Cine-Journal (Jul-Aug 1914)

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— 19 — Pourquoi Ton va au Cinéma La grande presse qui n’est pas professionnelle et qui ne traite des questions cinématographiques qu’occasionnel lement, paraît, depuis cjuelques mois, très préoccupée des progrès que notre art accomplit et du succès qu’il rencontre près du public. Les directeurs de théâtres provinciaux se plaignent amèrement d’être concurrencés par les directeurs de cinémas et nous accusent volontiers de leur faire une concurrence déloyale. Rien ne justifie leurs doléances. Les raisons pour lesquelles l’écran triomphe quelquefois de la scène sont d’un ordre qui n’engage en rien notre responsabilité et qu’on ne saurait nous reprocher. Voyez dans quels termes s’exprime un président de chambre, gros magistrat de province, correspondant par hasard de notre distingué confrère Adolphe Brisson — du Temps : Au théâtre de petite ville, il est difficile d’être le spectateur anonyme qui ne s’inquiète pas de ses voisins. On y est presque « en visite » ; pour quelques-uns, c’est là son charme, mais tel n’est pas le sentiment du plus grand nombre. Au cinéma, sans doute parce qu’il y fait nuit et parce que le public est moins restreint, on peut occuper de bonnes places sans se croire obligé de faire toilette; pas de vestiaire, le plus souvent pas même d’escaliers; on y entre, on en sort quand on veut, à peu près comme on irait lire son journal au café; et c’est là un avantage qui est tout de même à considérer. Enfin la dernière de mes raisons, mais aussi, soyez-en sûr, la principale, c’est la différence des prix. Que peuvent là con> tre les meilleurs théâtres? Dès lors que — cinéma et théâtre étant d’ailleurs ce qu’ils sont aujourd’hui — je puis, avec ma famille, obtenir du premier des places convenables à raison de quinze à vingt sous par personne, comment s’étonner que je n’aille au théâtre que si je trouve au programme une pièce que je tiens tout particulièrement à voir représenter? Voilà, je le reconnais, une considération bien terre-à-terre et bien mesquine; mais c’est de prose qu’est faite la trame de la vie. Il me semble que la plupart de ceux qui ont abordé cette question ont eu comme une sorte de fausse honte à faire état de cela. Pourquoi donc ne pas reconnaître qu’à moins de faire partie de la petite minorité des privilégiés de la fortune, si l’on abandonne le théâtre imur le cinéma, c’es' surtout parce que celui-ci coûte beaucou] moins cher? Ainsi donc, la question d’argent est primordiale. Le cinéma est moins cher que le théâtre : si cette considération peut avoir une valeur pour un fonctionnaire relativement bien payé, songez à celle qu’elle prend pour les innombrables petites bourses qui font la richesse de notre pays ! ** Pourtant le cinéma ne tue pas le théâtre aussi bien à Paris qu’en province et à l’étranger. En Belgique, parexemple, les Gantois affirment que l’écran ne fait pas tort à la scène, puisque, dit la Flandre Libérale, en dépit d’une dizaine de cinémas tous fort achalandés, et parmi lesquels le Pathé et le Gaumont sont de véritables bonbonnières, le directeur du Grand Théâtre s’est retiré au mois d’avril avec plus de 30.000 francs de bénéfice personnel, les soirées de comédie du Théâtre Minard ont toujours réalisé de fort jolies salles, le Théâtre Néerlandais s’est tiré honorablement d’affaire et les music-halls u’ont jamais désempli. Et notre confrère A. Cavens, d’ajouter : Mais je parle en général, et je dis que le succès du cinéma est compréhensible et mérité. On a répété mille et mille fois que le public y goûtait une foule de commodités qu’il ne trouve que là : la toilette n’y est pas nécessaire, monsieur peut fumer son cigare, madame bavarder à son aise; on entre et on sort quand on veut. La variété des programmes (que les films kilométriques menacent, hélas, de faire disparaître) flatte tous les goûts et toutes les classes de spectateurs. Mais il y a d’autres raisons qu’on n’allègue pas aussi fréquemment et qui ont leur poids : c’est que, pour un prix modique, on jouit de spectacles toujours renouvelés; jamais on n’est obligé d’aller revoir ce qu’on connaît déjà; le cinéma n’a pas de « répertoire » ; pour une petite somme, on est certain de trouver une mise en scène parfaite et une interprétation hors ligne que les théâtres ne pourraient se donner le luxe d’offrir à leurs habitués, si ce n’est à des tarifs fabuleux. Le cinéma joue un rôle universel; il parle la même langue claire et nette à tout le monde.