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Le Courrier Cinématographique (Sept 1912)

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6 ‘ LE COURRIER CINEMATOGRAPHIQUE Pour la liberté du Cinéma x | Le Cinéma c'est un peu du Music-Hall. C’en est même peaucoup. Il-n'est guère de spectacle, en effet, qui à l'heure actuelle, soit au début, soit à la fin, ne comporte quelques films. Or, la liberté du Cinéma et par conséquent de l'ut _—_ car la cinématographie est bien un art — est en Jéril. | Déjà, le syndicat des Cinématographistes a expose ses doléances au Gouvernement. En dehors de tout intérêt et pour la seule défense d’un principe, comme le fit déjà, du reste, excellemment M. de Pawlowski dans Comcœdia, le Music-Hall Illustré apporte sa protestation contre les ukases d’un grand nombre de maires de province. Tout le monde a lu dans les quotidiens que M. Herriot, le très distingué maire de Lyon, influencé, sans doute, par la fameuse vague de pudeur (expression très juste dont le père putatif est Laurent Tailhade), avait interdit dans sa ville les vues et projections représentant des agissements criminels. M. Herriot, est un homme fort lettré et très spirituel. Cela ne prouve pas qu'il ait toujours raison. En pareille circonstance, nous jugeons précieux ses conseils, mais nous nous refusons cependant à mettre les manifestations de l'Art sous la dépendance des maires qui, pour la plupart, sont loin d’avoir la valeur et l'autorité de M. Herriot. Chacun sait que les municipalités des villes de France ne sont pas toutes constituées par des hommes lettrés et spirituels. D'aucuns ont prétendu même que le suffrage universel qui les désigne, pratique quelques fois une sélection à rebours. Je n'ose insister. En tous cas le geste du maire de Lyon a été maintes fois imité par contagion. Dans presque tous les départements, surtout dans le Sud-Est nous avons vu des maires interdire des films dits criminels. M. Herriot est-il bien sûr que les films qu'il a boycottés étaient bien criminels ? ‘ D'après mes renseignements personnels il s'agissait en l'occurrence simplement de films d'actualité reproduisant, à l'instar du Journal, du Matin, d'Ercelsior, etc... la capture des bandits tragiques. Cela n'a pas empêché le Temps, organe attitré de MM. Béranger et Cie de féliciter à maintes reprises les maires boycotteurs. Pourquoi deux poids et deux mesures? Pourquoi permettre à un journal toutes poses ou illustrations et interdire à un établissèment de cinématographe un film simplement d'information ? Mais, j'irai plus loin : En admettant que les reproductions des exploits véridiques des bandits satisfassent les vils instincts de la foule — ce dont je doute — que vont faire Messieurs les Magistrats municipaux à l'occasion des œuvres de pure imagination ? Comment permettront-ils de reconstituer des scènes historiques qui, nous le savons tous, ne furent souvent que des actes du plus odieux brigandage ? : Ils feront de l'arbitraire. Le mot a du reste été prononcé par M. Lépine et certains journaux l'en ont félicité. 3 Eh bien! d'avance, contre ces maires, contre leurs décisions arbitraires, contre les armes que la loi leur donne imprudemment, je proteste avec énergie. Mieux vaut cent fois le rétablissement de la censure qu'un régime bâtard, où un maire qui peut être un parfait imbécile jugera ex cathedra sans appel : « Geci est bon ! Ceci est mauvais ! J'interdis tel spectacle ! Jautorise tel autre ! » Les maires sont tous des politiciens quoiqu'ils s'en défendent ; ils ont une tendance très humaine, et dont je les excuse, à tout ramener dans un jour personnel, égoïste, intéressé, faux... Si donc une bonne loi bientôt promulguée ne modifie l'état des choses actuelles, nous n'avons pas fini de rire ! Un maire royaliste interdira au cinéma la mort de Louis XVI, le serment du Jeu de Paume; un maire socialiste le couronnement de Napoléon, le retour de l'Ile d'Elbe. un maire radical, la béatification Curé d'Ars et la procession de Lourdes... ; Vous riez ? Il n'y a pas de quoi ! La pudeur huguenote ou laïque nous a valu l'émasculation, la neutralité des romans contemporains, comme l'a fort bien établi Paul Reboux, elle ne s'arrêtera pas en si bon chemin dans S4 fièvre de destruction. Ce qui m'étonne c’est qu’un intellectuel talentueux et, qui plus est, un homme politique éminent qui professe la liberté de penser et d'agir ait pu rédiger l’ukase suivant : « Considérant que depuis quelque temps certains pro” priétaires de théâtres cinémalographiques offrent en spectacle au public des erhibitions animés représentant des agissements criminels. « Considérant que ces évocalions sur une scène de théâtre constituent une publicilé scandaleuse organiste autour du crime ; que cette publicité ne risque pas SeW lement de troubler lordre, mais qu'elle est aussi ul spectacle démoralisant 7 ‘ « Considérant qu'il importe en conséquence de sous" traire à la vue du public, surtout des jeunes gens, de exhibilions de cette nature ; que dans ces conditions: ! convient de les interdire. » C'est clair, précis, formel ! M. le maire de Lyon, sénateur du Rhône, a-t-il l'intention d'interdire dans sa bonne ville les tragédies antiques, les drames de Shakespeare et les mélos romall” tiques... où les assassinats, les viols, les incestes ne son point rares ?.. on le croirait! t Œdipe-Roi est plein d’agissements criminels ; Hamle À Macbeth se rendent coupables de quelques homicides avec préméditations.. Et les Brigands de Schille®s comme ils dégotent nos bandits modernes ! Et Lucrét Borgia, comme elle fait la pige à l'héroïne de l'impas$ Ronsin ! £ > Nous sommes en pleine confusion... et la situation Fe fera qu'empirer... Chaque jour, si on ne trouve 4 remède, la liberté sera violée, au nom d'une pseu morale. ; a Nous regrettons infiniment que le cinéma ne soit pt plus souvent l’auxiliaire de l'instituteur et du morë ie et qu'il n'établisse pas plus de films éducateurs. 46 faut pas oublier, cependant, qu'on va au cinéma C0 où à l'Opéra ou au Moulin-Rouge pour se distraire et a comme au Lycée ou à la Sorbonne pour s'instruiré| ;] Le public est seul bon juge du spectacle pour Lea ie paye et auquel il assiste, il n'a pas besoin des consé ou des lunettes de Monsieur le Maire ! :ents Je ne suis pas sûr que la Liberté ait des inconvénie et je suis certains que la tyrannie est un régime nous ne supporterons pas. Protestons. ! Léon VIBERT (Le Music-Hall). se sectes css se PR nt e À V i S Toutes les Communications DERNIÈRE HEURE ” 4 Ta ce être adressées à L'IMPRIMERIE pu COURRI