Cine-Journal (Sep - Oct 1912)

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& 4 — qui vont grossir les caisses de la Ville de Paris et de l'Assistance publique. Nous contribuons au travail et à la vie de notre grande cité pour une part colossale et voici qu'on vient frapper une fois de plus à nos portes dans le simple but de trouver un million, si facilement disponib'e dans d'autres coffres-forts. M. le Préfet nous fait grand honneur mais nous nous serions fort bien passés de cet honneur. Au surplus, les raisons qu'il invoque contre nous sont merveilleusement déraisonnables. S'il existe dans Pans des affiches peintes ou des enseignes lumineuses qui masquent des monuments et enlaidissent ainsi la Ville de beauté, ce ne sont pas les affiches cinématographiques nécessaires à la publicité de nos salles. Presque toujours sorties des ateliers artistiques de Paris les plus réputés, conçues et exécutées par des artistes éminents, elles sont au contraire la parure de nos rues et de nos carrefours. Leurs notes claires et pittoresques jettent dans la tonalité grise ou noire des murailles une gaîté et un charme imprévus. Leurs couleurs sont le sourire des façades et je sais bien des coins qui seraient tristes sans elles. Le passant que la vie rend de plus en plus inquiet ou douloureux les regarde d'un œil amusé et cueille en elles une distraction gratuite par quoi sa mélancolie se dissipe. Comme les femmes, elles font partie de l'élégance parisienne: elles sont la ioie de nos yeux, trop souvent retenus par les enlaidissements considérables dont la Ville nous impose à profusion les travaux. Démolitions, vétusté, saleté disparaissent sous les affiches joyeuses. La tristesse du Paris condamné aux violences des entrepreneurs s'atténue beaucoup sous nos papiers peints : vraiment le préfet ne songe pas à ce que seraient nos rues s^ns les affiches en couleurs qu'il veut frapper d'un nouvel impôt. Quant aux enseignes lumineuses dont les lignes sinueuses irradient sur lc3 Bou levards, elles sont peut-être les plus précieuses décorations de ces artères où passe le monde — le monde entier. Rappelez-vous les soirs ténébreux de la grève des électriciens! Quelle nuit angoissante planait sur nos grandes avenues, quelle tristesse, quel froid ! La fée électricité éclaire les maisons et leur donne des visages souriants. Elle est aux façades, pendant la nuit, ce que la sculpture leur est pendant le jour : elle supplée à la gloire du soleil si incertaine dans les grandes villes. Et c'est elle qu'on veut imposer? Que M. le Préfet réfléchisse un peu : il ne taxera pas nos affiches, il laissera nos enseignes lumineuses — déjà si coûteuses — au prix que nous les payons. J'ajouterai que ces taxes nouvelles qui prétendent être la rançon de l'enlaidissement de Paris, me paraissent profondément immorales. Vous dites, M. le préfet, que les affiches — fussent-elles de nos plus grands artistes — enlaidissent Paris. J'accepte, à la rigueur, votre thèse. Mais alors, supprimez-les. En les frappant d'un impôt, vous les faites durer et vous prenez ainsi, vous, maître de Paris, votre parti d'enlaidisseur en disant : « Ça sera toujours un million pour mon budget! » De telles façons ont quelque chose de pénible. Elles consacrent les pires aventures, comme l'impôt sur le pari mutuel consacre les courses et le droit sur la cagnotte consacre la dignité des tripots. L'affiche en couleurs et l'enseigne lumineuse devraient être, en même temps nue d'excellentes réclames, des éléments de beauté sociale : elle concourent à la décoration des villes ~t à leur gaîté. L'important est qu'elle ne soit pas mal placées... et c'est à cela seulement que nous devrions veiller. Les taxer n'est qu'un regrettable moyen de boucler un mauvais budget. G. DUREAU.