We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
6* Année. — N° 242
12 Avril 1913
Ciné-Journal
Organe hebdomadaire de l’Industrie Cinématographique
Directeur : G. DUREAl)
flBOnriEMEPITS : FRANCE
Un an 10 fr.
ETRANGER
Un an 12 fr.
Le Numéro : 25 cent
Paraît le Samedi
Rédaction & Administration
30, Rue Bergère
PARIS
TÉLÉPHONE Gutenberg : 61-54
Donnons aux Films une Ame Nationale
Le cinématographe est, par définition — puisqu’il ne parle aucune langue — le théâtre le plus international qui soit. Merveilleux évocateur des sensations par le seul moyen des images, il a son éloquence à lui et se fait comprendre de tous les hommes sur tous les points du globe. Nul espéranto ne saurait prétendre à cette souveraineté ! Nulle musique, si générale soit-elle, n’exprimera jamais ce qu’il exprime avec autant de force et de précision.
Mais cette admirable qualité qui fait de lui l’instrument d’un art universel ne doit pas le condamner à ce qu’on pourrait appeler “ la neutralité dramatique ”. Certes, quelques japonais d’élite, artistes déjà versés dans nos façons de sentir européennes, goûtent vivement les films édités par nos maisons françaises. J’en eus récemment la preuve en causant — ■ dieu sait comme — avec un professeur de dessin de l’Université de Tokio venu à Paris pour étudier nos peintres et qui, sans comprendre notre langue, s’était fort
diverti en voyant Zigomar à Yokohama.
Mais une intelligence de cet ordre est rare et j’imagine que les millions de Chinois qui vont au cinéma ne prennent qu’un plaisir relatif aux adaptations de nos vaudevilles boulevardiers.
Sans aller même si loin, les Anglais goûtent peu les drames passionnels chers à l’Italie et les Français se sentent un peu froids devant les plaisanteries essentiellement britanniques.
L’éditeur de films qui doit, par logique industrielle et commerciale, produire des œuvres pour le monde et non pour un monde, ne peut mettre en scène que des canevas d’esprit “ universel ”. Par un effort souvent malaisé, il se dégage des contingences de race et de nation pour réaliser une sorte de passe-partout qui contiendra, sans doute, les situations dramatiques nécessaires mais d’où seront absents les “ types ” psychologiques qui fondent la valeur d’un ouvrage. Imaginez l’exemple du Cid. Il n’est pas difficile de construire un scénario “ universel ”