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L’Histoire d’un Pierrot
Mario Costa
et une tentative dart nouveau
Le correspondant du Temps à Rome écrit :
Qui, à Paris, ne connaît le maestro Mario Costa? Il est Italien très parisianisé, et depuis deux mois que je le vois presque tous les jours à Rome, c’est lui qui gémit sur l’absence du boulevard, et c’est moi qui le console en lui vantant les charmes de la vie italienne. Mario Costa est le maître incontesté de la chanson napolitaine, la vraie chanson langoureuse et légère qui fit la gloire du genre, il y a dix ans, et qu’on chante encore, et qu’on chantera toujours, car elle est l’expression même de l’âme du peuple, et reste infiniment supérieure aux produits hâtifs et trop nombreux qu’on édite maintenant dans tous les pays du monde, depuis que la romance napolitaine, grâce à l’impulsion donnée par Mario Costa lui-même, est devenue une mode cosmopolite, et une affaire d’exportation. Mais tandis que les chanspns mises en vogue l’an dernier par la publicité des éditeurs allemands ou anglais sont déjà mortes dans la mémoire du peuple, les jolis airs que Mario Costa écrivait pour sa seule joie d’ar
tiste et pour la gloire de sa race voltigent encore sur toutes les lèvres des Napolitains vieux ou jeunes. Et à Paris même, qui ne connaît, qui ne fredonne Era di Maggio, ou Luna Nora, ou Matiutino, ou ces deux chefs-d’œuvre de verve parthénopéienne Catari et A' Francesca? Le plus souvent, la musique mélodieuse et amoureuse de Costa se déroule sur les vers du plus grand poète napolitain, Salvatore di Giacomo; et de la collaboration fraternelle de ces deux cerveaux et de ces deux cœurs naît vraiment quelque chose d’analogue à ce que sont, pour la Provence, les vieilles mélodies de Saboly, sur lesquelles fleurissent les vers de Mistral ou d’Aubanel.
Mais Mario Costa ne s’est pas contenté d’être un chanteur populaire de son pays natal. Ce don de mélodie abondante qu’il portait en lui et qu’il avait répandu tout d’abord dans la îomance, il l'a condensé plus tard dans des œuvres de longue haleine, et il a écrit l 'Histoire d'un Pierrot et le Capitaine Fracasse. La première de ces œuvres est connue dans le monde entier et c’est à Paris qu’elle a eu le baptême. Mario Costa était alors dans sa toute première jeunesse. Il était pauvre, inconnu. Et il me racontait que n’ayant même pas de quoi prendre l’omnibus, il s’en allait à pied du faubourg des Ternes, où il habitait, jusqu’au théâtre
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