Cine Miroir (June 1934)

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‘bras. 365 HEUNESSIE Adaptation par Julien Leclère du film de Georges Lacombe, édité par les Films Epoc. Résumé du précédent numéro (1) Marie, une jeune midinette, vient de recevoir une lettre pleine de tendresse de Louis, l'homme qui l'avait abandonnée trois mois plus 164. À la suite de cet abandon, elle a voulu mourir, mais Pierre, un jeune ouvrier tvpographe l’a sauvée. IT est là près d'elle aujourd'hui, il l'aime et Marie prise entre son amour pour Louis et sa reconnaissance envers Pierre est désemparée. CHAPITRE II IÉRRE s'était aperçu que sa cigarette était éteinte. Il la jeta avec un petit ricanement et dit : — Et maintenant, pour ce soir, le mieux est que je rentre dans ma piaule, tu vas dormir, ta fameuse lettre sous ton oreiller, tu es contente... Marie se leva à son tour, posa ses deux mains sur les épaules de Pierre et dit, d'une voix qui tremblait : — Non, Pierre, je ne suis pas contente puisque je te fais de la peine ! Tout d'un coup, ses yeux se mouillèrent et brusquement tout son être se contracta et elle éclata en sanglots. Pierre, qui avait d’abord voulu se dégager d'un mouvement d'épaules, prit Marie dans ses — Pour de la peine, fit-il, tu m'en as toujours fait, alors ça ne changera pas! Ëlle protesta en sanglotant, -— Non, non, je ne t'ai pas fait de la peine ! I s’entêta et, tout en la serrant contre li, continua avec ranicune : — Si, tout de suite, tu m'as fait de la peine, comme une égoïste, Dès le premier jour, quand, après t'avoir tirée de l'eau et soignée toute la nuit, j'avais fini par me jeter dans un fauteuil et im'endorimir, tu en as profité pour te lever, t'habiller et fiche le camp sans me dire bonsoir ni merci. -— Ça valait mieux, et si tu ne t'étais pas réveillé pour me courir après, tout ça ne serait pas arrivé ! Elle s'était redressée, maintenant, et le regardait en s'essuyant les veux. _— Moi, j'ai trouvé ça pas gentil ! — Mais tu dormais, je ne voulais pas te réveiller. _— C'était bien de la délicatesse, tu en avais déjà assez de moi, voilà tout. Et pendant ce temps, moi je m'en faisais, je m'en faisais à la pensée que si je te laïssais seule, tu recommencerais peut-être à faire des bêtises. Marie se souvenait encore, en effet, du bon visage inquiet qu'il avait penché sur elle à ce moment-là ; pensant à elle, déjà, avant de penser à lui. et une chose surtout lui remuaïit encore le cœur : il lui avait fait promettre, jurer même, de ne prendre aucune décision sans le revoir, puis, comme elle avait laissé son chapeau dans la bagarre et qu'il voyait bien qu'elle était une petite personne comme il faut que cela choquerait de sortir en cheveux, même à sept heures du matin comme maïintenant, il lui avait mis un béret sur la tête en disant : — C'est celui de Jean, le copain qui vit avec moi ; il est maniaque comme une fenune et cela le fera enrager, mais ce sera une occasion de rire un peu. {D Voir Ciné-Miroir, n° 478. Pour de la peine, fit-il, tu m'en as toujours fait. Il avait posé lui-même le béret sur la tête de Marie en ajoutant : — Et voilà, vous pouvez aller, ma belle. Maintenant, dis donc (et son visage moqueur s'était fait perplexe) si ton ami t'a laissée sans le sou... si tu es fauchée, n'hésite pas à puiser dans ma bourse, j'ai de l'argent, et bien assez pour deux, je suis typographe dans un journal et je gagne très bien ma vie ! Faudrait pas avoir de scrupules avec moi ! I avait fallu que Marie se débatte et discute encore cinq bonnes minutes avec lui pour lui prouver qu'elle avait bien assez d'argent, qu'elle travaillait, elle aussi et ne manquait de rien. Elle n'était même pas seule, car elle partageait son petit appartement avec une camarade qui travaillait dans la même maison qu'elle, une brave fille qui s'appelait Gisèle. La réponse avait rassuré Pierre, mais il avait voulu la retenir encore : — Laisse-moi le temps de me raser et nous irons prendre ensemble un crème et un croissant chez le bistro. C’est alors qu'elle avait commencé à devenir brutale pour couper court à une aventure qu'elle sentait inévitable et dont elle ne voulait pas et elle s'était enfuie positivement. Il était en pyjama. Il avait voulu courir après elle dans l'escalier et, si cela n'avait pas été dans d'aussi horribles circonstances, elle n'aurait pu s'empêcher de rire, car il s'était littéralement jeté dans les bras d'une grosse dame qui montait et avait tourné deux fois avec elle pour l'empêcher de tomber, Marie avait entendu une exclamation indignée : — Non, mais monsieur, OÙ vous croyezvous ? Et en voilà une tenue ! Et Pierre, qui répondait : — Pardon, mais mon smoking est chez ma tante! Pendant ce temps-là, Marie était déjà en bas, croyant avoir échappé définitivement à Pierre ! C'est alors qu'une voix était tombée du ciel : Eh là !.. Marie, t'as oublié quelque chose T'as oublié de me donner ton adresse et un rendezvous ! Eh là ! Marie ! C'était Pierre qui s’agitait à sa fenêtre, Marie avait fait un signe vague de la main et avait tourné le coin de la rue avec un soupir de soulagement, Ce n'était pas que Pierre lui déplût. Oh! non! Il était jeune, comme elle, il était charmant et devait avoit un Cœur exquis. C'était un garçon comune cela que Marie aurait vou añmer, mais la vie choisit toujours pour nous et c'était Louis, l'ingrat, qu'elle avait dans le cœur ct ne pourrait jamais oublier, elle en était sûre, Alors, une secrète sagesse la poussait à fuir Pierre, malgré tout ce qu'il venait de faire pour elle, Le coin de la rue une fois tourné, elle s'était sentie faible. Les conseils de Pierre l'avaient en partie convaincue, elle était décidée à ne pas se laisser à aller de nouveau au désespoir, à lutter, à gagner du temps pour essayer de retrouver son Louis. — Peut-être ai-je faim ! s’était-elle dit. Et elle s'était rendue chez le premier bistro venu pour prendre quelque chose de chaud. C'était certainement le bistro où Pierre avait voulu la mener: il était grand, bien tenu et déjà plein de monde, C'est alors que, pour la première fois et sans se douter que c'était là le fameux copain de Pierre, élu dont elle portait le béret sur la tête, elle avait rencontré Jean. Ils étaient à côté l’un de l'autre ; tout en commandant, comme elle, un café crème et un croissant, Jean l'avait regardée beaucoup, mais autant Pierre, malgré son audace et son air débraillé lui avait tout de suite été sympathique, autant celui-là, petit bourgeois rondouillard, l'avait immédiatement agacée. Elle s'était brûlée la langue pour en finir plus vite et avait de nouveau disparu. Plus tard, Pierre lui avait raconté la fureur du copain quand il était rentré, et qu'il avait, lui qui était si maniaque, trouvé la chambre et la petite cuisine sans dessus dessous et Pierre dans son plus beau pyjama. — Ah ! non ! non ! tu exagères, avait-il dit, Et comme Pierre lui expliquait qu'au lieu de crier comme Ça, il devrait ôter sa casquette et s’incliner bien bas devant le garçon héroïque qu'il était, Car il avait sauvé cette nuit une vie humaine, avait répondu