Cine-Journal (Jul - Sep 1911)

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M — uons-nous — voilà les bêtises qui recommen cent ! » Elles recommencent, en effet, les bêtises d'autrefois, car elles sont éternelles comme le besoin de se distraire... d'oublier... parce que «' rire est le propre de l'homme ». « La fonction crée l'organe h a dit, le sage... La neurasthénie moderne a créé les « MagicC ity » ; et chaque siècle comporte sa « toquade >>. Depuis dix ans, ce furent successivement le palais du Rire, les palais de Glace. le.s skatings, les vélodromes, Luna-Park; au siècle dernier, c'étaient les Tivoli, les Frascati, l'anglomanie, l'anticomanie, la dansomanie et bien d'autres » manies ». De tout temps, les Parisiens ont eu leurs "mballements. Un vent de joyeuse folie passe en rafale sur la ville, entraînant dans la ronde petits et grands, jeunes et vieux, riches et pauvres... Paris s'engoue de quelque invention baroque, de quelque amusement imbécile, de quelque inepte scie de café-concert. Sous le second Empire, le jardin Mabille, le bal Bulher, Valentino, la Chaumière, la fête de Neuilly, la fête du Trône, l'Hippodrome, les cirques d'Eté et d'Hiver, le PréCatelan constituaient les divertissements variés où « la Folie agitait ses grelots ». Au'ourd'hui, Luna-Park à la Porte-Maillot et Magic-City au quai d'Orsay sont les deux temples dédiés au culte de l'insenséisme. Nous sommes donc ail f s visiter Magic-City, un capharnal'.m de bois, de staffs, de planches et •.le toiles peintes inondé d'électricité. En attendant l'heure où les planchers mouants, les ponts truqués, les roues infernales, se mettront en mouvement, nous regardons défiler les groupes étranges des promeneurs qui ont envahi l'établissement. Tout s'y rencontre, depuis les belles dames qui promènent des robes de Callnt et de Doucet sur le plancher insuffisamment raboté, jusqu'au ToutParis du <( La Motte-Picquet » voisin, qui se rend ici comme à son bureau. Des couples d'étrangers ouvrant de gros yeux ronds derrière de fortes lunettes, regardent curieusement une mousmée en costume, et deux nains très barbus, habillés à la russe, qui semblent échanger des pensées graves! Des groupes aimables de midinettes se ruent sur les attractions, s'empilent dans les wagons du chemin de fer panoramique ou sur les gondoles de la rivière mystérieuse, et les barques du water-chute glissent dans le tumulte des cris perçants, pendant qu'au milieu de la foule épileptique passent, graves et lents, de malheureux éléphants qui semblent de beaucoup les pers ies 1rs plus raisonnables de la société, A droite, à gauche, surgissent des orc litres barbares; près de nous un maestro à l'allure triste conduit un orchestre « de cuivres » avec le geste lassé d'" un qui retournerait de la salade ». ( est sttipide, mais il est impossible de ne pas s'esclaffer devant le « bassin des nigauds ». Un tobbogan à pente raide précipite dans une cuve ovoïde des lots de toqués pour qui ce genre de divertissement semble constituer le summum du plaisir. Ils tombent au fond d'une bouteille et de quelle façon! Au milieu de hurlements on voit débouler en trombe voyageurs et voyageuses jambes en l'air et tête en bas, sur le dos, sur le ventre, sur le reste... Le lot s'entasse au fond de la cuve, s'ébroue, puis s'efforce de regagner le bord en se hissant le long des parois à pic à l'aide de deux cordes lisses. Mais les bords sont escarpés et la cuve est glissante; une maladresse, un choc, le heurt des nouveaux arrivants, projetés à la façon d'une toupie hollandaise dans la cuve, renversent de nouveau toutes ces quilles humaines, la salade se reconstitue et l'escalade recommence. Les vêtements sont déchirés, les robes pendent en loques, les bras saignent, les têtes sonnent comme des noix vides sur les parois cirées... Ces martyrs de la joie n'en rient que plus fort et n'ont qu'une hâte : regagner l'escalier qui rejoint le sommet du tobbogan et recommencer leur folle descente... Nous avons contemplé la salle de bal, le cinématographe, le pont de la folie, le palais du rire, la roue joyeuse, la maison des bêtises, la maison diabolique... Nous allons partir. Soudain le ciel nous fournit le plus imprévu et le plus amusant des spectacles; l'orage éclate et Magic-City est écrasé sous de larges gouttes d'eau. C'est un « sauve qui peut » amusant au possible. Les femmes se retroussent, plus peut-être qu'il ne convient, exhibant des mollets bien français. Toujours galants, les hommes se précipitent, — parapluie au poing, — pour sauver les plumes de leurs aimables compagnes; on se tasse partout où l'on croit pouvoir échapper au déchaînement de la pluie. Ce sont les poussées; des rires, des effrois, des cris; chacun guette l'éclaircie libératrice... Pendant que les pauvres éléphants imperturbables et ravis continuent leur promenade en plein déluge Nigaudinos avait raison : « Allons bon!... Voilà les bêtises qui recommencent ». Georges Cain. (D'après Le Temps) .