Cine-Journal (Jan - Feb 1912)

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mesure il est légitime, de leur point de vue, s'entend, et qui trouvent toujours de bonnes raisons de s'insurger contre la joie du pauvre monde. « Le peuple se plaint de la vie chère I et les cinématographes ne désemplissent pas. » Que de fois n'avons-nous pas lu ou entendu cette phrase à la Joseph Prudhcmme? Est-ce donc qu'en voudrait faire aux humbles un crime de leurs maigres plaisirs? Hélas, du reste, les quelques sous qu'ils épargneraient en se privant de leur cinéma hebdomadaire ne gonfleraient pas considérablement leur bourse et ajouteraient bien peu de chose au pain sec des nombreuses nichées. Du reste, la morale est-elle bien dans son rôle en prononçant un pareil reproche à l'adresse de la foule? Un bien joli bers du doux Ccppée me revient en mémoire à ce propos: L'inutile, ici bas, c'est le plus nécessaire et c'est là un paradoxe éternellement vrai — il n'est pas seul d'ailleurs — et vrai, non seulement pour le riche, qui vit de mille petites choses dont théoriquement il pourrait fort bien se passer et qui, en réalité, lui sont devenues parfaitement indispensables; mais aussi peur le pauvre, qui a, tout comme le riche, mais dans une autre mesure, à satisfaire d'autres aspirations que les besoins quotidiens de manger, de boire et de dormir. Désirer que le peuple mange à sa faim, part certainement d'un bon naturel, mais il est d'une outrecuidance bourgeoise et d'un égoïsme révoltant de vouloir fixer à la satisfaction de ses instincts vitaux le maximum abselu de ses jouissances! L'inutile qui fait la vie riante est tout aussi nécessaire à tous les hommes que le pain qui l'assure, car sans cet inutile, elle ne vaudrait pas les efforts que leur coûte sa conservation. Mille fois non! la joie n'est pas un luxe, mais une nécessité et un soulagement, et cette joie, que son foyer besogneux et monotone ne saurait lui procurer, le peuple la trouve toute préparée, toute distillée, en doses modérées et inoffensives... au cinématographe! En voudra-t-on alors au spectacle nouveau d'éloigner la famille du foyer? Pour en avoir le droit, il faudrait d'abord prouver que c'est le spectacle qui attire, et non pas le foyer luimême qui chasse ses habitants. Certes, les moralistes ont peut-être, où auraient en tout cas grand tert de délaisser la tiédeur tentante des grands appartements, — car la morale et la censure sont en général bien logées, — pour aller s'enfermer dans les cinémas populaires; mais ils ne doivent pas oublier qu'il n'en est pas de même du pauvre! La mansarde est froide en hiver et brûlante en été. Bien heuîeux qui peut la fuir. Supprimons ses spectacles, le peuple n'en restera pas chez lui pour autant. Ce n'est pas le foyer qui a été détrôné par l'avènement du minématographe; mais, — résultat bien inattendu peut-être, — le mastroquet de tout ordre, depuis le zinc obscur jusqu'au chantant le plus tapageur! Et n'allez pas croire que ceci est une affirmation à l'aveuglette, car ici, en Allemagne, à Berlin même, les syndicats de limonadiers se sont émus sérieusement de la concurrence. La situation est donc bien claire: l'institution en péril n'est pas le foyer, mais l'auberge; et entre le beuglant et le cinéma... prions messieurs les moralistes de se prononcer! Quoi qu'il en soit, la grande vague montne.lle qu'est le progrès du cinématographe semble avoir aujourd'hui pris un tel élan que rien n'est susceptible de l'arrêter. C'est un lieu commun que dire de nos jours Matériel pour Cinémas et Concerts téléphone PARDON et C", 7 à 19, Boulevard St>Jacques, PARIS adresse FAUTEUILS E N TOUS GENRES DE CINEMAS m ■§■' SUR DEMANDE ENVOI ERANCO de Devis et Renseign