Cine-Journal (Jul - Sep 1911)

PRÉFACE sur Dante Alighieri Dante Alighieri, le grand poète italien, esl né à Florence en 1265; il fui exilé pour avoir pris pari aux luttes intestines de sa patrie el mourut à Ravenne en 1321. La vie de Dante a été tant de fois écrite depuis Boccacè, Yillani et Benvenuto da linula. jusqu'à nos jours, qu'on ne peut que répéter ce que savent déjà tous ceux qui se si ml un peu occupés de ce grand poète. il naquit à Porence au mois de mars 1260, d'Alighiero degli Alighieri el de sa femme Bella. Son vrai nom était Durante, dont I taule est l'abréviation. Dante était encore dans l'enfance Inrsqu'il perdit son père. Vers ce temps, une circonstance fortuite lit naître en lui la passion, si connue, qui eut tant d'influence sur sa vie entière. Nous empruntons le récit de Boccace : ("était le 1er de mai, jour où. selon lu coutume, Voira Portinarî, homme en grande estime parmi ses concitoyens, avait rassemblé chez lui ses ah as avec leurs enfants. Dante, alors âgé de neuf ans seulement, était du nombre de ces jeunes hôtes. De cette joueuse troupe enfantine faisait partie la fille de Folco. dont le nom était liice. Elle avait à peine atteint sa huitième année, ("était une char-mante et gracieuse enfant, et de séduisantes manie/ es. Ses beaux h ails respiraient la douceur, el ses paroles annonçaient en elle des pensées au-dessus de ce que semblait comporter sua âge. Si aimable était cette enfant, :i modeste Clans sa contenance, que plusieurs la regardaient comme un ange. Cette jeune fille donc, telle que je l'ai décide, ou plutôt d'un: beauté qui surpasse toute description, était présente à cette fête, '/'oui enfant qu'était Dante, celle image se grava soudain si avant dans son cœur, que, île ce jour jusqu'à la fin de sa rie. jamais elle ne s'en effaça. Etait-ce entre deux rieurs un lien mystérieux de sympathie, ou une véritable influence du ciel, ou était-ce. comme quelquefois l'e.rpéiienee nous le montre, qu'au milieu de l'haimonie de la musique cl des réjouissances d'une fêle, deu.r jeunes ncurs s'échauffent et se portent l'un vers l'autre ? Il n'importe; mais Dante, en cet âge tendre. devint l'esclave déroué de l'amour. Le progrès des années ne fit qu'uccio'd re sa flamme, et tant, que pour lui nul plaisir, nul confort, que d'être près de celle qu'il aimait, de contempler sou beau visage, et de boire la joie dans ses i/eu.r. Tout en ce monde est transitoire. A pane Béatnce avait-elle acccmpU sa vlngt-cinqiiième année, qu'elle inouï ut. I son dcjiait. liante ressentit une affliction si profonde, si poignante, il ici sa tant et de si amères larmes, que ses amis crurent qu'elles n'aui aient d'uni re Ici me que la mort seule, el que lien ne pourrait le consoler. Ce funeste événement contribua peut être à développée en lui le fonds de mélancolie qu'il semble avoir apporté en naissant. Quoi qu'il en soit, jamais Béatrice ne sortit de son souvenir, il la célébra dans ses premiers vers pleins d'amour et de douleur, et l'immortalisa dans le poème devenu l'immortel monument de sa propre gloire. Bruneiin Latini, renommé par ses deux ouvrages, le Tesoro et le Tesoretto, fut son premier guide dans l'étude des lettres el de la philosophie, Ce fui à ce maître, qui jamais ne cessa de lui être cher, qu'il (lut la connaissance des poêles anciens, ohjHs pour lui d'une admiration pVesque religieuse. Il du! aussi beaucoup à l'amitié de Guido Cavalcanti. Le goûl de la peinture et de la musique le lia également avec Giotto, avec Oderici da Gubbio, célèbre par ses miniatures, et avec Casella. qui mil en chant plusieurs de ses canseni. La science ne l'attira pas moins que les arts i'l les lettres. 11 visita dans sa jeunesse les Universités de Boiogne et de Padoue, peuleïre durant son exTl celles de Crémone el (If Xapli's. mais certainement celle de Paris, où il s'appliqua particulièrement à l'étude de la théologie. on a dit qui', jeune encore, il entra dans l'ordre des Frères mineurs, et qu'il le quitta avant d'avoir fait profession. Mais ce fait, rapporté par un seul biographe est plus que douteux. Les premières production de Dante furent des cunzoni el des sonnets, entre lesquels on ne saurait établir un ordre chronologi pie certain. Il a écrit deux ouvrages latins : Dr Monarcliitt muioli. dans lequel il soutient la nécessité de ta monarchie et de la séparation du spirituel et du temporel: Dr Vulgaii eloquio, où il s'occupe de rechercher le dialecte italien qui pourrait remplacer le Latin. Ses œuvres en italien sont : / a Vile niiora. récit de son amour pour Béatrice; Le Convito ou le Banquet, qui est un commentaire de ses canzonÂ; mais son chef-d'œuvre, qui est le monument le plus important île la littérature italienne. C'esl la Idrinti l'ianmcdia. en trois cantiques, l'Enfer, le Purgatoire, le Paradis. Ce poème esl toute une époque. 11 peint merveilleusemenl '.'étal de la société el de l'espril humain, du treizième au quatorzième siècle dans le pays sans aucun doute le plus avancé', alors qu'après un long sommeil agile de rêves terribles, le monde se réveillant semblait pressentir, au milieu des ténèbres déjft moins épaisses, ses loinlaines destinées, et que l'Italie, aidée par d'heureuses circonstances, commençai! à se dégager des liens de la barbarie. La Divine Comédie vint, pour ainsi dire. résumer tout le moyen âge avant qu'il s'enfonçàl dans les abîmes des temps écou