Cine-Journal (1914)

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— 20 — cette expérience, j’étais loin de m’attendre à une décision semblable. « J’avais étudié le dossier avec une grande minutie, cette affaire me passionnait, Depuis deux ans qu’elle avait été soulevée, j’avais réuni un faisceau de documents tel, que l’issue heureuse du procès ne pouvait me laisser aucun doute. « Vous voulez nous placer sous un contrôle, disais-je dans ma plaidoirie, mais nous vous le demandons ce contrôle, loin de l’éviter, nous le recherchons, mais nous ne pouvons admettre qu’il appartienne au maire d’une commune qui jugera, à sa fantaisie, si telle vue soumise à son examen est morale ou ne l’est pas. Il y a en France 30.000 maires et chacun de ceux-ci possède une mentalité différente de son voisin; pouvez-vous leur indiquer où commence la moralité d’un film et où elle peut se terminer? « Quel sera le jugement d’un maire intéressé à une entreprise cinématographique?, etc., etc... « J’ai fait mieux, continue notre aimable et spirituel interlocuteur. J’ai prié un professeur de philosophie de vouloir bien assister à la projection sur l’écran des films incriminés, et de me faire un rapport circonstancié, sur ses appréciations. « Ce rapport que j’ai lu au Conseil d’Etat, concluait favorablement, et déclarait que les bandes projetées ne constituait pas un spectacle immoral. Je n’ai pas eu grand mal à demander que l’incohérence d’un tel arrêt était de nature à jeter le désarroi sur toute l’industrie cinématographique, qu’il entraînerait forcément les conséquences les plus fâ cheuses dont la moindre ne pouvait manquer d’anéantir le magnifique essor d’une branche importante de la science et de l’industrie. « Comme vous avez pu vous en rendre compte, rien n’a prévalu, le siège était fait, les influences avaient l’oreille de la haute Assemblée, l’arrêt est là dans toute sa brutalité, dans toute son iniquité. « Ce procès devait nous réserver de bien jolies surprises, puisque le Conseil d’Etat, chose incroyable, a dû se déjuger lui-même. Voici d’ailleurs dans quelles circonstances. « A Lyon, un exploitant avait été impo sé comme maître de jeux et d’amusement, le receveur des finances le déclassa et lui imposa la catégorie des entrepreneurs de spectacles. Un procès s’ensuivit qui vint échouer devant le Conseil d’Etat. Or, la décision qui fut rendue est absolument contraire à celle de vendredi dernier, et le cinéma en question fut rayé de la catégorie des spectacles de curiosités, et place dans celle des théâtres. « J’ai mis cet arrêt sous les yeux des magistrats, ce qui parut d’ailleurs les gêner fort, mais ne les empêcha point de rendre un arrêt diamétralement opposé à celui que je viens de vous citer. « Et que fait-on de la convention de Berlin, que vous connaissez? Elle n’a plus, aujourd’hui, sa raison d’être. » Le Conseil d’Etat vient de situer l’industrie cinématographique à un tournant dangereux de son histoire, et seule une loi est susceptible de briser la chaîne de cet arrêt irrévocable et incompréhensible. Interview de Me Maxime MIANE Avocat=Conseil de la Fédération du Sud-Est Dès que nous avons eu connaissance de l'arrêt rendu , vendredi, par le Conseil d’Etat, nous avons demandé à Me Maxime Miane, le distingué défenseur des intérêts cinématographiques, près de la Fédération du Sud-Est, quelle était son opinion sur les conséquences immédiates de cette étrange et nouvelle jurisprudence. Me Miane s’est exprimé en ces termes: « Je ne puis, pour aujourd’hui, vous donner une étude complète des arguments invoqués contre vous par le Conseil d’Etat. Mais puisque vous voulez bien me demander mon opinion, la voici, dans sa brutale franchise : « L’arrêt du Conseil d’Etat condamne le cinéma à rester au rang de spectacle forain. Il lui refuse le droit d’être un spectacle théâtral. « On vient de lire le texte de cet arrêt qui rejette les pourvois formés contre les arrêtés des maires de Marseille, Lyon, Hyères, Avignon, Aix et Montpellier. « Malgré la logique et la raison, malgré le droit, on impose à nos spectacles la censure préalable et dans notre pays de liberté, où toute licence est accordée au théâtre, à la librairie, à la presse, on orga nise contre le cinéma un régime d’exception. Dans chaque ville les maires, les commissaires de police pourront interdire la représentation des films qu’ils jugeront « dangereux », ils pourront obliger les directeurs de spectacle à soumettre le programme de chaque représentation, à leur « agrément ». « C’est le cinématographe muselé. C’est le triomphe des idées d’un Georges Berry, des ennemis déclarés de l’écran. « Que va-t-il se passer? Oh! c’est bien simple. On sait ce que c’était que la cen