Cine Miroir (July 1936)

le sympathique HENRY GARAT ! reparait ENRY GARAï est toujours le jeune premier à la mode. Depuis plusieurs années, nous l'avons vu dans les uniformes éclatants, car il apparaissait dans tous ses films comme le prince charmant : celui dont rêvent toutes les femmes. Nous l'avons revu dans La Souris bleue, sous un aspect moins foudroyant : celui d’interprète dans une agence de voyages. C'est en Allemagne, dans les studios de la U. F. À., qu’il a tourné, et les spectateurs ne pourront regarder, sans ravissement, ce hall de l'Agence Univers avec ses faux marbres, son linoléum, son faux nickel, ses faux billets de cinquante francs, étalés à profusion sur les comptoirs. L'Allemagne a la spécialité de ces décors en toc, qui sont si savoureux à l'œil. Quand on demande à Garat ce qu’il pense de la Souris bleue, il Pr : __ C'est une œuvre amusante, légère, qui se termine ien, puisqu'elle se termine par un mariage. C'est toujours avec plaisir que Garat travaille en Allemagne ; il est devenu na un vieux Berlinois, puisqu'il a tourné près de trente films dans les studios de la U. F. À. I1 tourne actuellement les Veinards, avec Lilian Harvey, et, certainement, il s’y montrera là, comme toujours, le jeune premier idéal. Si Henry Garat est arrivé à ce point de perfection, de séduction Sur le public, c'est qu'il a beaucoup travaillé. : — Ce n’est pas facile de se montrer dans tous les films naturel et sympathique. On peut posséder un talent indiscutable, a dit Henry Garat, et ne pas être sympathique. La réciproque est vraie dans une certaine mesure; seul le jeu peut la créer. On a vu des acteurs jouer des rôles de traîtres et être, néanmoins, sympathiques, tandis que les jeunes premiers, quoique représentant des personnages agréables, provoquaient un mouvement d’antipathie autour d'eux: tout cela est basé sur les moyens de l'acteur, sur son jeu. — Que doit faire l'acteur pour atteindre à la sympathie? avonsnous demandé à Henry Garat. __ Il faut, avant tout, a-t-il répondu, un jeu naturel et simple. Ii faut se défaire de certaines idées préconçues et de certaines ficelles par trop flagrantes. IL faut savoir doser ses effets. Chaque acteur est un cas particulier. — N'y at-il pas autre chose? __ Oui ! s’écrie Henry Garat, en éclatant de rire, il y a le scénario. Il est nécessaire que l'acteur sente son personnage et qu'il vive son action. On a de l’admiration pour un acteur et pour un héros de composition, mais on ne le trouve pas sympathique. Pour qu'un acteur atteigne ce but, il faut qu'on lui fasse des rôles pour lui, car le comédien ne joue d’une façon naturelle que lorsque sa personnalité s'har Henry Garat et Danielle Darrieux, dans son dernier film, « Un Mauvais garçon ». RAT CORRE Le sourire du sympathique Henry Garat. L + PEN à : # Li ; _u Henry Garat, dans un de ses premiers films tournés avec Lilian Harvey : «Rêve blond ». monise avec celle de son personnage. Il faut s’en tenir intensément à son rôle pour faire une création à succès. Il est donc nécessaire d'utiliser toutes les possibilités de l'acteur, de lui fournir les moyens de se donner tout entier, sans résistance et sans réserve. Tout cela est fort intelligent et prouve que Henry Garat connaît à fond son art. Il doit beaucoup au music-hall et il l'avoue : _ C’est la meilleure école du comédien, déclaret-il, cela a été prouvé maintes fois. Lorsqu'on a paru sur une grande scène comme celle du Moulin-Rouge ou du Casino de Paris, on peut tout tenter sans craindre l'échec. L'objectif, après tout, n'est pas plus terrible que le public du théâtre, le tout est de n'avoir pas le trac. Cela veut dire que Henry Garat a eu quelquefois le trac: mais c'est passé maintenant. Il a compris le public. Dès qu'il apparaît sur l'écran, les spectateurs ont envie de crier : — Il est charmant ! Et c’est la vérité. CLAUDE BERNIER.