais joué le personnage de John Barrymore au théâtre et que tout le monde disait que je lui ressemblais ! Vous vovez que ce n'est pas particulièrement glorieux ! Et si vous pouviez savoir ce que c'est agaçant de s'entendre dire à chaque instant que vous êtes l'image d'un autre homme, vous ne plaindrie:! Evidemment, il valait mieux ressembler à Barrvmore qu'à un singe, mais avouez qu'on à le droit de se vévolter de ne Jamais étre pris pour soi-même lorsqu'on se flatte d'avoir un nom apprécié du public.:. Frederic March quéta une approbation que je ne lui ménageai point. — Aussi, poursuivit-il, lorsque je signai le contrat, j? déclarai fermement que je voulais Frederic March dans « Le Signe de la Croix». être Frederic March et nul autre. Schulberg me regarda, étonné, et me répondit qu'aucune erreur n'était possible, que ce nom était bien inscrit sur le papier. Très énervé j'insistai: « Je ne veux pas jouer les Barrymore, je veux être moi-même ».. Du reste, on finit par se lasser de s'extasier sur cette ressemblance, et le jour où un «gagman» décida que vraiment John Barrymore ne me ressemblait pas, la partie fut gagnée. « Mes débuts ne furent pas particulièrement brillants, et je commençais à me décourager, lorsqu'on me promit un rôle d'avocat dans Night Angel. Plein de zèle et débordant d'’enthousiasme, je résolus de laisser pousser ma barbe pour entrer plus complètement dans la peau de mon personnage. Et, profitant d'un court congé, je partis avec ma femme vers les Bermudes. Le résultat ne se fit pas attendre : les insultes tombèrent sur mabarbe naissante. Les gens me regardaient, hochaient la tête et murmuraient entre eux : « Terribles, ces « pays tropicaux : ils démoralisent un homme «en un rien de temps. Je parie qu'il ne se lave « même plus ! » Pourtant, je résistai et me présentai au studio pourvu d'une barbe magnifique dont j'étais fier. Eh bien! croiriez-vous que je ne vrencontrai aucune approbation? L'ingratitude des hommes est couleur d'encre ! Te refusai de céder et me contentai de tailler par-ci par-là, jusqu'à ce qu'enfin, il ne me resta plus qu'une mince virgule au menton. Apparemment, c'élait encore trop et je dus supprimer ce dernier vestige de respectabilité. « Ce fut peu de temps re cet incident que je demandai à jouer Jekyll et Hyde, dans l’espoir de pouvoir enfin faire des grimaces à ces Philistins. Nouvelle déception : je fournis simplement la tête, et le maquilleur se chargea du reste, allongeant mes oreilles, bourrant mon nez, déformant mes. veux et ma bouche, qu'il orna de crocs menaçants, Je faillis y laisser ma peau et ne me consolai que lorsqu'on me décerna le coquetier — pardon, la coupe d'or de la meilleure performance masculine de 1932. Mais, vous voyez que tout n'est pas rose dans notre métier! » SUXLIGHT, tre filles du docteur March a sacrée star du jour au lendemain, est, malgré son triomphe, l’une des actrices les plus discutées d'Hollywood, Les opinions contradictoires se heurtent dès que son nom est prononcé, Les uns l'accusent de vouloir imiter Garbo, d'avoir une voix monotone plutôt déplaisante et des gestes gauches, D'autres n'hésitent pas à la comparer à la Duse ! Certains de ses admirateurs affirment qu'elle arracherait des larmes aux pierres, qu'elle est un poème divin tandis que ses détracteurs la trouvent roide, sans flamme intérieure, sans émotion, et assurent que l'intelligence sans passion n’a jamais suffi à faire que grande actrice. Consciente des divergences d'opinions qu'elle soulève, Kathryn, batailleuse, n'essaye point de se concilier les bonnes grâces de ses adversaires par une amabilité simulée : sa franchise, qui atteint presque à la brutalité, aime surprendre et indisposer, Elle adore étonner et ses excentricités n’ont pas d’autre but. Péché de jeunesse, dont on aurait tort de la blâmer : qu'’est-il de plus fugitif, en vérité, que la jeunesse? Mais peut-on attribuer à un autre motif cette ostentation à porter une « salopette » de mécanicien, un vieux chandaïl décoloré et rapiécé, à se chausser d’espadrilles et à se promener nu-tête? N'’était-ce pas pour « épater » ce journaliste naïf que, pour le recevoir, elle s'était coloré les_ ongles en vert oseille? On a raconté aussi qu'elle ne lisait son courrier qu’assise sur nn trottoir, les pieds dans le ruisseau, ce qui n’est pas tout à fait exact. Est-il juste d’ériger en habitude un geste irréfléchi? Mais il y a aussi une autre raison à ce mépris des conventions : d'une jeunesse qu'aucune autorité n’a brimée, elle a conservé des habitudes d’indépendance et elle n'accepte pas de discipline, Sa mère, qui était une femme d'opinions fort libérales. une ardente K””: HEPBURN, que son succès dans Les qua Kathryn Hepburn, dans une scène des «Quatre filles du docteur March ». féministe et une des premières à réclamer le vote des fenimes dans son état a laissé à sa fille une liberté à peu près totale, Lorsqu'elle se tourna vers le théâtre, son père ne s'opposa pas à son désir et lui fit même construire une petite scène où elle put, à loisir, satisfaire sa passion artistique, Un incident qui se place peu après qu'elle eût achevé son film de début avec John Barrymore, illustre sa nature irréfléchie, primesautière et son manque de diplomatie, Lorsqu'elle retourna à New-Vork après ce premier succès, les journalistes l’attendaient à la gare. Mais quand le train s’arrêta, ils ne trouvèrent qu’un homme affable, distingué, Ludlow Smith, le mari de la nouvelle étoile, qui les accueillit avec bonne grâce. De Kathryn, aucune trace : elle s'était éclipsée et les reporters eurent beau attendre, puis chercher, la capricieuse Hepbürn s'était enfuie par une porte latérale. A ceux qui lui demandèrent ce qui avait motivé cette fuite, Kathryn Hepburn répondit : — J'ai eu peur. La publicité m’effraie, Je ne veux pas que l'on parle de moi avant de l’avoir mérité. Attendez que le public ait consacré un succès qui n’est encore qu'un succès de studio. À ce moment-là, je vous promets de donner autant d’interviews que l’on voudra. N'était-ce pas faire preuve à la fois de modestie et de sagesse? Depuis, elle a été de triomphes en triomphes, avec Morning Glory, Christojer Strong et enfin Les quatre filles du docteur March. Car l'attitude qu'elle affiche dans la vie, n’est plus de mise lorsqu'elle travaille, Elle étudie longuement ses rôles et se préoccupe des critiques que l’on fait d’elle, alors que la plupart des actrices, satisfaites d’elles-mêmes, considèrent que le public doit partager cette opinion. Kathryn Hepbrun est trop modeste et trop ambitieuse pour se contenter de cela? N'est-ce pas là le secret de la réussite? SENOVA.