Cine-Journal (1913)

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naître. Le mystère même du supplice qui doit être infligé à la fiancée du jeune tribun augmente encore la curiosité générale. L’attente, cependant, ne se prolonge pas. Les trompes sonnent, la grille s ouvre au milieu des rugissements des bêtes féroces, et dans 1 arène bondit un taureau sauvage portant attachée sur sa tête une jeune fille nue. — « Lygie! Lygie! » s’écrie Vicinius! Et hagard, les mains crispées, en proie à un spasme terrible, il pense au dieu en qui il a mis toute sa confiance, au dieu qui seul, par un miracle, peut le sauver dans le terrible moment qu’il est en train de vivre. Christ, je crois en toi, toi seul peux me sauver, répête-t-il d’une voix rauque, montre moi ta puissance! Et voici soudain, dans la foule, qu’un silence se fait. Devant le monstre aux yeux de sang, un homme de stature colossale se’st dressé. Saisissant la bête farouche par les cornes, Ursus — car c’est lui — est là, arc-bouté. Le silence est coupé par un cri de stupeur auquel succède à nouveau le silence. Sous la poigne de fer du barbare, la tête du taureau se tord peu à peu. Le visage du Lygien, sa nuque, ses bras, sous l’effort puissant qu’il réalise, se gonflent et deviennent violets. On sent qu’il est obligé d’employer toute sa force et, comme en un rêve, on se demande s’il ira jusqu’au bout et s’il ne deviendra pas lui-même victime de sa folle audace. Mais non! la tête de l’animal cède en se tordant. On voit sa langue baveuse pendre hors de sa gueule sanglante, ses yeux agrandis se vitrifient, il culbute sur lui-même et roule sur le sol. En un clin d’œil, Ursus délivre sa maîtresse. La prenant dans ses bras, il parcourt l’arène, respirant à pleins poumons. Un instant étourdi, il lève les yeux et semble interroger les spectateurs. Dans tout le cirque, c’est un délire, une frénésie. De toutes parts, on crie grâce, on admire ce géant; pendant un moment, sa force physique en fait un roi aux yeux de cette foule passionnée pour les exercices violents. Ursus profite de l’admiration dont il est l’objet. S’approchant de l’estrade impériale il tend à Néron le corps de la vierge et ses yeux semblent dire : « Ce que j’ai fait c’est poui elle que je l’ai fait. Vous vous devez de la sauver. Grâce! » De son côté, Vicinius s’est élancé Couvrant de sa toge la poitrine de sa fiancée, il arrache sa tunique et fait voir au peuple les blessures reçues en Arménie. Ces protestations enflamment le peuple. La frénésie qui avait accueilli le triomphe de 1 esclave ne connaît plus de borne. Les cris qui demandent grâce deviennent impérieux. Des milliers de spectateurs tendent au César impassible des poings menaçants; des éclairs de fureur brillent dans tous les regards. Alors Néron qui, jusque-là, tergiversait, prend peur. Son amour-propre qui lui conv mande de ne pas céder au peuple est moins fort que sa lâcheté naturelle. Devant les sourcils froncés et les visages émus qui, de tous les côtés, accueillent son regard inquiet, il lève le pouce et donne le signal de la grâce. Lygie est sauvée. Une salve d’applaudissements éclate dans l’enceinte. Dorénavant, personne, pas même l’Empereur, ne peut attenter à la vie des deux fiancés. Bulletin L. AUBERT