Ciné-journal (Sep - Oct 1912)

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29 — du législateur. Ils en feraient établir, des droits d'auteur, jusque sur la « façon » de mon habit, jusque sur la coupe de mon pantalon ou de mes bottines! Un peu plus de sagesse, de pondération et de discernement s'imposent. Les fanatiques sont aveugles ou féroces. Les fanatiques des droits d'auteur semblent, dans l'élaboration de cet article 14, avoir été l'un et l'autre à la fois. Ils se déclarent les plus grand amis, les défenseurs résolus des arts et des lettres, et dans leurs débordements de tendresse et de protection ils étouffent sans s'en apercevoir, ces Dieux qu'ils honorent avec une effusion tellement jalouse qu'ils ne se rendent pas compte du forfait sur eux perpétré, et dont leurs trop violents embrassements sont cause. Aveugles et féroces! Ces mots sont durs, me dira-t-on. Ils sont cependant exacts. Comment! les produits cinématographiques, c'est-àdire, avant tout, les scénarios de cinématographes, seraient dorénavant perceptibles de droits d'auteurs dans les cinémas! Mais n'est-ce pas là le plus grave attentat qu'il soit possible d'imaginer contre la littérature? Les littérateurs, les auteurs de pièces de théâtre, les chroniqueurs, les poètes, en un mot tout ce qui vit de la production littéraire, ne a ont-ils pas, du jour où ils pourront toucher ces droits d'auteurs dans les cinémas pour des scénarios de 10, 20 ou 30 lignes, bâclés à la diable, en style télégraphique, compréhensible pour le seul au monde qui les lira, le metteur en scène cinématographique, par des scénarios dont pas une phrase, pas un mot n'ira jamais au public, ne vont-ils pas, ces hommes de lettres, lâcher les belles lettres, les vraies, pour se lancer à corps perdu dans la production plus facile et plus productive du scénario cinématographique ! Et pourquoi, je vous le demande, ce dramaturge talentueux, dont le style châtié était si apprécié de tous et dont certaines tirades faisaient sensation, pourquoi cet auteur de fines comédies de qui l'esprit pétillant et caustique, dont là-propos et la justesse de réparties de ses personnages a emballait » à juste titre le public, pourquoi ce poète, ce chroniqueur, cet écrivain d'élite aux écrits émouvants et subtils, pourquoi tous ces « gens de lettres » iraient-ils se consumer encore en des veilles nombreuses et épuisantes pour édifier des ouvrages stylés de main de maître, dont un seul d'entre eux absorbait des semaines, des mois, une année, des années mêmes parfois d'incessant et opiniâtre travail, alors qu'en un seul jour vingt sujets de scénarios pour cinématographes vont pouvoir sortir de leurs mains, à chacun, sans souci aucun ni du style, ni de la forme, ces qualités étant devenues superflues. Pourquoi les auteurs mettraient-ils un an à faire une pièce stylée, quand en un jour vingt pièces sans style peuvent être faites par eux et pourquoi renonceraient-ils aux faciles et lucratifs profits journaliers de ceci, quand cela leur coûte cent fois plus de peine avec cent fois moins de profit! Oui ou non, est-ce endormir à tout jamais la littérature qu'on a voulu faire, en étendant à la production cinématographique la protection littéraire... et artistique? Est-ce la tuer à bref délai qu'on a tenté, et a-t-on, par le fait, voulu anéantir le patrimoine littéraire. A-t-on voulu, sinon, arriver à ce que le XXe siècle soit dénommé le siècle de l'anéantissement littéraire par le cinématographe! Ne serait-on pas tenté d'y voir une perfidie contre le cinématographe! On l'a déjà chargé de tant de forfaits, lui, la cause, comme l'âne de la fable, de tous les maux, qu'on veut maintenant en faire l'instrument de la décadence des lettres. Et qu'on veuille bien remarquer que ce sont les littérateurs (voir l'enquête du Figaro) qui ont réclamé à cor et à cris, l'application au cinématographe des droits d'auteur pour scénaristes. Ile méprisent en général (les auteurs) le cinéma, mais veulent tous manger à sa gamelle... par les droits d'auteurs. Voilà ce qui ressort clairement de l'enquête du Figaro. C'est plus lucratif, cela servira leur « far niente », tuera la littérature et... c'est pourquoi il fallait leur refuser cela à tout prix, dans leur intérêt, tout comme on refuse à un jeune homme qui va gaspiller sa fortune en orgies de lui accorder le libre exercice de ses biens, on le met sous conseil, dans le bien même de sa fortune, de sa santé et de ses capacités morales et intellectuelles. La fortune intellectuelle, pour ce qui nous occupe ici (la propriété de jouissance n'est que temporaire entre les mains de ses détenteurs) , appartient en propre pour l'avenir à la nation et il n'est pas permis pour celle-ci, par une loi ou par un projet de loi, favorisant les prodigues intellectuels dans un sens favorable à leur paresse en perspective, de détruire la fortune publique, surtout quand il s'agit de sa fortune morale, littéraire ou artistique. Ce qui est inouï c'est que ce serait précisément au nom sacré de protection littéraire et artistique que