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Première Année. N° 23
Le Numéro: 25 centimes
Le Courrier
Cinématoéraphique
ORGANE HEBDOMADAIRE INDÉPENDANT DE LA CINÉMATOGRAPHIE DES ARTS, SCIENCES ET INDUSTRIES QUI S’Y RATTACHENT
ABONNEMENTS :
FRANCE Unian ei RER TO Er
ÉTRANGER nie ns
Directeur : CH. LE FRAPER
Rédaction et Administration : 95, Boulevard de Magenta, PARIS TÉLÉPHONE 456-33
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aux Bureaux du Journal
L'Autre Danger
Il me revient qu’une société élrangère est à la veille, si lon n’y met le holà ! de faire élégamment le ‘‘ coup du Père François” à ce brave homme de Cinématographe Parisien.
Cette société, allemande dit-on, d’une puissance capitaliste considérable, admirablementorganisée, se propose de nronter à Paris, dans les principaux centres populaires ou bourgeois, une série de salles immenses dans lesquelles elle débitera — à tout venant — du cinéma gratuit.
Les salles sont prévues de 3000 à 4000 places. Elles seront parfaitement aménagées avec le dernier confort.
Quant aux spectacles, si nous en croyons les gens bien informés, on n’épargnera rien pour les rendre des plus attrayants.
On connaissait déjà le cinéma à 0,10 ct. avec ou sans bock. On-connaïissait même le cinéma gratuit aux terrasses de cafés de Province : ces fameuses exploitations en plein air qui ont ruiné les salles des villes où elles ont sévi.
Pourtant on ne se doutait pas qu'il -se rencontrerait un industriel assez peu scrupuleux pour lancer cette mode à Paris dans les salles.
Cette hérésie commerciale est cependant sur le point de se perpétrer. Si elle aboutit, notre.pauvre cinéma, dont la réputation n’est pas tellement glorieuse, risque d’en sortir sinon discrédité du moins fortement déprécié.
Le public paye difficilement ses places au cinéma. On la tellement gâté avec les faveurs, les demi-tarifs, les loteries, les primes et le reste, qu'il ne comprend pas aisément qu’on exige de lui autre chose que sa présence devant l'écran. S'il apprend que certains établissements donnent le spectacle pour rien, il ne paiera plus jamais nulle part.
Pour revenir à nos moulons, c’est-à-dire aux projets criminels de la société en question. D’après ce qu’on en sait, il s’agit d’une combinaison de “tickets commerciaux”, dont chacun connaît le mécanisme général. La Chocolaterie Poulain en est l’innovatrice en matière de cinéma. Elle en a fait en Province, pour ses produits, une réclame habile et fructueuse, mais elle n’a jamais recu ses clients à fitre gracieux.
Les porteurs de tickets ont toujours payé 0.10, 0.20, 0.30 ct., en semaine, et 0.20, 0.40, 0.60 ct., le dimanche.
Les consommateurs de chocolat apprécièrent fort cette faveur. Ils emplirent vite, surtout au début, les salles de cinémas afiliées à Hehocolaterie. Cette administration s'en trouva bien, paraît-il, car elle continue.
La société dont nous parlons aujourd'hui, opérera d’une façon analogue. Elle vendra à de nombreux commerçants, moyennant.un prix très modique, des milliers de tickels prime, que ceux-ci distribueront ensuite, à titre de cadeau ou de prime, pour un achat déterminé, à leurs clients.
Il est superflu d'ajouter qu'avec de tels moyens de diffusion, Paris sera saturé de tickets en moins de temps qu'il n’en faut pour. l'écrire. Les gens iront au cinéma par curiosité. Et puis, comme les spectacles y seront très soignés, ils y reviendront ; ils y amèneront leurs amis et le tour sera joué. La cinématographie parisienne aura vécu en tant que spectacle.
Elle ne constituera plus qu'un article de réclame lumineuse intéressante qu’on ne paiera plus pour regarder.
Il serait peut-être nécessaire en cette circonstance grave, de prendre certaines dispositions conservatoires. Il serait certainement prudent, devant le danger commun, d'oublier tous les dissentiments qui séparent les Cinématographistes et de délibérer tous ensemble, éditeurs, loueurs et exploitants, sur les: mesures à prendre ?
Cu. LE FRAPER.
AAAARIRARAIRARARRAINANRANR ARAARIANAINIRAIAA ——