Cine-Journal (1914)

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LA FEMME NUE Au moment où la Cinès, qui marche de succès en succès, vient de présenter à la clientèle des directeurs, sont merveilleux film La Femme Nue, d'après l'œuvre si connue de M. Henry Bataille, nous nous faisons un devoir de publier l'article qui suit. C'est une interview que voulut bien nous accorder l'auteur, il y a quelques années, précisément au lendemain de la grande soirée qui consacra, par la Femme Nue, le prestigieux talent de notre plus séduisant dramaturge moderne. Nos lecteurs verront ainsi quelle conception Henry Bataille avait déjà du cinéma et comment il pressentait l'avenir supérieur — que vient de réaliser avec lui la Société Cinès. Qu'il nous soit permis en passant, de saluer, avec tous ceux qui l'ont applaudie, la grande artiste qu est Mlle Lydia Borelli, principale interprète de la Femme Nue, âme vivante, souple, variée, éloquente d'un film dont on peut dire seulement ceci : « Il ne trahit pas M. Henry Bataille, mais il l'illustre, le complète et le remplace même près de ceux qui l'ignorent. » G. D. Comme nous sortions l’autre soir de la Renaissance, où l’admirable Femme Nue d’Henry Bataille s’achevait triomphalement, deux amis nous rejoignirent, enthousiastes encore de leurs bravos généreux. — Eh bien ! messieurs du Cinéma, s’écrièrent-ils, sachant nos amitiés professionnelles, voilà qui répond une fois pour toutes à vos menus drames animés, à vos projections obsédantes, et voilà du théâtre que vous ne tuerez jamais! Allez donc parler du cinéma à Henry Bataille. Pour qu’ils ne croient pas que nous avions peur du défit — et pour de meilleures raisons encore — nous sommes allés parler du cinéma à Henry Bataille, dans la paix de ses rêves, à l’orée du Bois. Et nous nous sommes tout de suite compris. Le très artiste auteur de nos plus raffinées parmi les dernières œuvres dramatiques, de Maman Colibri à la Femme Nue, est, en effet, de ceux qui, avec MM. Lavedan, Rostand, Jules Lemaître, Anatole France (je ne cite que des académiciens) , ont résolu de donner une part de leur talent à la rénovation de la cinématographie. Diverses propositions leur ayant été faites (l’une accordait à M. Henry Bataille des droits fabuleux pour une collaboration exclusive de vingt-deux années) , ces maîtres souverains de nos scènes n’ont pas cru déchoir de leur réelle gloire en consentant à écrire des scénarios pour nos cinématographes. Maintes gazettes ont révélé ces sensationnelles adhésions. Qu’y a-t-il donc encore de si étrange dans ce bruit pour que beaucoup de vrais Parisiens le tiennent pour ridicule ou le combattent avec vigueur? Henry Bataille, aussi simplement qu’il s’accoude en frileux près de son feu, nous accorde qu’il est acquis à la nouvelle cause et qu’elle ne démérite pas de son art. Nous sommes persuadés, en effet, que ceux qui se cabrent aujourd’hui, au nom du grand art outragé, de la dignité des lettres et du théâtre, méconnaissent la question. Ils confondent les genres... Les pièces que nos modernes auteurs écrivent pour le cinéma ne peuvent être jugées comme les drames et comédies dont nos scènes s’alimentent tous les jours. D’un esprit nouveau, conçues pour des exigences nouvelles, puisque sans paroles et sans interprètes parlant au public, elles menaceraient d’être tout de suite condamnées si la critique leur appliquait les lois des vieux genres. Lorsque la première bicyclette parut, chacun cria qu’elle choquait les lois de l’élégance ; le temps passa. Les artistes ont déjà compris et exprimé sa grâce rapide et son élégante stabilité. Le théâtre cinématographique est à créer. Et voici comme le conçoit, selon l’heure qui passe, M. Henry Bataille, qui n’est point un dogmatique, ainsi que chacun sait, mais un poète. — Parce que nos interprètes ne parleront pas devant une salle, la pièce cinématographique telle que je l’imagine, ne sera pas non plus une pantomime. La pantomime exprime des sentiments par des gestes de tradition et de convention. Elle a ses personnages, ses costumes, ses accessoires et le cadre de ses fables est tout à fait limité. Elle peut être délicieuse, mais elle est « fausse ». Ce que je voudrais dans une pièce de cinématographie, c’est au contraire, une vérité aiguë. Une action évidemment débarrassée des complications psychologiques sur lesquelles brodent nos dramaturges, quelque drame clair, simple, dans un décor naturel... autant que possible... « Pourquoi pas — et ce sera mon prochain scénario — une série de scènes rustiques que des interprètes de talent, nos meilleurs, joueraient dans un village, en pleine vie, mêlés, s’il le fallait, à la foule et dont le jeu serait une harmonie naturelle? « J’imagine très bien, à une telle action, l’infini d’un horizon, la précision d’un coin de ferme, avec des paysans, de vrais paysans. Comme artistes, par exemple, les acteurs sici