Cine-Journal (Sep - Oct 1912)

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— 10 — proteste contre la Censure Le cinématographe devient le bouc émissaire de l'augmentation de la criminalité et il est très à la mode, en France et ailleurs, de prendre des arrêtés municipaux interdisant la reproduction de telles ou telles scènes. Régulièrement, dans les autres villes, les moralisateurs à tous crins insistent pour obtenir les mêmes prohibitions et c'est à qui s'écrie : Que fait M. A..., M. B..., M. Max ou M. de Vos? Que n'imite-t-il M. Herriot, le maire de Lyon. Très franchement, je dirai que cette moralisation à coups d'arrêtés municipaux me sourit fort médiocrement Nous avons des lois, nous avons des codes qui définissent et délimitent l'immoralité. A M. Woeste appartient même l'immortel honneur d'avoir restreint ces limites. Ces codes et ces lois présentent le grand avantage d'être d'application générale et de ne pas distinguer entre la morale anversoise, bruxelloise ou liégeoise en Belgique. En France, il n'en est plus ainsi. Grâce à M. Herriot, il existe, en matière cinématographique, une morale lyonnaise et une morale parisienne. J'estime que l'exemple n'est pas à imiter Nous n'avons pas assez de pommes cuites à envoyer au bourgmestre de Roulers quand il interdit, sous prétexte de moralité, la représentation de La Fille de Mme Angoi ou d'une quelconque opérette et nous invoquons a Constitution et la suppression de la censure. De quel droit irions-nous faire exactement la même chose que lui sous prétexte de moralité cinématographique? A Paris, suggestionné par le noble exemple de M. Herriot, un conseiller municipal a exprimé l'intention d'interpeller M. Lépine sur l'immoralité de certains spectacles cinématographiques. M. Lépine s'est empressé de répondre d'avance à l'interpellation en faisant publier une note publiée par le Ciné-Journal. Et chez nous, demande un confrère clérical, n'y a-t-il rien à faire? Non, mon cher confrère, je pense qu'il n'y a rien d'autre à faire et j'irai plus loin en disant que la condition spécifiée par M. Lépine dans ses arrêtés est parfaitement inutile, attendu qu'elle est d'ordre général. Quant au reste, M. Lépine s'exprime on ne peut plus sensément en , disant qu'un arrêté proscrivant certaines scènes d'un genre déterminé, par voie de dispositions générales, paraît inutile et même dangereux. Inutile, parce que le cinématographe est assez perfectionné pour esquiver l'application de ces arrêtés de la façon la plus spirituelle. Des cambrioleurs, à 1 1 h. 60, l'heure du crime, s'introduisent chez un particulier, et, considérant qu'il a eu le mauvais goût de se réveiller, lui décernent un coup de couteau sous la dixième côte. C'est un crime. Mais les assassins vont plus loin; ils découpent la victime en petits morceaux d'environ un centimètre cube. Cela devient déjà grotesque. Après le départ des cambrioleurs, le domestique de la victime fait une prudente apparition, exprime sa stupéfaction par une pantomime vive et animée et entreprend de rassembler les morceaux et de les recoller. Cette entreprise extraordinaire réussit parfaitement, si parfaitement que la victime se relève et manifeste sa satisfaction par des gambades. Le crime, l'assassinat n'est plus qu'une scène comique. Il n'existe pas; il n'existera jamais lorsque la victime viendra saluer le public après son petit accident. Le cinématographe joue sur le velours et, comme le dit Lépine, les tribunaux s'empresseront de lui donner raison, pour deux motifs : le premier c'est que l'on ne peut, judiciairement, qualifier un fait qui n'existe pas, et le second c'est que le maire, ou le bourgmestre, auront en somme empiété, dans leur arrêté, sur les attributions législatives et que les tribunaux n'aiment pas Ça. En somme, il existe un article 384 du code pénal qui punit la reproduction d'images contraires aux bonnes mœurs. Les bonnes mœurs, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, ne sont pas limitées par l'obscénité. Quiconque porte atteinte à la morale et à l'ordre public commet un attentat aux bonnes mœurs. Cet article est amplement suffisant pour armer les pouvoirs publics et il est certain qu'un simple avertissement et la perspective de poursuites suffiraient, dans la plupart des cas, à arrêter les entrepreneurs de spectacles immoraux. En admettant même qu'il puisse y avoir, à ce sujet, des divergences d'interprétation, il resterait l'intervention législative, qui pourrait être sollicitée. Mais il n'appartient pas à une autorité