Le Courrier Cinématographique (Sept 1912)

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baron donner l'adresse au chauffeur; en quel endroit Declérim-Bey doit être séquestré. Sa résolution est prise : elle ira « À l'Ami Polos.» En un clin d'œil, elle et la femme de chambre, ayant adopté la coiffure et la toi __lette classique des gigolettes, s'enveloppent dans leur _ manteau, hèlent une voiture,.et se font conduire aux __ fortifications, à quelque distance du repaire des bandits. . Le petit jour commence à poindre. Les voici devant la sinistre boutique. Elles tendent l'oreille. Dans la salle, on . rit, on boit, on danse au son d'un accordéon : le baron . a dû faire largesse... 4 Ninie frappe. Polos vient ouvrir et, l'ayant reconnue, il _ fait entrer les deux femmes. | —« C'est la poule au baron » chuchotent les dames présentes, tandis que leurs paladins forment le cercle autour _de.la belle Ninie. 4 — « Je suis envoyée par le patron — déclare celle-ci ‘ avec assurance — c'est rapport au type qu'ils ont dû vous amener tout à l'heure. » — « Il est en bas, au frais. » — « Je le sais, conduisez-moi, je me charge de le faire cracher, laissez-moi faire. » Polos, lui-même, ayant soulevé la trappe du sous-sol, précède Ninie qu'il éclaire. : ï Arrivée au bas des degrés, Ninie, un doigt sur les lèvres, . fait signe à son compagnon de se taire et, désignant _ Declérim-Bey, elle dit à Polos : _— « Cinquante louis pour toi, si tu m'aides à sauver mon amour. » s -— « Vous n'y songez pas. Et le baron ? qu'est-ce qu'i m'casséera si l’type en joue un air... » ._ — « Ne t'inquiète pas, je réponds de tout. Seulement, il ne faut pas qu'on en cause là-haut, arrange-toi. » Derrière une pile de madriers qu'il déplace, Polos démasque un soupirail qu'il est facile d'atteindre et, après un bref colloque, l'Egyptien, qui a revêtu des vêtements prêtés par Polos,:se hisse jusqu'à l'étroite ouverure et le glisse au dehors. _ Cinq minutes après, rejoint par Ninie et la femme de Chambre, ils gagnent, en courant, le taxi qui les emmeène à.toute vitesse. À É2 Chez Ninie. La belle fille que l'Egyptien a tenue un instant dans ses bras, s’est retirée dans sa chambre pour quitter son _ déguisement de gigolette. Le faux Declérim-Bey, s'assure alors qu’il est bien seul dans le salon et griffonne en hâte, ces quelques lignes : « Vous m'avez sauvé la vie, merci. je vous donne, à mon tour, le moyen de sauver la vôtre : . je suis le policier « Main de Fer ». Dans deux heures, la sinistre bande, à laquelle vous êtes affiliée, sera sous les verrous; si vous n’entra 0 vez pas la marche de la justice, je vous laisse _ fuir, sinon, je n'aurai pas plus de pitié pour vous S que pour vos complices. » « Main de Fer. » _ Il glisse le billet sous une enveloppe, et place celle-ci bien en évidence sur un guéridon. Il entr'ouvre la porte, _ pour qu'on puisse croire à une fuite, revient dans le salon et se blottit derrière un paravant après avoir eu soin de _ décrocher l'un des récepteurs de l'appareil télépho.. nique... __ Ninie rentre à ce moment. Surprise de trouver le salon vide, elle appelle, subitement inquiète. Ses yeux tombent _ sur l'enveloppe, elle l’ouvre, lit le billet, et le froisse aussitôt, d'un grand geste furieux. — « Canaille ! Vendu ! Judas ! Le flot crève, torrentiel, poussé par une colère aussi véhémente que le grand amour trahi qui désole son _ cœur, » ? I] faut que j'avise l’autre, car cette maudite casserole 22 s LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE “est capable de nous donner tous, avant qu'il soit long temps — songe Ninie — et elle se précipite sur le téléphone. Le baron et ses amis ont dû aller finir la nuit à Thélème. Elle appelle : : — Allo !... allo !.. l'Abbaye ?... Voyez si le baron de Croze est dans la salle, et priez-le de venir de suite à l'appareil, de la part de Mme Ninie... Trente secondes ne se sont pas écoulées que la voix du baron se fait entendre à son tour, et Main de Fer, derrière le paravent, surprend la conversation suivante : — Allo !... allo !.. C'est toi Léonce ?... — Oui... qui cause ? — Ninie © — Qu'y a-t-il ? — 1] y a que j'ai la preuve que ton Egyptien n'est autre qu’un dangereux roussin. Declérim-Bey et Main de Fer ne font qu'un. Nous sommes grillés, car l'oiseau... s'est envolé... de chez Polos. Il sort d'ici. — Allo !... Malheureuse, nous sommes perdus. Prends ton argent, tes bijoux et viens nous rejoindre au garage. Nous filerons en Belgique, par la route de Chantilly. . Allo !... C'est compris ? — Oui. — Il n'y a pas un instant à perdre... — Je le sais... à tout à l'heure... Ninie est allée préparer sa fuite et Main de Fer, qui a entendu le colloque édifiant, songe que pour lui, les instants sont plus précieux encore. : Les bandits et lui, sont manche à manche. A qui la belle ? + Sur la route de Chantilly. Deux automobiles ont passé en trombe à la barrière. La première est pleine d'agents, dans la seconde, le préfet de police, le chef de la sûreté, Main de Fer et des inspecteurs ont pris place. A l'endroit où la voie ferrée coupe la grande route, à la sortie d’un petit bois, les deux voitures s'arrêtent et les policiers en descendent. On ferme les barrières du passage à niveau, et les agents s'embusquent à droite et à gauche, dans les fourrés qui bordent la route. L'un des inspecteurs est désigné pour servir de signaleur et grimpe se poster en vigie, au haut d'un arbre, d'où l'on découvre la route à plus d'un kilomètre. Les voitures sont garées sous bois. Le préfet de police, le chef de la sûreté et Main de Feï, forment un petit groupe isolé, au milieu de la route. Main de Fer prend la parole : s — Conformément à vos instructions, Monsieur le Préfet, et en prévision de la résistance des bandits, résistance qui promet d'être acharnée, nous avons apporté. des explosifs. J'ai, dans la voiture, des engins à la dynamite et les détonateurs. — C'est parfait, mon cher Necker, faites-les disposer sur la route, à vingt pas en avant de la barrière du pa# sage à niveau, qui demeurera cadenassée, Si l'auto des bandits cherche à fuir, en marche-arrière, pour virer sur Paris, n'hésitez pas un seul instant, mettez le. con tact électrique, et. — Les voici, les voici... : Au haut de l'arbre, la vigie signale une auto qui arrive au loin, dans un nuage de poussière. Tout le monde se cache dans les fossés et sous bois. On entend maintenant le ronflement du moteur. L® voiture, dans laquelle Ninie, le baron et.ses deux lieu” tenants ont pris place, débouche au tournant de la route et, apercevant la: barrière fermée, bloque ses. freins deux mètres du passage à niveau, ri (Voir la suite page 43).