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Ce qui surprend le plus dans ce décret royal, éclatant à brûle-pourpoint, c’est le secret dans lequel il a été préparé et l’incompétence avec laquelle les tarifs fondamentaux ont été établis. Pas un industriel intéressé n’a été interrogé, consulté. Et l’on cherche à concevoir la mentalité du fonctionnaire chargé de fixer les taux de taxe, qui sans se préoccuper des conséquences, frappe de gaîté de cœur une industrie déjà fléchissante d une nouvelle charge de plus d’un million. Sur quels barêmes, sur quelles statistiques, sur quelles observations a-t-il donc basé ses calculs, ce rond-de-cuir pédant et imbécile. Aux prises avec le moindre raisonnement, le tarif s écroule, la sottise ou l’intention mauvaise apparaissent. Cet homme n’a pas une chimère de connaissances techniques ou bien il a voulu sciemment toucher la cinématographie de son pays dans les parties vives de son organisme.
On peut en effet avancer avec quelque certitude que le chiffre total des transactions cinématographiques en Allemagne, dans les circonstances présentes, atteint une douzaine de millions de francs. Depuis un certain temps déjà, les bénéfices des fabricants et de leurs agents sont tombés de 10 0/0 à 4, 5 et 6 0/0, On en peut aisément déduire ce qu’il reste à gagner ^aux loueurs et aux exploitants. Quel groupe de la branche pourra donc supporter encore la charge nouvelle.
Et d’ aucuns se posent la question anxieusement : Veut-on donc la mort du pécheur? Semblable à un bouc émissaire, les ennemis de la Cinématographie s’entendent pour la charger de tous les méfaits, de toutes les horreurs de la société. Les sociétés pour le relèvement des mœurs publiques, lui imputent l’accroissement de la criminalité que l’on constate ici comme ailleurs; les ligues de tempérance lui reprochent de faire des ivrognes. Pourquoi pas lui mettre sur le dos les épizooties et la mortalité des nouveaux-nés.
Il est tout au moins une coïncidence digne d’être notée. Ce sont dans les rangs des hauts fonctionnaires de l’administration, de l’université et de la magistrature, que se recrute le plus grand nombre des adeptes de ces ligues pieuses. Ils sont tant qu’on finit par craindre, malgré les ressauts d’une raison révoltée, que le mouvement actuel ait été déchaîné par ces dévots amis de la Cinématographie. L’on gagerait que le dernier coup de poignard qui nous frappe si durement a été dirigé par les apôtres de la moralité ardés, soyons-en sûrs, par tous les théâtricules du payrs, où l’art n’est rien, mais les cuisses sont tout et qui voient dans le Cinéma leur pire adversaire. Hans Bach.
Nouvelles d’Allemagne
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L invention d’un jeune ingénieur autrichien semble devoir sinon révolutionner la cinématographie parlante, du moins faire faire un pas en avant à la solution d’un problème auquel s’intéresse passionnément le public, depuis surtout qu il connaît le Cinétophone d’Edison.
Et pourtant, il faut bien avouer que l’appareil du célèbre inventeur ne contient rien en soi de nouveau. L’idée générale que l’on se fait de la connexion de l’image lumineuse avec le phonographe ne s’est pas modifiée et les difficultés à vaincre restent les mêmes.
L’originalité de l’invention de M. Alfred Ludwig, c’est le nom de l’ingénieur, c’est qu’il renonce à l’appui du phonographe. Cet auxiliaire nasillard est remplacé dans le nouvel appareil par une bande parlante, obtenue au moyen d’un microphone de fabrication originale, qui enregistre avec une exactitude méticuleuse les ondes sonores.
La prise s’effectue en un seul appareil sur deux bandes séparées, mise en mouvement avec un synchronisme parfait, à l’aide d’un petit appareil à main.
Les avantages du Cinéphone de M. Alfred Ludwig ne se laissent pas décrire en quelques lignes par le premier venu. C’est à un spécialiste qu’il appartient de juger ce que vaut au point de vue technique et pratique cette invention nouvelle. Dès à présent, il est permis de dire que la prise des clichés auditifs ne sera plus limitée à la superficie de la plaque d’enregistrement. Les épreuves étant prises sur bandes, seront de la longueur qu’on voudra. Enfin, si le besoin s’en fait sentir, il sera facile à l’avenir de couper dans un film parlant un passage mauvais pour le remplacer par un meilleur.
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La 2'’ chambre de la Haute Cour administrative de Berlin vient de reconnaître la légalité de la façon dont les prescriptions de l’impôt municipal sur les cinémas, furent interprétées jusqu’à ce jour par les agents du fisc. Le tribunal décida que le montant total du prix de la place réellement payé, devait être soumis à la taxe et qu’il était incompatible avec l’esprit de la loi d’objecter une distinction entre le prix de la place proprement dite et les frais de programme et de vestiaire, ces derniers non-imposables.
A chaque occasion, la sévérité des tribunaux s’affirme avec plus d’ardeur contre tout ce qui, de près ou de loin, touche à la cinématographie.