Le Courrier Cinématographique (Aug 1911)

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8 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE L'initiative originale de ces dépotsremonte à une douzäine d'années et revient à un Russe habitant alors Paris, M. Boleslas Matuszewki. ILLexposa ses-idées dans une plaquette devenue rare et fort probablement la première sur ce sujet, tar elle parut en 1898 : Une nouvelle source de l’histoire, — Création d'un dépôt de enr historique. Ge titre et surtout les idées exprimées dans cet opuscule montrent combien l’auteur eut la notion très nette de la nécessité de constituer de semblables collections et de leur utilité non seulement quant à leur intérêt historique, mais aussi au point de vue du parti que l’enseignement pourrait en tirer. Îl préconisait la création à Paris d’un dépôt officiel installé soit à la Bibliothèque nationale ou à l'institut, soit à l’une des Académies s’occupant d'histoire, aux Archives ou au Musée de Versailles. Il versa d’ailleurs un premier fonds de vues animées prise par lui dans l’entouragé de l’empereur de Russie et notamment des scènes de la visite rendue au Tsar par le président Félix Faure. Il eut même l’occasion d’en offrir le spectacle à ce dernier, ainsi qu'aux soldats des casernes de Paris. « J'ai été surpris et charmé, par l'effet produit sur ces esprits simples auxquels j'avais occasion d'apprendre ce ue c’est qu'une grande manifestation nationale. » Il s’of rait également à compléter cette première collection par des scènes relatives au couronnement de Nicolas IL et au jubilé de la reine d'Angleterre et par des vues présentant un caractère historique qu'il se proposait de prendre au cours de ses voyages à travers l'Europe. Malheureusement, sa louable initiative ne semble pas avoir élé appréciée à sa valeur réelle, car Paris ne possède pas de dépôt de cinématographie historique. Tout au plus a-t-on récemment décidé à l'Opéra de conserver un certain nombre de cylindres et disques phonographiques ayant enregistré des spécimens du chant de quelques grands artistes. 11 était réservé à notre pays de s'engager dans cette voie nouvelle. Grâce, en effet, à l'excellente initiative de M. Camille Huysmans, qui à proposé « de ne pas négliger le document le plus moderne que nous ayons pour cons tituer les archives du présent qui demain seront Jes archives du passé », les Archives de la ville de Bruxelles ontconstitué depuis l’année dernière un fonds de films historiques contemporains. « On devine, comme l’a écrit le distingué _archiviste. M. G. Des Marez, toute l'importance qu'un tel fonds doit présenter dans un avenir même rapproché de nous, En effet, une représentation cinématographique rétrospective constituera non seulement une scène "de. vie sociale éminemment curieuse, mais fournira aux historiens futurs de ces renseignements bien plus complets que ceux que les gravures, les dessins, les photographies et les autres documents peuvent leur donner. En outre la projeclion lumineuse apprendra à connaître à l'enfant ce qu'est l’histoire de notre époque. » Ces films viendront, en outre, heureusement compléter la collection d'archives économiques contemporaines que réunit le même service. On sait en quoi consistent celles-ci : des prospectus de tous genres, programmes illustrés, etc, sont réunis et ces pièces qu'à première vue il semble puéril de conserver, constitueront plus tard d’inestimables documents sur la vie politique et sociale de notre époque. Le fonds auginente constamment et comprend actuellement une vinglaiue de films parmi lesquels, afin de faire mieux comprendre-:le principe directeur de la constitution de ces archives, nous citerons ceux représentant les funérailles de Léopold IE, la joyeuse entrée . du roi Albert, la revue des écoles de Bruxelles-en 1910, la visite à Paris des souverains belges, la réception du lordmaire et celle de l’empereur Guillaume 11, l'inauguration de l'Exposition et l’ouverture solennelle des Chambres. On saisit immédiatement la valeur qui plus tard s’attachera à de telles vues lorsqu'il s’agira de reconstituer l’histoire d’aujourd’hui ainsi prise sur le vif. Il est intéressant aussi de constater que ce dépôt crée une innovation unique, car : aucune collection similaire n'existe ailleurs. es catalogues, des réclames commerciales, dés” Il convient cependant de signaler ici quelques tentatives isolées et de moindre importance faites dans un sens analogue ou partiellement réalisées. L'Institut international de photographie documentée — dont une filiale existe à Bruxelles — à, par exemple, pris l'initiative de photographier sur film tous les anciens manuscrits de valeur n’existant qu’en exemplaire unique, Ces films pet être reproduits, présenteront l’immense avantage de permettre leur envoi en communication, car, placés dans un appareil ad hoc, ils projetteront en grandeur naturelle sur la table de travail le texte et les miniatures du manuscrit original. Que d’inestimables documents, aujourd’hui disparus, auraient été conservés si cette organisation eût existé avant l'incendie qui détruisit, il y a quelques années, la riche bibliothèque de Turin. La ville d'Anvers, d'autre part, permet, lors des fêtes et cérémonies publiques, à deux ou trois photographes privilégiés de prendre des clichés fixes moyennant le dépôt de quelques épreuves; les vues jugées intéressantes sont ensuile agrandies et conservées à titre documentaire. Dans le domaine scientifique également le film est appelé à acquérir une valeur inappréciable tant au point de vue de l’histoire de la technique qu’au point de vue purement pédagogique. L'Institut de sociologie, tout désigné d’ailleurs pour la constitution d’archives cinématoglaphiques scientifiques, a réuni quelques films reproduisant des scènes prises dans la grande industrie. L’Institut possède actuellement sept films qui seront ultérieurement publiés en album. H est enfin également question de créer à Paris, au Conservaloire des arts et métiers ou à l’Académie de médecine une section d'archives spéciales où seraient conservés des films scientifiques. L'idée en naquit à la suite de la présentation à l’Académie des sciences par le D' Doyen, d’une série de vues cinématographiques des microbes de diverses maladies et d'opérations chirurgicales faites par lui, * * *# Ainsi qu'on peut en juger, la question de la création darchives cinématographiques semble entrer dans la voie des réalisations prochaines. Personne d’ailleurs ne songerait à en contester l’intérêt ni l'utilité au triple point de vue historique, documentaire et pédagogique. Il faut done dès maintenant en organiser méthodiquement la constitution en réunissant des séries dé films, représentant des scènes de la vie politique, économique et sociale contemporaine : les séances mémorables de la Chambre, les grandes fêtes et cérémonies publiques, les séances de la Bourse, le mouvement intense des grandes artères, l'animation des halles et des marchés, l’activité des grands magasins, des ports, gares importantes, les transformations successives des villes, les diverses manipulations des produits industriels, les travaux publics, les manifestations populaires sont, entre mille autres, des sujets à photographier sur film et à conserver. Lés achats comme les dépôts particuliers viendraient constamment enrichir ces archives spéciales et l’on pourrait même, au besoin, créer un dépôt légal au même titre que celui des imprimés. Une importante question se pose ici: celle de la conservation des films. Ceux-ci, à en croire les spécialistes, peuventse conserver indéfiniment si les précautions nécessaires sont prises. Aux Archives de la ville plusieurs enveloppes de plomb les préservent de la lumière et de l’humidité. D'autre part, faute de se procurer dès maintenant un appareil auquel s'adaptent ces films, on se verrait plus tard dans l'impossibilité regrettable de les utiliser. Et si l’on songe aux récentes adaptations du phohographe au cinématographe, on peut espérer voir conserÿer bientôt, lorsque seront aplanies les diflicultés du début, des « films parlants » qui plus tard donneront à nos descen --dants l'illusion absolument complète de la vie d’aujour d’hui. Morgan FREDY.