Ciné-journal (Aug - Dec 1909)

11 mandèrent pour le lendemain une seconde séance. « Bientôt, on annonça à l'ouverture, à la Faculté de Médecine, d'un cours de technique opératoire avec projections cinématographiques et plusieurs personnes appartenant ou non au corps médical revendiquèrent la priorité de la cinématographie en chirurgie, dont ils affirmèrent « avoir eu l'idée » bien antérieurement. « Or, il se trouve qu'à ce jour, plus d'un an après ma première démonstration, faite en juillet 1898, à l'Université d'Edimbourg, et dont on n'a pas contesté la priorité, aucune de ces personnes n'a ju montrer une série satisfaisante de pellicules cinématographiques , représentant, comme les miennes, dans tous leurs détails, des opérations faites sur le vivant. « La question est donc jugée. « Depuis le 'Congrès d'Edimbourg, ma collection de pellicules s'est enrichie d'opérations nouvelles, et ces pellicules seront éditées, dans quelques mois, pour les établissements d'enseignement qui i u feront la demande. « A chaque pellicule sera annexée la description du cas pathologique, de l'opération et de ses suites. « Les chirurgiens qui voudront reproduire au cinématographe leurs opérations et adopter cette nouvelle méthode d'enseignement, nous trouveront prêts à leur donner tous les éclaircissements nécessaires. Notre expérience leur évitera bien des mécomptes. « Les élèves des pays les plus éloignés pourront ainsi d'ici peu, grâce au cinématographe, se familiariser avec la pratique des principaux maîtres. « Ils pourront comparer sur l'écran les procédés concurrents et apprécier plus exactement les progrès accomplis. « La cinématographie chirurgicale présente un autre intérêt : les pellicules, qui peuvent être conservées très longtemps, possèdent une valeur documen taire indéniable et serviront désormais h l'histoire de la chirurgie. « Quenous reste-t-il de Maisonneuve, de Langenbech, de Billroth ou de Péan dont le souvenir est cepndant si proche ? « Combien il nous serait précieux de pouvoir assister, sur l'écran du cinématographe, à ces opérations néroïques qui se pratiquaient en quelques instants, sans anesthésie, sur les champs de Bataille d'autrefois, et de quel poignant intérêt seraient à, nos yeux ces scènes vécues, reproduisant le courage stoïque du patient et la virtuosité de l'opérateur ! « Les progrès de la chirurgie sont tellement rapides, que se qui est bien aujourd'hui sera surpassé demain. « Les documents que nous laisserons désormais, grâce au cinématographe, permettront aux chirurgiens futurs de mieux juger les progrès accomplis. « Un dernier résultat, le plus inattendu, peut-être, de l'application du cinématographe à la reproduction des opérations chirurgicales, est le bénéfice que peut en retirer chaque chirurgien. « Lorsque j'ai vu, pour la première fois, se dérouler sur l'écran du cinématographe une de mes opérations, j'ai constaté combien je m'ignorais moimême. « Bien des détails de technique que je croyais jusqu'alors satisfaisants, m'ont paru défectueux. J'ai corrigé, j'ai amélioré, j'ai simplifié ce qui devait l'être ; de telle sorte que le cinématographe m'a permis de perfectionner considérablement ma technique opératoire. « Les conférences cinématographiques doivent se faire de la manière suivante : « 1° Le professeur, après avoir exposé succinctement l'opération, décrit, d'après des dessins et des photographies, projetés sur l'écran avec la lanterne ordinaire, les principaux instruments qui seront employés ; « 2° Chaque temps de l'opération est exposé en détail avec l'aide de projections fixes, représentant soit des dessins