Cine-Journal (Mar - Apr 1912)

les cinémas de l'aristocratique West End, les films très longs sont les plus en vogue. Leur succès va sans cesse grandissant. Les exploitants sont toujours sûrs de réussir à intéresser leur public par la production de films d histoire naturelle, de paysages, mœurs et industries exotiques. Au point de vue de la production étrangère, les préférences du public sont, par rang d'ordre, aux films américains, français et italiens, surtout en ce qui concerne les drames. Il semble que le public britanniaue se lasse un peu du comique et même des films à trucs. On accueille avec une faveur marquée les films colorés à la main. La cinématographie en couleurs naturelles ne s'est pas encore sensiblement propagée ici. Il n'y a guère que le théâtre de la Scala, de Londres, où le Kinémacolor réunit un public nombreux et mêlé, deux fois par jour, à trois heures de l'après-midi et à huit heures du soir, avec des prix légèrement augmentés. La Scala fait d'ailleurs toujours salle comble. En ce qui concerne la généralité des cinémas, ils changent de programme deux fois par semaine et, selon les circonstances, même trois fois. Mais c'est assez rare. La moyenne des films compris dans un programme est de sept ou huit et les séances durent d'une heure et demie à deux heures et quart. Les samedis et les dimanches on diminue cependant les programmes, afin de pouvoir augmenter le nombre de séances, et on supprime la projection d'une ou deux bandes. Les films allemands ne sont pas très goûtés du public britanniaue, qui semble d'ailleurs n'accepter au'avec un enthousiasme très relatif le film anglais. Cela tient peut-être à ce nue les acteurs anglais en relief se sont jusou'ici tenus à l'écart du cinématographe et que les interprétatiors Jes scénarios anglais laissaient à désirer. Mais, comme les lecteurs du Ciné-Journal ont pu le lire dans les échos de leur journal. Sir Herbert Tree vient de donner l'exemple en se convertissant franchement à la cinématographie. Il faut espérer oue beaucoup d'autres de nos acteurs en vue suivront dans cette voie le grand artiste. J'avais annoncé aue le Ministère de la Guerre avait décidé de recourir aux bons offices du cinématographe pour alimenter les casernes et garnir les cadres de l'armée. Les résultats obtenus par ce moyen de propagande ont été merveilleux. On va généraliser le système cet été et des projections seront faites un peu partout dans le Royaume pour exposer à la jeunesse, sous ses dehors les plus attrayants, la vie des casernes et des camps. Voilà donc le cinématographe définitivement adopté comme agent recruteur dans les services de la défense nationale de l'empire britannique. Ralph SCREEN. L'Enfant de Demain Si l'on se reporte à ce qu'était l'enfant au début du dix-neuvième siècle, et qu'on le compare à celui d'aujourd'hui, on trouvera certainement une différence énorme, autant que remarquable. Mais si l'on songe d'autre part à ce que sera l'enfant de demain, on ne peut s'empêcher de le considérer comme une pure merveille, au point de vue de son éducation à laquelle auront contribué tous les éléments les plus favorables et les plus raffinés. Parmi ceux-ci, il faut citer le Cirérra'cgraphe... L'enfant du vingtième siècle, né au milieu des multiples avantages créés par l'incessant progrès caractérisant notre époaue, cet enfant venu au monde au milieu de l'électricité, du téléphone, du télégraphe avec ou sans fil, des moyens de locomotion ultra-rapides — chemins de fer, automobiles, aéroplanes — a le suprême avantage de voir le Cinématographe couronner l'édifice des éléments accumulés pour son développement physique, moral et intellectuel. Le Cinématographe s'érige en face de lui comme un facteur d'une puissance inestimable pour faciliter son éducation et lui inculquai aisément toutes les connaissances, sinon les sciences inaccessibles pour la grande majorité des enfants d'hier. On peut dire que, de nos jours, l'enfant naît sur un degré de l'échelle sociale, au point d: vue intellectuel, qui pouvait être considéré, autrefois comme l'échelon suprême où il lui était permis d'atteindre jadis. Avec un " start », un départ aussi favorisé et favorable, jusnu'où ne pourra-t-il prétendre arriver désormais ? Les progrès modernes, et principalement le Cinéma, que dis-je presqu'uniquement celui-ci,