Ciné-journal (Aug - Dec 1909)

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12 des meilleurs et des plus personnels parmi nos critiques théâtraux, — Francisque Saroey — était traîné devant le Tribunal correctionnel de la Seine, en compagnie de Guéroult, gérant de VOpinion nationale, par Mlle Pauline de Mellin, de l'Odéon, et se voyait impitoyablement condamné (26 février 1863) en 200 francs d'amende, 1,000 francs de dommages-intérêts et la double insertion du jugement et d'une réponse de Mlle de Mellin au feuilleton: « Attendu, déclaraient sévèrement les juges, que, dans aucun cas, il n'est permis d'attaquer le caractère du personnage dont les œuvres sont critiquées et que, si l'on se borne à la censure du talent, il est encore interdit de le faire dans une intention de dénigrement injuste ou d'exagération malveillante; — Que toute allégation publiée contrairement à ces règles porte à la considération morale ou professionnelle une atteinte qui caractérise le délit de diffamation... » Quels principes extraire de ces diverses décisions? Il nous faut mettre à part, tout d'abord, la seconde, — l'arrêt de la Cour d'Aix, — où il s'agit moins de critique que de reportage. Un directeur de journal doit vérifier l'exactitude des informations qu'il donne, avec d'autant plus de soin qu'elles lui apparaissent comme pouvant nuire à un tiers. S'il accepte à la légère une insertion erronée, il commet une faute. Il en doit réparation, conformément au droit commun. Nous possédons là un élément solide de décision: la vérité ou la fausseté de l'information. Il n'en est pas de même pour la critique proprement dite. Y a-t-il, en matière de critique, une vérité absolue? Toute personnalité artistique ou littéraire, tout homme public ne trouve-t-il pas, pêle-mêle, des détracteurs et des louangeurs, les uns et les autres de bonne foi? La vérité d'un jour est l'erreur du lendemain. Telle œuvre, lamentablement tombée a son début, monte plus tard aux nues. Telle autre, qui réussit, glisse à l'obscurité. Quel sera le critérium des juges? Là, comme en toute matière juridique, il convient de remonter aux principes. Tout d'abord le juge ne se substituera pas au critique pour apprécier le bien ou mal fondé de son opinion. Ce n'est pas son rôle. Il ne possède, pas plus que le journaliste, l'infaillibilité. Si, en matière de reportage, il peut reconnaître vraie ou fausse une information, une pareille décision est impossible ici. Il y a des critiques bienveillantes et des critiques acerbes; il y a des critiques anodines et des critiques qui nuisent: il n'y a pas de critique proprement erronée. Pour demeurer sur le terrain solide du droit et savoir si le journaliste a, ou non, commis un abus, il faut analyser ce qu'est juridiquement la critique. Par là même, nous en connaîtrons les limites. L'origine en doit être cherchée dans un contrat tacite entre l'artiste ou l'écrivain et le public. Lorsqu'on donne une œuvre au public, c'est son opinion qu'on sollicite, son suffrage qu'on veut avoir. S'il le refuse ou s'il le manifeste à rebours, — oralement ou par écrit, — il ne sort point des limites du contrat. Il en sortira, — ou les critiques, ses porte-parole, en sortiront, — le jour où ils passeront les frontières restreintes de ce contrat, c'est-à-dire l'œuvre même à laquelle il s'applique, le jour où ils franchiront le mur de la vie privée ou tâcheront à nuire aux intérêts matériels du critiqué, ce qui est encore un moyen de pénétrer dans sa vie privée. L'on admettra encore l'ingérence du journal dans une gestion commerciale, comme pour le directeur du théâtre d'Avignon. Mais, fût-ce dans l'intérêt supérieur de l'art (ce qui serait, étant donnée la relativité de toute critique, une échappatoire trop commode), il sera interdit, comme dans l'affaire Alvarez, de critiquer les conditions trop brillantes d'un engagement, tout aussi bien qu'un chroniqueur littérairp ne saurait, sans commettre une faute, en « bêchant » un livre, discuter les conditions du traité passé entre l'auteur et l'éditeur. Il faut dire, à la louange de la presse, qu'elle outrepasse rarement ces limites et, si parfois elle le fait, c'est peut-être un peu la faute des critiqués, si avides