Cine-Journal (May - Aug 1910)

The Japanese Film d'Art Les Etablissements Pathé frères ont juré de nous étonner et le vocabulaire des termes élogieux va bientôt devenir insuffisant pour qualifier les merveilles qu'ils nous présentent avec une régularité quasi mathématique. Cette semaine, ils ont trouvé moyen d'offrir aux exploitants quelque chose qu'ils n'avaient encore jamais vu, de complètement inédit -, et, à une époque de surproduction aussi intensive, cette nouveauté constitue déjà un rare mérite. Il s'agit de la première manifestation de The Japanese Film d'Art une nouvelle marque dont le coup d'essai est un coup de maître. La Maison Pathé Frères poursuivant sa belle œuvre de décentralisation artistique devait nous faire connaître l'art japonais après nous avoir fait admirer l'art italien, russe, etc. Mais qu'allait donner cet art si particulier, si spécial, en passant par l'objectif du cinéma. Il fallait une belle audace pour se déterminer à le tenter. Le succès a répondu à l'effort et nous y applaudissons de grand cœur car ce nous est toujours une joie que de voir le cinéma faire de nouvelles conquêtes et s'assurer ainsi la fidélité de son public. Le Châtiment du Samouraï, tel est le titre du magnifique drame que The Japanese Film d'Art a mis en scène et que les Etablissements Pathé Fi'eres viennent d'éditer. On a devant ce chef-d'œuvre la vision très nette de ce coin d'Extrême-Orient qui a étonné notre vieux monde. On a la sensation d'estampes japonaises s'animant devant nos yeux émerveillés et les attitudes parfois bizarres qu'avait saisies au vol le crayon de l'artiste, s'expliquent, se comprennent et passionnent grâce à ce mirage génial du cinématographe. Il faut dire que les interprêtes du Châtiment du Samouraï sont les premiers artistes du Japon, MM. Udagawa et Kawamoura, du Théâtre impérial de Tokio, qu'ils jouent dans des décors indigènes et que le moindre bibelot, le plus futile accessoire, sont dûs à la main-d'œuvre japonaise. On est tout surpris lorsqu'on a eu la bonne fortune de voir ce film, d'avoir ressenti des émotions d'une puissance considérable et d'avoir vibré avec autant de force devant les souffrances et les passions de ces petits hommes jaunes si différents de nous par leur apparence chétive. C'est qu'en vérité la douleur et l'amour ne connaissent ni frontières, ni races, et qu'au dessus de toutes nos divisions, nos rivalités, nos haines, il y a quelque chose à la clarté de quoi devront bien se dissiper un jour toutes ces brumes, l'âme humaine. Georges Fagot. Cie G" lie PHONOGRAPHES, CINEMATOGRAPHES S APPAREILS DE PRECISION au Capital de 5.000,000 de ANCIENS ETABL SSEMENTS PATHE Frères Bureaux & Magasins de Vente : 14, Rue Favart, Paris Teley. 315-89 Location & Vente de Films & Appareils PATHÉ Frères Envol du Catalane Illustré mr Icnande