Cine-Journal (1926)

M. Picquemal, député, vient de poser une question écrite au ministre des Finances. Il lui demande si un préfet, un sous-préfet, un maire, un commissaire de police, sont exonérés du payement de la taxe d’Etat quand une place leur est accordée dans une salle de spectacle de leur ressort administratif? La réponse du ministre est assez embarrassée: le préfet est exonéré s’il est seul dans la salle. Mais si le maire y est aussi, celui-ci doit payer. Et si le commissaire de police vient s’asseoir à son tour, le commissaire doit payer. Si le préfet n’est pas là, mais si le maire et le commissaire sont présents à la fois, le maire est exonéré et le commissaire paye. Il faut respecter la hiérarchie, n’est-ce pas? En fin de compte on croit comprendre que le ministre n’exonère qu’un seul fonctionnaire administratif par séance et par degré d’autorité. Mais qu’est-ce que tout cela puisque c’est toujours le directeur de spectacle qui paye pour le compte de ces messieurs ! Il fait bon être fonctionnaire sous notre République. * Est-il décent de battre la grosse caisse avec les os des morts? Les télégrammes de presse lancés d’Amérique nous ont appris que « l’exposition à New-York du corps de Valentino a donné lieu à des scènes de sauvagerie. Des milliers de personnes ont cherché à pénétrer de force dans la chapelle où l’exposition avait lieu. Des enfants ont été perdus, des centaines de femmes se sont évanouies. Neuf personnes ont été blessées. Des renforts de police ont dû être requis pour maintenir et calmer la foule des admirateurs du roi de l’écran. » Tout cela est-il vrai? Si oui, c’est bien triste. Dans le cas contraire, c’est encore plus lamentable : les publicity men du Nouveau Monde ne respecteraient même pas la mort ! Ils ressembleraient en cela aux banquiers qui nous réclament le prix des capotes dans lesquelles 1.500.000 soldats français sont morts! * * s. Tout le monde est d’accord sur la nécessité d’augmenter le prix des places. Oui, tout le monde, sauf un de nos confrères marseillais prétendant qu’il est impossible d’augmenter, et toujours, celui qui ne peut plus payer, en l’espèce le spectateur. Et il cite l’exemple du receveur d’autobus à 450 fr. par mois!... Où est-il ce phénomène que nous courrions le voir? Notre confrère est resté bien en deçà de la vérité. Et l’on dit qu’à Marseille on exagère comme on respire!... Avec ses primes et ses diverses indemnités un receveur d’autobus gagne 820 francs par mois, minimum. Ce n’est pas le Pérou, certes, mais nous sommes loin des 450 francs annoncés et servant de base à la discussion. Conclusion, le receveur d’autobus continuera de fréquenter le cinéma plus cher, comme précédemment. Notre confrère hausse les épaules d’incrédulité quand on lui parle de programmes à 80 francs. Hélas! Trois fois hélas! Il y en a encore. Presque tous les loueurs le lui diront s’ils sont sincères. Enfin, dans son argumentation, teintée de gris sombre, il assure qu’il était logique et rationnel de penser que la pellicule allait augmenter et que les dispositions nécessaires s’imposaient pour l’empêcher d’augmenter. Et comment, s’il vous plait? Sans doute, fallait-il faire la grève de la consommation de ce produit indispensable à la marche de toutes nos affaires? Notre confrère ne le dit pas. Mais s’il connait le moyen de payer la pellicule en UN BON FAUTEU IL. Yaut un BON FILM LONGATTE Frères MANUFACTURE DE SIÈGES DE THÉÂTRE & DE OINÉMA RIDEAUX — DÉCORS DÉ SCÈNE 4, Rue Traversi ère, 9bi% 11-13, Rue de Saint-Cloud, à BILLANCOURT Téléphone : AUTEUIL 38-37 — Métro : Porte d'Auteuil