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A HOLLYWOOD
De
| Car Cooper.
e laclurne
’EXTRAVAGANT M. Decds se prélassait sur une chaise longue au bord de sa piscine, émiettant une miche de pain et
lançant les morceaux dans l’eau immobile : une nuée de poissons voraces vinrent, tout frétillants, se les disputer.
— Vous aimez nager ?
— Pas dans une piscine, répliqua Gary d’une voix nonchalante. Cela effraierait mes poissons : c'est leur domaine.
— Dans la mer, peut-être ?
11 haussa les épaules.
— S'il n’y avait pas de marée. Mais ce satané Océan n’est jamais où il devrait être à l'heure où j'ai envie de me baigner.
Chacun sait que Gary Cooper n'est pas bavard de nature, ce qui ne rend pas les interviews toujours faciles. 11 devait être dans un de ses mauvais jours !
— Vous aimez sans doute le golf ? risquai-je.
— Pas du tout, fit-il d’une voix caverneuse. Depuis le jour où j'ai reçu une balle dans les mollets, je me suis bien juré de ne plus jamais me risquer sur le terrain : il y a tant de maladroits dans ce monde.
— Et le tennis ?
— Pas davantage, c’est trop fatigant.
Un nouveau silence tomba sur nous, que je n’osai plus rompre. Dans le ciel embrasé par le couchant, les hirondelles criaient en pourchassant d’invisibles moustiques.
— Vous aimez le silence ?…
Cette fois, le coup avait porté. Gary Cooper éclata de rire.
— En somme, constata-t-il, jovial, vous tenez absolument à me faire dire ce que j'aime ? Comme si vous ne le saviez pas ! Ne pourriez-vous trouver une autre victime ? Avez-vous jamais additionné le nombre de fois que vous êtes venue me tourmenter ? Savez-vous que j'ai bien envie de vous révéler que j'adore la choucroute, l'ail — ce qui n’est guère poétique pour le grand amoureux de l’écran — que je préfère les pousses de bambou aux pointes d’asperges et que mon plus grand délassement est de jouer aux jonchets.. Ne protestez pas : je sais que vous n’accepterez que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Alors, aiguisez votre crayon, ef remplissez votre stylo : j'aime le cinéma, j'aime monter à cheval, et, enfin, j'aime chasser le gros gibier — de préférence en Afrique. Etes-vous satis
M,
Gary Cooper et Marlène Dietrich, dans une scène de « Désir ».
faite ? Non, naturellement. Qu'est-ce qui peut satisfaire un reporter ?
— Le moindre scandale... fis-je sur le même ton persifieur.
— Oh! ça, j'en suis certain, soupira le beau Gary en levant vers un ciel céruléen un regard de détresse. Je Suis vraiment confus de vous désappointer. Mais figurez-vous que j'aime ma femme, et qu'il n’est pas encore question de divorcer pour sauvegarder l'intégrité de notre amour! Vous aurez beau chercher, vous ne découvrirez pas le moindre caprice. Les plus jolies de mes partenaires, qu’elles aient nom Marlène Dietrich, Miriam Hopkins, Carole Lombard, ou cette délicieuse Joan Arthur, qui donna son cœur à l’extravagant M. Deeds, n’ont réussi à me détourner de mes devoirs conjugaux. Comment allez-vous faire ?
— Je me passerai du scandale, fis-je résignée, Voilà tout.
Avec un soupir de regret, je pensai à l’heureux temps où les amours, les disputes, les ruptures et les réconGiliations de Gary et de Lupe Velez défrayaient continuellement la chronique d'Hollywood ; l'heureux temps où Clara Bow, alors reine du sex-appeal, s’annexait sans autres façons le cœur de l’infidèle : où Gary, le célibataire le plus convoité de toutes, ne pouvait se montrer en public en compagnie d'une femme sans que les plus folles rumeurs ne courussent sur son compte. Mariages annoncés, mariages démentis : heureux temps, en vérité ! Maintenant, c’est lui qui est heureux, et, avec une femme aussi séduisante que Sandra Shaw, comment ne le serait-il pas ? Je me levai.
— N’en inventez pas un... un scandale ! me ctia-t-il en manière d’adien,
GENOVA.
Paulette Goddard se montre une délicieuse partenaire, aux côtés de Charlot, dans « Les Temps modernes ».
PR …
a mystérieuse
D ette (oddar
PRÈS l'avoir vue dans Les Temps
À modernes, peut-on encore dire de Paulette Goddard qu'elle est mys
lérieuse? Du mystère? On en trouve dans ses veux d'un brun si clair qu’il y passe par moment des reflets verts; dans ses yeux qui savent, tour à tour, être rieurs, tendres, pathétiques. Mystère que dément tout aussitôt la physionomie ardente, vivante, d'une vie qui ne laisse pas de blace à l’ombre. Visage ensoleillé, gestes vifs, démarche dansante, dynamisme, intelligence, compréhension. Est-ce du mystère, tout cela? Et, cependant, que sait-on d'elle? Aucune biographie ne nous a livré sa jeune existence. On sait qu'un mariage contracté à Chicago, à l'insu de sa famille, avec un riche marchand de bois, se termina presque aussitôt par un divorce. On sait qu'elle vint à Hollywood avec la volonté bien arrêtée de ne rien devoir à personne qu'à elle-même ; qu’elle figura dans Kid d'Espagne, et que c’est là que Charlot la remarqua en train de déguster un cornet de glace à la vanille et que, sur-le-champ, il l’engagea pour être l'héroïne de son film.
Paulette Goddard n'a pas besoin de s'enfermer, à l'instar de Garbo, derrière les hauts murs d'une villa inaccessible pour se dérober aux interviews : elle sait parfaitement, en donnant l'impression de « tout dire », ne rien livrer d'elle-même, et nul ne sait encore si elle est réellement la femme de Chaplin ou simplement sa fiancée.
Ce qui est certain, c’est que, seule parmi toutes les femmes qui traversèrent la vie du génial comédien, elle a su le comprendre, se plier à son humeur fantasque, inégale, et le guérir d’une neurasthénie latente. D'elle, Chaplin a dit :
— Elle a plus fait pour moi que tous et toutes. J'ai souvent l'impression que Paulette doit me ressembler comme une sœur ; sinon, elle ne me comprendrait pas si bien. Elle a changé pour moi le monde...
On le croit facilement en voyant la fin des Temps modernes. Pour la première fois depuis que Charlot est Charlot, il a renoncé à sa déchirante solitude.
Le grand errant, le vagabond de l'écran, de la vie, serait-il arrivé au port ? SUNLIGHT.