Cine-Journal (Jan - July 1909)

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difficultés qui se rattachent à la prise de vues dans des conditions sortant incontestablement de l'ordinaire. Il faut au « Chasseur de Films » dans la brousse ou dans le désert, dans les gorges siu ?.ges et abruptes ou dans la forêt vierge, plus que du courage et du sang-froid: il lui faut un sentiment d'abnégation absolu et une présence d'esprit à l'épreuve de tout. L explorateur ordinaire doit s'attendre à entrer en lutte avec les intempéries, contre les maladies, avec les fauves, avec les obstacles naturels dont sa route est hérissée. Mais il peut les combattre, il peut, dans une certaine mesure, les éviter, les circonvenir, bref, employer toutes les armes et tous les moyens à sa disposition pour réduire au strict minimum les risques à courir. Il en est autrement de l'explorateui doublé d'un opérateur cinématographique ou, si l'on préfère, de l'opérateur doublé d'un explorateur, ce qui est plus juste au fond. Celui-ci n'a pas le choix des moyens. Au lieu de fuir le danger, il lui faut le souhaiter, le désirer, aller au devant de lui, le provoquer même, et s'exposer à tous les risques et à tous les dangers, dans le seul but de rapporter une ample moisson de films utilement impressionnés. Il ne s'agit pas de prendre au hasard des vues quelconques, pourvu qu'elles soient du crû. Il faut saisir sur le vif les scènes les plus palpitantes, les plus dramatiques, l'agonie du lion comme les derniers soubresauts de la panthère, après avoir enregistré toutes les phases d'une chasse émouvante et souvent tragique. Et pour cela, il ne s'agit pas de fuir le danger, il s'agit de s'en rapprocher le plus possible afin de ne perdre aucun incident de la tragédie ou du drame. Il ne faut pas un seul instant perdre !-a sûreté de coup d'oeil, il ne faut pas que la main tremble, mais il ne faut pas perdre de vue non plus sa propre sécurité. Et ce ne sont pas toujours les fauves que l'on chasse et que l'on tue, que l'on immole sur l'autel du dieu Cinéma, comme un sacrifice agréable à l'écran, qui sont le plus à redouter; il y a aussi les peuplades sauvages, guerrières et farouches, qui guettent l'opérateur-explorateur sur son passage et lui font, de concert avec les fièvres pernicieuses et mortelles, avec la maladie du sommeil ou les insectes venimeux, une guerre à outrance, une guerre de tous les instants, la nuit et le jour. On m'objectera que ce qui a été fourni jusqu'ici au public en fait de chasses aux fauves et de scènes dramatiques ?e déroulant dans les pays exotiques, n'était que des scènes truquées, préparées, — en un mot, pour employer une expression triviale, du chiqué. C'est indéniablement vrai et j'en conviens volontiers. Mais c'est justement pour cela que mon article a sa raison d'être 11 doit signaler, de bonne source, ce qui s'est fait en ces derniers temps, ce qui est en train de se faire et ce qui se fera encore, quoique les résultats n'en soient connus qu'avec le temps. Malgré tous les périls et les difficultés avec lesquels ils ont à lutter, malgré les risques et les déboires possibles, résultant de la difficulté grande qu'il y a de développer dans" la brousse des films impressionnés, en raison du manque d'eau et de l'impureté du peu d'eau dont parfois on dispose; malgré les inconvénients provenant de la chaleur intense qui règne jour et nuit dans les régions tropicales et qui rend difficile et aléatoire la conservation prolongée des films vierges, comme des films impressionnés que l'on ne peut que rarement expédier, au fur et à mesure, faute de communications et de moyens de transport réguliers et sûrs, malgré tout cela, il ne manque pas d'audacieux et intrépides pionniers du progrès cinématographique pour affronter de gaîté de cœur tous les périls, à seule fin de recueillir pour l'écran ce que béatement et placidement un public intéressé et pénétré d'une parfaite quiétude verra défiler sous ses yeux, sans se donter peut-être, sans réfléchir certainement à tout le courage, à toute la hardiesse qu'il a fallu déployer pour arriver à cela, à toutes les peines, à toutes les sueurs, à toutes les privations qui se rattachent à ce film qui se déroule rapidement et anonymement devant lui. ( A suivre. )