Le Courrier Cinématographique (Apr 1912)

Deuxième Année. N° 18. Le Numéro : 25 centimes. Cinématoëéraph ORGANE HEBDOMADAIRE INDÉPENDANT DE LA CINÉMATOGRAPHIE DES ARTS, SCIENCES ET INDUSTRIES QUI S’Y RATTACHENT ABONNEMENTS : FRANCE : ; MONT ÉTRANGER 19 50 | Un an. Un an, L'Exclusivité On parle beaucoup de ‘“ l'Exclusivité ”, depuis quelque temps, dans le monde cinématographique. En rance, ce régime sévit avec une intensité très vive, et pourtant je n'ai jamais vu, je n’ai jamais lu dans es publications techniques, une étude intéressante Sy rapportant. J'avoue avoir essayé de trouver la lustification logique des procédés monopolisateurs de Certaines sociétés. Je confesse n'avoir jamais rien trouvé, même chez leurs plus chauds partisans. Ceci ne m’a point empêché d'étudier pratiquement une question que je considère comme vitale, et d’esSayer de m'éclairer aux sources de lumière les plus variées, Du fatras confus de tout ce qu’on nv'a dit,en faisant la part des passions humaines, j'ai cependant tiré certaines conclusions intéressantes, que je veux 5 ce soumettre à l’étude de mes fidèles lecTs. En principe, ‘ l'Exclusivité ” ou Monopole dérive du protectionnisme, système économique qui a soulevé beaucoup d’agitation, alimenté bien des polémiques Journalistiques, et même fait tirer, entre les peuples, € nombreux coups de canons. Ils ne sont point enCore tous d'accord à cet égard, car les protectionnistes ont des arguments sérieux à opposer aux libres ÉChangistes, Ces derniers semblent avoir raison, Ils Prétendent que le commerce étant une forme norMale de l'échange, il est inutile de le soumettre à des éories spéciales, difficiles à appliquer. Ils pensent, Comme nous, que le seul régime susceptible d'établir mi équilibre entre la production et la consommation St celui de la Libre concurrence. 3 Quoiqu'il en soit, toutes ces thèses sontdéfendables Pour toute industrie organisée, sauf pour la nôtre. En matière cinématographique, il n’y a pas, à ma Connaissance, d'arguments exclusivistes rationnels. est ce qui cause la fragilité dangereuse des diffé Directeur : CH. LE FRAPER Rédaction et Administration : 95, Boulevard de Magenta, PARIS TÉLÉPHONE 456-33 LA PUBLICITÉ est reçue aux Bureaux du Journal rentes tentatives de ce genre que nous enregistrons depuis quelque temps dans notre pays. La question est cependant très complexe. L'ÆExc/usivité peut, dans certains cas, avoir sa raison d'être. Ceci ne l'empêche pas d’être en général une formule malheureuse. Il y a trois formes principales d'exclusivité. Je les examinerai successivement dans le Courrier, mais comme je n'ai pas la prétention d’édicter des lois définitives, j'ouvre sur elles la libre discussion, et j'engage tous les cinématographistes à formuler en toute indépendance leurs idées personnelles. 1° Exclusivité exceptionnelle d'ur film ou de plusieurs J'admets qu’un commerçant qui a fait à l'étranger ou en France, à grand frais, l'acquisition d’un film exceptionnel, demande au producteur de lui réserver le monopole de la vente ou de la location de ce film dans un certain rayon. Cela lui permet d’en tirer un profit et de rémunérer équitablement son capital et son travail. 20 Exclusivité de la production totale bonne ou mauvaise d'un fabricant Ici, nous arrivons au Monopole, nous tombons dans la zone dangereuse du Trust despotique qui n'a pour but que de raréfier une marchandise afin d'en | élever le prix. ! Je n’admets pas le bien-fondé du fait de prendre en exclusivité la production intégrale d'un éditeur. Je ne l’admets pas parce que le besoin ne s'en fait pas sentir, et que ce fait constitue une atteinte à la liberté du commerce et une entrave au développement et à la prospérité générale d’une industrie. Il n’est pas douteux qu'ainsi jugulée, quelle que soit sa vitalité, une industrie doit péricliter et-périr, Dans le cas particulier de la cinématographie, en tenant compte de l'organisation actuelle, ce procédé devient une arme à deux tranchants. Il est néfaste pour l'exploitation tout en restant périlleux pour ses auteurs, généralement les loueurs de films, intermédiaires