Cine-Journal (1926)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

Il bloqué) et je m’empressai d’utiliser le procédé dans la vue (on ne disait pas encore film) intitulée L’Escamotage d’une Dante clics Robert H oudin. C’était la reproduction exacte du fameux truc de Buatier de Kolta Le succès fut formidable. Et je me mis à exécuter, dans le même ordre d’idées, nombre de sujets de plus en plus compliqués C’est à cette époque que je peignis, en plein air, mes premiers décors afin de corser l’intérêt de conceptions de plus en plus fantastiques, à quoi les paysages naturels n’auraient pu fournir un cadre approprié, surtout lorsqu’il s’agissait de lieux purement imaginaires1, Le succès augmentait de jour en jour et la renommée des films à trucs, dits « Star Films » (c’était ma marque) devenait mondiale en peu de temps et sans aucune publicité. Les clients d’alors étaient tous des forains et achetaient les films qu’ils payaient comptant. Ils demandaient de bons 'programmes, mais ils les voulaient courts, afin de pouvoir multiplier les séances. D’où nécessité de faire des films de petit métrage. N’empêche que celle clientèle était effrayée par le prix des copies positives. Que dirait-elle aujourd’hui ? De mon côté, pour entretenir la curiosité et tenir mes acheteurs en haleine, je cherchais et trouvais constamment des procédés nouveaux. Te les ai maintes fois décrits ; ils sont encore en usage aujourd'hui : caches, fondus, superpositions, surimpressions, personnages grandissant ou rapetissant, personnages pris à des plans différents (Nains et Géants), personnage se multipliant à l’infini et jouant plusieurs rôles à lui tout seul, dessins animés, etc, etc. T’employai en même temps le feu sous toutes ses formes dans les scènes diaboliques. Bientôt la difficulté d’opérer en plein air (où les vents, la pluie, les différences d’éclairage, nous jouaient souvent de vilains tours! m’amena a construire, à Montreuil-sous-Bois, le premier studio spécial pour le cinéma. Ce fut la reproduction, en plus grand, des ateliers photographiques ordinaires. Mais à l’une des extrémités on aménagea une scène de plain pied Elle mesurait 7 mètres de large sur 4 mètres de profondeur. L’atelier lui-même avait 17 mètres de long, 7 de large et 5 de haut. La partie où l’on jouait était éclairée de face par le jour de dix heures du matin à trois heures de l’après-midi. Cette partie fut aménagée avec trappes, rues, tampons, mats, etc, comme une scène de théâtre de féerie. Plus tard, deux ailes v furent annexées, pour servir de dégagement à droite et à gauche et de magasins de décors. Le personnel devenant de plus en plus important, deux grandes loges (une pour les hommes, l’autre pour les femmes) furent nécessaires. Successivement, l’atelier s’allongeait pour reculer l’appareil et pren dre un champ de plus en plus vaste, ce qui. en fin de compte, fit ressembler ce studio, qui existe encore, à un télescope. En dernier lieu un cintre élevé fut placé au dessus de la scène pour l’exécution de certains trucs ou effets. Les machinistes y évoluaient. La première vue qui dépassa la longueur courante (17 mètres) fut une Cendrillon, de 60 mètres. Puis vint le fameux Voyage dans la Lune, qui fut la première grande féerie et qui fit le tour du monde. Ce film mesurait 125 mètres ! Mais il était farci d’épisodes-et de truquages étourdissants. ■Je dois avouer que j’eus toutes les peines du monde à vendre les premières copies. Les acheteurs étaient plus que stupéfiés ; ils étaient terrifiés par le prix que je demandais : 2 fr. 50 le mètre, 314 fr. 50 les 125 mètres en noir et 6go fr. en couleurs. Cependant, de tous les pays les commandes arrivèrent innombrables. Je poursuivis dans cette voie : j’augmentai progressivement le métrage des grandes pièces et des féeries et j’arrivai ainsi à des sujets de 800 et 1.000 mètres. Les clients ne se plaignaient plus ; ce genre faisait recette. Je* fus, d’ailleurs, abominablement pillé, surtout en Amérique où il était impossible alors de poursuivre les contrefacteurs. Cela me détermina à ouvrir, à New-York, la Géo Méfiés Star Film Manufacturing C° qui subsista sous la direction de mon frère Gaston Méfiés jusqu’en 1914. Après de nombreuses sollicitations, les artistes commençaient à venir au cinéma. Ce furent, tout d’abord, les artistes illusionnistes du Théâtre RobertHoudin. puis des acrobates, des danseuses du Châtelet et des Folies Bergères, des chanteurs du Café Concert et des ballerines de l’Opéra : Raiter, Brunnet, Claudius. Little Pich, Mado Minty. etc. Les artistes de théâtre se présentèrent en dernier. Beaucoup d’entre eux n’avaienf jamais touché d’aussi beaux cachets que ceux que je leur donnais, quoiqu'ils fussent encore modestes. En peu de temps les demandes d’inscription affluèrent. C’était une véritable invasion dans mon hureau du Passage de l’Opéra. Tous les interprètes des films étaient alors anonymes, et pour cause, puisque le premier venu pouvait tourner. En tant qu’artiste. je parvins à me créer une personnalité et une réputation. La grande difficulté d’exécution de mes propres conceptions m’obligeait à tenir toujours le premier rôle dans mes films. On connaissait ma tête, au naturel ou maquillée, dans les situations les plus diverses : illusionniste, sorcier, démon, prince, mendiant, spirite, fakir, pacha, etc., i 'étais à cette heure star sans le savoir puisque le terme n’existait pas encore. La bonne exécution de mes trucs avait le plus