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Discours de M. Louis Aubert au banquet du 23 mars
Nous avons dit dans notre dernier numéro qu'au banquet du 23 mars dernier M. Louis Aubert, président de la Chambre Syndicale avait prononcé un discours particulièrement applaudi.
Nous en reproduisons aujourd' hui le texte d’après L’Ecran :
« Quoique nouveau Président de la Chambre syndicale, je dois avoir dans ma poche quelques petits papiers me permettant de vous dire quelques mots et de me tirer de la situation très gênante où je me trouve.
En voici un qui donne les services et surtout la carrière brillante de M. Georges Méliès. (Applaudissements.) Méliès, c’est un nom que beaucoup de gens ont oublié'; il faut dire la vérité, cl je parle surtout des jeunes de la cinématographie. Or, Méliès est le nom prototype de la cinématographie française. (Vifs applaudissements.) Rappelez-vous qu’en 1897, Méliès construisait le premier studio. De ceux qui sont ici et qui étaient dans la cinématographie en 1897, il n’y en a pas beaucoup. Rappelez-vous que Méliès sortit des films qui s’appellent : < Jeanne-d’Arc », dont on parle à l’heure actuelle; « Cendrillon », « Faust », dont les Allemands viennent de faire une réplique aussi forte et aussi extraordinaire, « Deux mille lieues sous les mers », et quantité d’autres. Rappelez-vous que, en 1902, en Amérique, Méliès monta une succursale et un studio, et qu’il fut le seul Français à cette époque, avec Charles Pathé, autorisé à reproduire et à projeter en Amérique, les étrangers étant alors exclus par le contrat Edison.
Savez-vous ce que c’est que toute la carrière d’un homme qui s’est dévoué au cinématographe et la carrière d’un homme qui n’a pas réussi à faire fortune comme beaucoup d’entre nous et à s’en tirer dans les honneurs et dans la gloire?
Je crois qu’aujourd’hui il était du devoir du Président de la Chambre Syndicale de rappeler à M. Méliès la haute estime et la profonde amitié que les cinématographistes ont pour lui. (Applaudissements unanimes et prolongés.)
11 est difficile de parler de soi-même, mais je crois que je puis avoir la prétention d’être un réalisateur ; je suis enchanté des bravos que vous> venez de faire entendre, mais ils ne signifient rien, ce ne sont que des gestes, et il faut des actes. J’es f lime que la corporation cinématographique ici présente se doit à elle-même de donner sous peu une^rande fête en l’honneur de M. Méliè^ et j’estime ([tie tous les membres de notre corporation doivent un jour aller faire une démarche auprès d’un des ministres présents pour demander, au nom de la Cinématographie Française, que soit décerné un ruban ronge à M. Méliès. (Vifs applaudissements.)
Ceci dit, j’ai encore trouvé ce soir, en venant, un autre petit papier. C’est un article de* journal qui a paru ce soir; il est intitulé: « Et nous? » et est signé Bailbv.
M. Bailby pose la question : « Et nous? » C’est la suite du rapport de notre ami Delae à propos duquel on a demandé : Que fait le Cinéma Français? Et nous qu’allons-nous faire? A l’heure actuelle, de toutes parts on s’organise; les Anglais vont s’organiser, et nous allons nous trouver dans quelques années, peut-être dans quelques mois, avec, en Europe, un concurrent de plus. Nous, qu’allons-nous faire? Allons-nous continuer à faire du cinéma français au compte-gouttes, ou allons-nous, une fois pour toutes, maintenant qu’au point de vue technique nous sommes au point, nous lancer dans la bagarre avec des chances de succès? Je crois qu’aujourd’hui le moment est tout à fait venu. Aujourd’hui, on nous demande des films dans le monde entier, sauf aux EtatsUnis. On peut très bien se passer des Etats-Unis au point de vue de l’amortissement des films. (Ap
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