Cine-Journal (May - Jun 1912)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

N'intereKriez-vous pas du même coup l'opéra et Faust en particulier, qui nous offre le répugnant exemple d'un vieillard désireux de retrouver ses vingt ans pour séduire une innocente fillette, laquelle, rendue mère, recourt à l'infanticide pour se sauver du déshonneur. Ne parlons pas de Carmen, que vient de reprendre pour lui donner un charme nouveau Mlle Caroline Otéro. Tout cela n'est <( qu'agissements criminels »). C'est la matière de toute la littérature dramatique : faut-il la rayer d'un trait de plume? J'ai donc mis à mon programme un film qui évoquait après tant d'autres la fin tragique de quelques bandits selon les lois implacables de la justice sociale à qui force doit demeurer. Ces oeuvres présentées librement dans toutes les villes de France jusqu'à ce jour n'avaient donc froissé ni la moralité des spectateurs, ni celle des représentants de l'autorité. Nul trouble n'en souligna jamais l'apparition sur l'écran, et je me souviens de certaine fête en faveur de l'aviation, sous la présidence des préfets de la République et des magistrats municipaux, où l'écran nous névéla non seulement la capture de Bonnot et des siens, mais leurs propres portraits. J'avais donc mille raisons de croire que ce film n'étant pas censuré, pouvait faire à Lyon sa carrière ordinaire. Vous m'avez prouvé le contraire. Un irréfragable veto s'appesantit sur mon film, sans qu'aucune mesure de censure préalable ait jamais été prise contre la cinématographie française. Dois-je donc désormais, Monsieur le maire, vous présenter, avant leur passage, tous les films que je compte présenter à mon public? Allez-vous déléguer un commissaire censeur dans les cinémas de votre ville pour nous indiquer ce qui est bon et ce qui ne l'est pas? Allez-vous redonner à la vieille Anastasie ses ciseaux démodés? Si oui, dites-le nettement, Monsieur le Maire. Pour être juste — et vous savez l'être — vous serez obligé d'étendre un peu loin votre bras « inquisitorial », et vous toucherez, sans le savoir, cette liberté de la presse dont vous êtes le partisan le plus loyal, puisque vous aimez la légalité. Que font vos journaux, si ce n'est précisément traduire par l'image photographique et le reportage sensationnel, affolant, romantique, les exploits des grands bandits? Ces héros de l'anarchie criminelle ne se sont ] imposés que par les suggestives informations des grands quotidiens — qui sont en l'espèce les gros coupables. Nous ne sommes que des photographes. Eux sont des commentateurs. Entre nos articles et nos films, il y a le plus profond abîme. Monsieur le Maire, pourquoi nous charger de tous les péchés et nous faire payer le prix des fautes que d'autres ont commises? Notre art n'est pas malsain. Si vous respectez la liberté de la presse, respectez également nos œuvres d'actualités et d'information, prises dans la matière' même que travaille les journaux. Et voyez, Monsieur le Maire, quelle porte vous ouvrez à l'arbitraire en promulguant un arrêté d'interdiction contre tel ou tel film. Il suffira qu'un de nos concurrents — bien placé, je suppose, près de la municipalité — vous souffle une idée pour que vous lui accordiez satisfaction. La morale sera le prétexte de votre arrêté. Les affaires en seront la vraie raison. J'aurai donc été privé d'un succès au bénéfice de mon concurrent. Autre cas. M. Escartefigue, l'ancien maire de Toulon, était intéressé dans une entreprise de spectacle: Je voyez-vous prenant un arrêté pour empêcher la représentation d'une œuvre théâtrale dont aurait profité quelque établissement concurrent? Voyez-vous, enfin, ce que pourront faire désormais, si vous donnez dans ces mesures antilibérales, les factions