Ciné-journal (1926)

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2 tout à fait un sport, était spécifiquement mondain. Ce ne serait pas une raison pour le proscrire à l’écran, lui et ses plus illustres pratiquants. Que de films avons-nous vus, hélas, où, sans grande utilité pour l’action, d’agréables jeunes filles courtvêtues échangeaient des balles sans résultat avec de frais éphèbes, non loin de la villa où le drame ou la comédie s’accompliront tout à l’heure. La partie de tennis n’a guère plus d’importance dans le développement de l’intrigue que la tasse de thé et le dancing. Elle est prétexte. Elle forme tableau dans l’ensemble et le public semble déjà l’avoir assez vue. Qu’on utilise le merveilleux talent de Suzanne Lenglen au cours d’un de ces épisodes! Fort bien. La publicité, reine des spectacles, y trouvera ses droits et ses avantages et tous les directeurs seront heureux de pouvoir mettre à l’affiche, en un fromage aguichant, le nom de la triomphatrice, la même, Mesdames et Messieurs, qui joua avec les rois d’Espagne, de Belgique et d’Angleterre... A cela, rien que de très naturel. La présence de Suzanne donnera à la partie généralement fastidieuse et « chiquée » un caractère de vérité bien propre à en rehausser l’agrément. Mais de là, à faire de cette grande spécialiste une étoile nouvelle de nos écrans, j’imagine qu’il y a simplement exagération et, peut-être même, la marge d’une grossière erreur. Nous avons des précédents qui ne sont pas faits pour accroître notre enthousiasme. Tel boxeur, fameux en son temps et qui porta, poussé par une ridicule publicité, les couleurs nationales sur les rings américains, caressa, lui aussi, l’espoir de s’inscrire parmi nos vedettes les plus glorieuses. Hélas! Son direct ne cassa rien et l’insuffisance de son jeu s’aviva aussi grande que sa beauté plastique était incontestable. D’autres gloires du sport pugilistique s’envolèrent aussi en fumée dès que des impressarios trop empressés les offrirent à l’écran... en dehors de leur raison propre. Les genres souffrent toujours d’être confondus. Dempsey — pour ne citer que celui-là — est un boxeur de haute classe. Ce n’est point le rabaisser que de dire: « Il n’est pas une étoile de cinéma. » La qualité de star ne s’acquiert point dans une spécialité simplement sportive. Elle se mesure à des dons soutenus par une longue expérience du studio. Il faut, pour réussir et briller au premier plan, d’abord un physique d’un ordre tel qu’il soit « photogénique )). Le mot n’a pas grand sens en lui-même et bien malin serait celui qui nous le définirait justement. Toutefois le public et les professionnels savent très bien qu’entre deux artistes d’un égal talent il y en a toujours un qui donne à la photographie animée une impression bien meilleure que l’autre... et cela pour des raisons qui échappent bien souvent à l’observation critique. La vedette sera donc, si vous voulez, photogénique: c’est là sa première vertu. Elle sera, ensuite, naturelle, aisée en ses gestes et, quelle que soit la fonction que son rôle lui impose, ne devra jamais suggérer l’idée qu’elle l’accomplit pour la première fois. Est-elle à cheval? Il faut qu’elle soit écuyère. Danse-t-elle le charleston? C’est une reine du charleston. La voici princesse dans une cour plus ou moins danubienne. A-t-elle le port majestueux qui ne se trouve qu’à l’ombre des trônes. Petite bouquetière des faubourgs? Nous la voulons née à Belleville. La vedette, enfin, doit être sensible et intelligente à la fois. Les deux choses ne vont pas toujours de compagnie. Que voulez-vous? On n’est pas parfait. Le metteur en scène est là, heureusement, qui corrige la nature et, par une autorité nécessaire, obtient de son « sujet » tous les effets dont il a besoin. Ses suggestions sont des ordres qui doivent être obéis; faute de quoi, le film ne va pas. Suzanne Lenglen qui a, sans doute, toutes ou presque toutes ces qualités fera sagement d’apprendre, par surcroît, son métier qui n’est point aisé. Elle sait qu’elle n’est devenue une star du tennis qu’au prix d’efforts continus et douloureux. On ne naît pas étoile, chez nous non plus. Georges DUREAU. Les Films français présentés en Juillet 1926 Michel Slrogojf. Pathé Consortium Le Dindon. Aubert.