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DANS LE CAMP
DES
ARTISTES LYRIQUES
M. Mayol, devenu directeur de concert, n'oublie pas ses anciens camarades « artistes ». II leur a offert spontanément sa. salle en se chargeant de tous les frais, pour leur permettre tre de tenir, cette semaine, un meeting important.
Sitôt la représentation terminée, vers minuit 15, la réunion a commencé. M. Anthonus, secrétaire général du syndicat, remercie comme il convient le « camarade » Mayol, à qui la salle entière fait une ovation et qu'elle acclame président d'honneur.
Un certain nombre de lettres d'excuses sont lues ensuite. Tous les artistes qui les ont écrites, connus ou inconnus, s'associent à la manifestation. Quelques-uns même, et non des moindres, proposent soit une grève partielle, soit une grève générale au moment des fêtes d; Noël et du nouvel an. « Nous travaillons, a écrit M. Polin, il faut nous faire payer. » M. Fragson a écrit de Londres que ses camarades devraient < faire grève » en cette période propice de l'année. Mme Odette Aubert se déclare prête à se joindre au mouvement. Et cette affirmation féminine est naturellement accueillie par des applaudissements enthousiastes. Les revendications des artistes sont de deux sortes. Il demandent le payement des matinées et l'adoption par les directeurs d'un « contrattype » établi par l'Union syndicale.
Les engagements imposés actuellement par la plupart des directeurs sont à leur gré d'une excessive dureté. M. Anthonus essaye de le prouver en en lisant quelques articles.
Ce sont surtout les clauses exigées par le directeur de l'Lldorado de Beausoleil et du Casino de Nice. M, Morlsy, qui servent de cible aux artistes syndiqués. Suivant ce contrat, les représentations en matinée de la semaine sont toujours gratuites; le directeur peut contraindre ses artistes à aller dans les autres établissements qu'il lui plaît ; il se réserve le dioil de <. faire reposer » à son gré" le mal heureux chanteur.
D'autres engagements prévoienl l'obligation pour l'artiste - d'aller chez le photographe d'amende -, de verset 1 li 50 pat mois pour la bibliothèque, « '|ue l'artiste chante ou non ». Si le pauvre artiste <ési en voyé par son directeur dans une autre ville, quatre journées de délai « non payées » sont prévues pour son début sur la nouvelle scène.
Ailleurs, celui qui gagne 200 francs par mois est tenu de verser 3 francs pourle voiffeur de l'établissement. Dans le cas où, par suite de retard dans la livraison des bagages, le chanteur ne peut débuter au jour dit, son directeur peut lui demander des dommages-intérêts, les uns 500 francs, d'autres 1.000 francs, d'autres même 3.000 francs. Il faut ajouter à tout cela les amendes, pour tout et pour rien. Mais les articles qui ont particulièrement indigné les artistes lyriques, ce sont ceux qui prévoient la résiliation de l'engagement. Un artiste est engagé en province, il arrive au jour dit, il débute; dès le lendemain, s'il ne plaît pas au public, ou bien si le directeur juge son talent insuffisant, il peut aussitôt casser le contrat. La direction d'un concert italien se réserve même le droit de casser l'engagement « dix jours avant le début ». Un article spécial prévoit en outre que l'artiste ne pourra, en cas de résiliation de contrat, chanter avant un délai d'un an dans un autre établissement d: h même ville.
Pour mettre un terme à ces < abus », l'Ur.ion syndicale a élaboré un » contrattype » dont M. Anthonus a donné lecture hier. D'après ce contrat, les engagements seraient rés liables de part et d'autre à la condition de prévenir dix jours à l'avance. Les répétitions en dehors d'un engagement régulier seraient payées 5 francs: une somme double pour les répétitions de nuit. Un repos de répétition par semaine serait accordé; enfin toutes les matinées seraient payées aux artistes. ♦■
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