Cine-Journal (1913)

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— 4 — avec le chef-d’œuvre de Corneille, en ne gardant que la donnée même de la tragédie, sans aucun souci de l’époque, du pays et de l’âme des personnages si profondément dominés par l’histoire. Mais, en supposant même que le metteur en scène et l’auteur adaptateur aient bien réussi leur collaboration avec Pierre Corneille, il manquera toujours au film ce qui distingue “ Le Cid ’ et en fait une une œuvre immortelle. Sa valeur générale reste la même, direz-vous ? Possible. Encore souffre-t-elle d’être isolée dans une abstraction, privée du concours immédiat des circonstances très particulières qui ont dicté au génie cornélien les répliques héroïques de Rodrigue ! Il manquera toujours au film l’âge et l’esprit de l’auteur qu’on ne peut sans danger séparer de l’œuvre elle-même. Si donc vous voulez élever le cinématographe jusqu’à la dignité de l’art dramatique — dont il a presque tous les moyens — faites qu’il soit personnel. Au lieu de démarquer les productions des auteurs en les généralisant, laissez-leur pleinement les caractères individuels ou nationaux qui les font apprécier. Français, faites des films qui — tel le violon de la romance patriotique — aient l’âme française. Italiens, demeurez fidèles à l’esprit de votre race ardente et prompte. Espagnols, situez vos actions épiques et passionnées dans le cadre de votre histoire et de vos paysages : vous obtiendrez des œuvres justes parce que vous les aurez conçues dans les limites de votre originalité. Anglais, Allemands, Russes, Slaves de tous pays, Américains, appliquez-vous, chacun dans l’esprit de votre race, à créer des films selon votre tradition ou vos désirs dramatiques. Vous ne manquez pas d’auteurs. Adressez-vous à eux. Le succès qui accompagnera leurs noms, vous le retrouverez sur l’écran ; mais, de grâce, sortez de l’anonymat. — Peut-être, me répondront certains éditeurs, est-ce là l’avenir! Mais il faut compter avec le présent. Nos usines produisent pour tous les pays. Que diront nos agents de Moscou si nous leur envoyons des films composés pour tous les Français? Que ferons-nous à Berlin, à Londres ? — Vous ferez, j’en suis certain, ce que vous faites déjà, Vous donnerez aux Russes des films tournés en Russie et édités à Paris et vous généraliserez peu à peu votre méthode pour toutes les grandes nations — qui ne sont pas si nombreuses. Je ne dis rien en ce moment qui frise l’utopie puisque toutes les grandes sociétés d’édition possèdent déjà des théâtres de prise de vues dans maintes capitales européennes ainsi qu’en Amérique et s’en trouvent fort bien. Le film théâtral sera national ou ne sera plus. . . car nous sommes encore loin de l’heure rêvée par les philosophes où tous les peuples auront la même âme. En attendant, comme rien n’est absolu, des échanges se feront de pays à pays entre les œuvres les plus typiques, pour les cerveaux les plus affinés. Nous verrons toujours à Paris, à Londres, à Berlin, à Naples, à Barcelone, à NewYork, des films de nationalités diverses, car la fusion des races est grande dans nos villes cosmopolites. Mais rien ne vaudra, pendant longtemps encore un beau film français pour des spectateurs français. Il paraît presque enfantin de le déclarer. G. Dureau.