Cine-Journal (1926)

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2 En attendant, l’entrepreneur des Pompes Funèbres déclare que la caisse est bien celle que M. Power lui a remise et l’on sait qu’elle ne vient pas de Bergen. La police enquête. Le public londonien s’indigne, et ce n’est partout qu’un cri de réprobation et d’indignation dans tous les comtés d’Angleterre, où la mémoire de Lord Kitchener est profondément vénérée. Au surplus, les autorités britanniques ont interdit la projection sur l’écran du film « pris en Norvège » et représentant la prétendue découverte de la tombe du grand soldat, puis l’exhumation et enfin les funérailles auxquelles assistèrent, déclare-t-on — un grand nombre de figurants. Ainsi que vous pouvez vous en rendre compte, la mystification est de forte taille, et, pour être anglaise, n’en est pas moins « kolossale ». On nous assure que M. Frank Power, reporter jusqu’à ce jour inconnu (au moins en France) est un collaborateur du <( Referee », journal hebdomadaire, et — ne souriez pas — auteur du scénario d’un film qui, comme par hasard, s’appelle « La 1 ragédie du Hampshire ». Certaines informations nous le présentent comme un intime de M. William Foster, directeur bien connu d’une Société cinématographique. Mais ce sont là des bruits lancés par l’Agence Américaine qui a accueilli les étranges révélations de M. Freeman-Power. Finira-t-on par reconnaître que toute cette fumisterie macabre n’est que la mise en oeuvre d’un hlm truqué ? Ou bien n’y a-t-il, en tout cela, qu’une étonnante présentation d’une œuvre imaginaire, d’un ciné-roman dont nous connaîtrons les aventures... plus tard ? Il me m’appartient pas de le savoir aujourd’hui. Mais, en tout cas, l’affaire est déplorable pour les bonnes mœurs de notre industrie, j’en voudrais rire. Il restera qu’elle ouvre de fâcheux horizons sur les procédés de nos confrères anglo-américains et que le public juge et jugera partout sans aucune indulgence. Les amis de l’écran se plaisent à trouver suggestives et intéressantes les images animées de la vie qui passe et qu’ils n’ont pas la faculté de voir « réellement ». La cinématographie des actualités est aussi appréciée aujourd’hui et aussi vulgarisée que pouvaient l’être naguère les illustrations des grands magazines, voire des quotidiens. Mais il importe, pour que le charme subsiste, que l’authenticité des documents présentés soit absolue, indiscutable. Nous ne saurions concevoir un fait divers filmé qui serait un faux, un Poincaré qui serait un comédien maquillé, une revue de Longchamp dont les troupes seraient composés de figurants. Les spectateurs ont droit au respect, exactement au même titre que lest lecteurs d’un journal. Or, c est précisément à ce respect nécessaire que M. Frank Power a manqué en construisant de toutes pièces une série d’informations sensationnelles. Il a fait un faux dans le domaine du reportage comme d autres dans les écritures comptables, et ses allégations mensongères apparaîtront d’autant plus regrettables qu’elles pouvaient faire naître dans 1 esprit de la foule volontiers optimiste et crédule, des sentiments d’espoir d’un ordre très généreux. Les Anglais ont voué à la mémoire de ce grand caractère que fut Lord Kitchener, une véritable vénération et la farcé macabre montée par le peu scrupuleux journaliste ne mérite aucune excuse : elle n’est pas drôle et s’avère d’un goût détestable. Quant à l’idée de faire du reportage cinégraphique a à la manque », elle est aussi ridicule que le principe même de la fausse information. Les deux formes de la mystification se valent et doivent être également condamnées. L’auteur de « La Tragédie du Hampshire » avait parfaitement le droit de concevoir et de réaliser un hlm au cours duquel un reporter imagiginaire aurait retrouvé la dépouille mortelle du grand ofhcier. L’hypothèse peut servir de thèse à toute affabulation romanesque, même dans le champ de l’histoire. Nous avons, par exemple, déjà vu dans ce genre « L’Invasion des EtatsUnis », « La Tragédie des Habsbourg » qui sont de l’histoire supposée. L’œuvre n’est qu’une réalisation théâtrale. Nous le savons et nous ne sommes pas dupes. Telle n’est point la position du mystificateur anglais dont tout le travail s’effondre lamentablement. Plaignons-le de son insuccès, mais félicitonsnous que ses mensonges écrits et hlmés n’aient pas résisté à la lumière de la vérité... qui doit-être, en matière de reportage, le principal souci du journaliste et du phtographe. Georges DUREAU.