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LE COURRIER CINEMATOGRAPHIQUE
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développer ses idées, y soumettre ses revendications.
C'est dans ces conditions que nous avons accueilli l’article de M. R. Sprécher : Une intéressante Proposition, dans lequel celui-ci proposait dé changer le programme des cinémas deux fois par semaine.
C'est pourquoi nous publions aujourd’hui l’intéressante réponse d’un Directeur parisien, M. Goirand.
Nous publierons avec le même empressement tout ce qu’on nous soumettra sur cette question, l’impartialité étant de règle au Courrier.
Réponse de M. GOIRAND
Directeur de l’'Eden-Cinéma(rue d'Allemagne)
à M. R. SPRÉCHER Représentant à Paris dela M. P. Sales Agency
Que M. Sprécher me permette d’user, à mon tour, des colonnes du Courrier pour lui présenter quelques observations purement amicales, toutes personnelles sur son article: Une Proposition intéressante. Cet article est très habilement écrit. Il fait le plus grand honneur à son auteur, mais il plaide surtout la cause des éditeurs et des loueurs sans se préoccuper des directeurs de cinémas, dont on ne parle jamais que pour les frapper d’une contribution nouvelle.
La France, dit-il, absorbe à peine une trés faible partie de la production mondiale du film... C’est parce qu’on produit trop et que l’on se soucie trop peu dela valeur des vues. On nous présente, en effet, 20.000 mètres d'échantillons par semaine, mais, à de rares exceptions près, 10 à 15 0/0 à peine de ces vues restent dignes d'attirer l'attention et de figurer honorablement dans un programme.
Le distingué directeur de la M. P. Sales Agency nous affirme que le nombre des cinémas est insignifiant en France. Connaîtrait-il par hasard quelque bonne place inoccupée? Qu'il nous l'indique sans perdre de temps, nous y courrons de suite. Il est pourtant de notoriété publique que Paris est la ville des plaisirs. Les étrangers y viennent lorsqu'ils veulent se distraire agréablement. Ceci tendrait à faire supposer qu’au moins ici nous savons organiser nos spectacles.
L’aimable et fougueux avocat des programmes de trois jours est-il véritablement convaincu du bien fondé de cette mode nouvelle d'exploitation. Est-il sûr qu’elle consolidera l'avenir du cinéma ? Je crois au contraire, parce que je connais les exigences de la coneurrence, le manque de volonté et le peu de solidarité de nos collègues, qu'on irait dans cette voie à l’encontre de nos intérêts les plus stricts.
Dans ce milieu toujours renouvelé des directeurs de cinémas, composé de tant d'éléments divers, si peu au courant de l’économie du métier, si.par hasard nous acceptions un. tel principe, avant 6 mois nous changerions nos spectacles chaque jour. Cette éventualité, si elle enrichissait quelques loueurs encombrés de stock, ne manquerait pas de provoquer la ruine d'un grand nombre d’entre nous.
M. Sprécher a fait, dit-il, enquête chez les loueurs. Il aurait dû dire, pour être sincère, chez un loueur, car j'ai interrogé les trois autres, ils sont d'avis contraire. Si le loueur en question usait de procédés un peu plus modernes, ses vastes magasins ne regorgeraient pas de films improductifs et il ne demanderait pas une mesure profondément dangereuse pour le cinéma. L'article de M. Sprécher est d’un excellent marchand de films, mais nous ne penserons jamais comme lui en cette matière, et nous resterons forcément de l’autre côté de la barricade.
Non ! Décidément, on nous propose là un marché de dupes. À l’heure actuelle, les éditeurs font fortune, les loueurs réalisent des bénéfices coquets et les exploitants vivotent. Ne détruisons pas, pour complaire à une minorité insignifiante, un état de choses qu’on ne saurait reconstituer, Soyons prudents! Repoussons avec énergie les conseils intéressés. Ils peuvent jeter des perturbations profondes dans notre industrie et en compromettre l’équitibre, au bénéfice de quelques accapareurs sans scrupules. Souvenons-nous enfin que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
GOIRAND, Directeur-propriétaire Eden-Cinéma, (rue d’Allemagne), Paris.
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