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2« Année. — N° 67
30 Novembre-5 Décembre 1909.
Ciné=Journaî
Organe Hebdomadaire de l'Industrie Cinématographique Directeur : G. DUREAU
flBOtinEMEHTS :
PRANCE
Un an 10 fr.
ÉTRANGER
Un an. .... 12 fr.
Le Numéro : 25 cent. Paraît tous les Jeudis
Rédaction & Administration 30. Rue Bergère
PARIS
TÉLÉPHONE -161-5A
Allume ! Allume !
Tout le monde sait que le citoyen Pataud, qui règne par droit d'énergie et d'astuce sur les électriciens de Paris, est en état de guerre perpétuelle contre le patronat — individuel, municipal ou étatiste. De temps en temps, à l'heure qu'il juge convenable à ses desseins pratiques, le grand ordonnateur des ampoules, s'écrie: « Que la lumière ne soit plus! » Et, comme s'il était le ministre du Travail lui-même, les lumières s'éteignent au ciel de la grande ville, sur les boulevards, dans les hôtels les plus fastueux ou tout simplement aux frises de l'Opéra. Le citoyen Pataud est, au surplus, un metteur en scène digne de nos meilleurs fabricants de films. Il a le sens de l'à-propos. C'est ainsi qu'il ne travaille jamais avec autant d'élégance que lorsqu'un roi de Portugal le regarde. La présence d'un souverain lui donne des talons rouges et lui permet de se procurer un autographe de M. Broussan, directeur de notre Académie nationale de musique... dont Pataud conduit le bal. Il excelle dans la pièce à trucs, personne n'ayant encore pu savoir, même pas M. M^'liès. rnmmont il faisaii du bout de sa canne, la lumière et la nuit, selon son gré.
Mais toutes ces qualités font du ci
toyen Pataud un génie redoutable. Les hommes sont ingrats et peu apprécient ses mérites. J'ai ouï dire que les marchands de spectacles cinématographiques le goûtent mal, car ils n'admettront jamais que les ampères et les volts échappent au contrôle de leurs opérateurs. L'obscurité soudaine que provoque Pataud ne convient pas, en effet, à la projection. Il faut rembourser le public venu pour voir quelque chose, et cela ne fait pas les affaires.
Par contre, le citoyen Pataud fait les délices des mortels heureux qui ne sont pas branchés sur le secteur. Ceux-là se moquent de ses fantaisies. Ils sont hors d'atteinte de ses coups. Confiants dans leurs bons groupes électrogènes, qui leur distribuent une lumière certaine, ils regardent l'écran sans amertume et peuvent encaisser la recette du soir avec tranquillité. Il y a un responsable. Les défaillances de la lumière n'échappent pas à sa connaissance, tandis que les fautes du secteur restent toujours anonymes: elle se perdent dans les égouts.
Quant aux marchands de groupes, ils chérissent Pataud comme un fils. N'estil pas, en effet, leur meilleur agent? Je ne sais pas quelles étrennes ils lui réservent cette année; mais je voudrais qu'elles fussent royales, si le mot ne choque pas les oreilles du grand camarade syndiqué.
Qui veut des groupes électrogènes?
G. DUREAU.