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8 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
LA CRISE
Notre confrère, Georges Dureau, continue son enquête sur la crise. Il interroge les directeurs sur les questions de la location et des exclusivités. C’est ainsi qu’il a publié dans le Ciné-Journal, les idées de MM. Charles Pathé et la réponse de M. Louis Aubert, le directeur de la Compagnie Générale du Cinématographe. Nous lui empruntons aujourd’hui l'interview de M. Kastor, l’un des trois directeurs de l'Agence Générale Cinématographique.
Bien que certaines divergences de vues semblent nous séparer de l’A. G. C., Le Courrier tient à lui ouvrir ses colonnes. Il entend par là, affirmer une fois de plus son indépendante impartialité.
. J'ai lu, me dit M. P. Kastor, avec beaucoup de plaisir, les deux interviews de M. Ch. Pathé et de M. Louis Aubert que vous avez publiées dans Ciné-Journal. Elles révèlent toutes les deux des maux que j’ai maintes fois signalés dans le domaine si délicat de la location des films et vous ne serez pas surpris de me voir donner raison, d’une façon générale, à l’opinion de mes deux collègues.
J'ai particulièrement trouvé très justes les idées de M. Charles Pathé, touchant les bandes « contrôlées ». Nous ne devons pas lâcher sur le marché, un nombre trop grand de copies d’une même œuvre, cette œuvre Fût-elle un grand succès. Rappelez-vous le cas mémorable du Siège de Calais, ce très beau film en couleurs, de chez Pathé frères, qui fut vendu, à raison de 92 copies à Londres ! La bande passa dans tous les établissements anglais en une semaine... puisque tous les directeurs l’exigèrent en première sortie. Ce fut un triomphe, mais une mauvaise affaire, car, au bout de quinze jours, sa valeur locative était tombée à zéro. Pas un loueur ne put l’amortir.
Le loueur raisonnable a pour premier devoir de ne pas encombrer la place. M. Gaumont l’a fort bien compris, qui limite à sept copies par semaine, le nombre de ses nouveautés en location dans Paris. Que rapporteraïient, en effet, des bandes qui seraient, au même moment, entre les mains de tout le monde ? C’est en leur donnant une rareté relative qu’on leur accorde quelque prix, l'exploitant ayant tout intérêt à ne pas offrir à son public le même spectacle que son voisin.
J'arrive ainsi à émettre cet aphorisme peut-être déconcertant, mais fort juste, queix les meilleures bandes sont les plus mauvaises pour les loueurs ».
Mon distingué collègue, : M. Louis Aubert, ne dit rien, au fond, qui contredise les assertions de M. Ch. Pathé et rien que nous ne puissions accepter à l'Agence générale cinématographique. Je m'étonne seulement qu’il se soit laissé aller à employer le mot d’ « accaparement », semblant ainsi prendre pour son compte une idée tout à fait erronée.
Il n’y a pas d’accaparement possible sur le marché
du film, alors que chaque semaine plus de 25.000 mètres de bonnes bandes sont présentés au choix des acheteurs. Il n’y en a pas non plus d’entrepris. Les exploitants français ont notamment à leur disposition, chaque semaine, une variété formidable de films, de sujets, de genre et d'intérêt très divers et qu’il leur est facile de prélever dans plus de cinquante marques.
Nour leur offrons pour notre part des productions très différentes.
Trois d’entre elles nous sont spécialement concédées (Eclipse, Film d’Art et Milano), mais les autres sont à vendre et à louer pour tout le monde. :
Nous n’accaparons même pas l’excellente production de 1’ « Eclair », puisque deux agences en ont en France la location.
Et me voici amené à vous parler des exclusivités au sujet desquelles tant de mots ont été dits sans beaucoup de raison !
Ne répète-t-on pas sur tous les tons que nous sommes obligés d”’ « avaler » toutes les mauvaises bandes que nos éditeurs nous envoient. On semble indiquer ainsi que nous devons prendre autant d’exemplaires d’une bande faible que d’une très bonne. Rien n’est moins exact car si nous possédons à l'Agence l'exclusivité de quelques marques, cela ne veut pas dire du tout que nous soyions obligés d’absorber tous les films de ces marques et contraints, par conséquent, à les 1mposer dans nos programmes quelle que soit leur qualité. Nous sommes liés par un contrat qui nous impose ui minimum de métrage à choisir parmi les bandes que nous trouvons bonnes. Le droit de ne pas prendre telle ou telle bande nous est parfaitement acquis. En fait, nous dépassons chaque! mois notre minimum et c’est vous dire qu’il ne nous gêne pas... 12
On ne saurait prétendre que nous forçons la main À nos clients. Leur liberté tout entière est réservée. Ceux de Paris choisissent leurs programmes après avoir vu nos nouveautés, et personne ne pourrait leur faire prendre une bande qui ne leur plairait pas... Quant 4 ceux de province, soyez certains qu’ils auraient vite fait d'abandonner leur loueur s’il leur donnait des films qui ne plaisent pas à leur clientèle ! !
Où donc alors est le danger pour les clients ? Où voiton quelque péril derrière ce grand mot d’exclusivités et comment parle-t-on d’accaparement juste à l’heufe où le marché du film souffre justement d’une crise de liberté ? $
Ainsi que M. Charles Pathé, je vois l’avenir dan un système commercial qui réserverait à chaque loueuf un certain nombre de marques où un certain nombre d’exclusivités et à chaque client le droit de glaner chez tous les loueurs ce qu’il jugerait bon pour ses progratmit mes.
Ainsi parla le directeur de l'A. G. C. Nous laissons à nos lecteurs le soin d’apprécier Ses principes et la faculté de les discuter. Les cor lonnes du Courrier, qu’ils ne l’oublient pass sont ouvertes à tous. Chacun peut y soumettre ses idées, y développer ses arguments dans 110:
térêt supérieur de tous. En cette circonstances
comme toujours, Le Courrier met ses actes El conformité avec ses paroles.