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18 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
EEE —
arole, ou on: manipulera les documents avant de les cataoguer ét de.les envoyer au -dépôt.
3° Ses salles de travail = salles de lecture ou d’audition — où les documents parlés seront communiqués au public.
Il est à souhaïter que le Musée de Îa Parole possède en outre dès que ses ressources le lui permettront :
4 Un amphithâtre où seront faits les cours et conférences exigeant des auditions en commun lou des projections démonstratives de graphiques du langage. RER SE
Il ne faut pas se le dénitiés : l8 grand publie n’est pas assez versé dans les sciences liées à l'étude de la parole pour apprécier tout dé suité l'utilité de-cette entreprise et en tirer plaisir ou profit. Pour l'intelligence historique ou critique d’un phonogramme, il faudra une éducation spéciale : c'est dans l’amphitéâtre publie qu'elle sera donnée.
5% Un ou deux laboratoires de recherches pour l’'amélioration des procédés d'enregistrement.
En effet, si l’on peut se fier à la concurrence industrielle pour réaliser dâns là construction du phonographe les progrès les plus intéressants, il n’en va pas de même pour les procédés graphiques ét photographiques employés par les seuls savants, plus, intéressés à pousser leurs travaux avec les instruments qui existent qu'à en inventer de nouveaux.
.Des concours, affectant des prix en espèces à la réalisation de tel progrès défini, donneraient sans doute d’excellents résultats.
üv li se trouvera peut-être quelques personnes pour demander la création au musée de la Parole d’une clinique où seraient traités les cas de surdité mentale, les vices de prononciation, ete.
Pourquoi ne pas réaliser ce vœu, si les ressources du Musée le permettent ? Nous éstimons, cependant, que les cliniques seraient plus à leur place dans l’Institut de phonologie, d’otologie, de laryngologie, qui ne peut manquer de se créer un jour. Le Musée de à Parole a pour mission de recueillir, de classer et de conserver des spécimens parlés du langage. C’est une tâche déjà considérable que l'on ne mènera pas à bien sans beaucoup de travail et de grandes dépenses. |
Peut-être, cependant, le Musée ne s’écarterait-il pas trop de sa mission, se souvenant du sens que les anciens donnaient au mot musée, s’il devenait par quelque annexe une sorte d'école des langues modernes, Là, l'employé, l'ouvrier, désireux de parfaire leur instruction iraïient respirer un peu de cette atmosphère que crée la conversation multipliée des indigènes et qui est la plus fructueuse des leçons. Les documents seraient recueillis suivant une pédagogie puremeut pratique qui n'exelurait pas les morceaux récréatifs, mo
nologues comiques, saynètes, etc. Le texte illustré du phonoÀ
gramme serait placé sous les yeux de l’auditeur.
[1 faudrait done pour chaque section un minimum de trois salles indépendantes : la salle des archives, la salle-d’enregistrement, la salle publique. La bibliothèque de linguistique et de phonétique, l'exposition permanente des appareiis pourraîit trouver place dans les salles publiques. Il va sans Gire que si cette dernière exposition ‘n’est pas indispensable, la conservation en bon état de fonctionnement d’un type de
chaque appareil enregistreur est nécessaire. Lorsque le pro-:
grès aura d’abord écarté, puis fait oublier quelques-uns de ces appareils, il faudra bien, pour l'intelligence où pour l'audition des documents qui en seront issus, qu’on en possède au moins un de chaque sorte. Un jour viendra, d’ailleurs, où ils ne devront leur salut qu’à leur inutile et un peu ridicule vébusté. C’est aussi le sort des choses.
Les visiteurs du musée
Envisagé sous un autre aspect, on va voir le Musée de la Parole, ou plutôt ses richesses documentaires se diviser de façon à satisfaire commodément les diverses formes de la curiosité publique. Il se trouve que cette raison de convenance imposé précisément la classification la plus logique que l’auteur du projet expose ainsi qu'il suit : je
Quels seront, dans les temps à venir, les visiteurs de ce musée ?
D'abord, et sans contredit, le linguiste. Que de profonds changements dans les langues en quelques siècles ! Certes, le linguiste trouve dans les bibliothèques des échantillons intéressants de presque tous leurs moments, depuis l'invention de l’imprimerie. Mais les bibliothèques ne sont que de vastes nécropoles du langage. Si les idées y vivent toujours avec la même éternelle jeunesse, le verbe qui les transmet aux géné
rations des hommes y meurt lentement de la même éter-’ nelle mort. Dans notre bibliothèque parlante, au contraire, le linguiste, le philologue, pourront.à jamais écouter ou examiner des spécimens de la parole d'autrefois. Ils enten’
-dront en quelques minutes le langage de quelques siècles.
ne évolution cinq fois séculaire leur apparaîtra dans le raccourci prodigieux de cinq minutes. Deux phénomènes subséquents à cinquante ans d'intervalle se suivront immédiatement avec la même évidente corrélation que l'éclair et le coup de tonnerre. Alors la vie verbale se manifestera dans une lumière nouvelle.’ :
Aux côtés du linguiste, entreront aussi «u Musée de la Parole, MM. les phonéticiens, ces bénédictins de l’histoire du langage. Armés de la loupe, de la chambre claire, du compas, ils seruteront, compteront, mesureront, penchés sur les plyphes mystérieux que ee anes vocaux tracent eux-mêmes pendant l'émission d’une voyelle ou la préparation d’une consonne. Le phonéticien fournit aux linguistes des matériauxCest lui qui fera la topographie phonétique de la France. de l'Europe, du Monde. Il dira peut-être quelles influences historiques, géologiques, climatériques, établissent des barrières infranchissables, mesurent le terrain à chaque forme vocale ; pourquoi, dans un même pays, l'r gras seyé en deça de telle crète, de telle vallée, est roulé au delàQue de problèmes intéressants se posent, que le Musée de la Parole aidera les savants à résoudre !
Celui qui s'intéresse à l’histoire d’un pays, d'une époque; d’une race, d’une famille d'hommes ne se ispensera pas de l'étude des documents parlés qu’ils auront laissés. Un jour viendra qu'il devra de sa chaire de nrofesseur les faire entendre à son publie. Croit-on que si le 17° siècle nous avait conservé le phonogramme des Précieuses ridicules, la parole authentique de Julie d’Angennes et celle du Grand Roy, celle de Bossuet et celle du grand Condé, celle de Molière et celle de Chapelain, celle de Mansard et celle de. Le Nôtre, celle des marquis et des laquais, les rondes d'enfants et les cris de la rue, toute la parole enfin de ce siècle enrubanné, croiton qu’il ne se dégagerait pas de l’ensemble de ces documents un” enselghement suggestif, émouvant, décisif? Un témolgnage vaut cent conjectures. En dehors des petites ou des
randes idées que se renverraient comme les motifs d’une
ugue ces voix d’outre-tombe, illustres ou obscures, quel en
seignement à tirer des voix elles-même ! Ne sent-on pas que les hommes doivent avoir l'accent de leur époque comme LS ont l’accent de leur terroir ? Est-ce que l'historien peut négliger ces leçons de la parole ? +
S'il ne le peut pas, le critique ne le pourra pas davantage; lui qui est Po en d'une œuvre, d'un auteur. Avant de parler dé Bossuet. Brunetière se fût-il dispensé d’aller re. és de lui un peu de l’enseignement qu’il allait donner sur ui ?
C'est qu'il y a dans la parole d’un homme, et même du plus grand, la plus naïve révélation de son moi intime. La « phonologie », ou psychologie par le langage, n’est pas encore née. Elle naîtra. Run acte n’est plus étroitement lié que la parole à l’état physique habituel ou accidentel, à l’état psychique que provoquent un sentiment, une émotion. La moitié de l’art dramatique est dans la possession naturelle ou acquise du don de créer la parole d’un personnage, de lui faire une sorte de voix, claironnante ou sourde, une espèce de débit, volubile ou bafouillé, qui vous campent tout de suite le bonhomme. Les nuances sont infinies. Et si tout u” public peut sentir unanimement s'associer au sentimen exprimé par telle manière de dire, il faut bien qu’il y ait un sens intime attaché à chaque raffinement de la diction.
Le comédien ira donc recueillir au Musée de la parole les leçons et les exemples de ses plus illustres prédécesseurs, Certes, il doit demander ses modèles à la vie; mais s’ensuit-l qu’il puisse mépriser les enseignements de ceux'qui sure” le mieux copier la vie? Il y a dalle certains genres dramatiques, la tragédie racinienne, par exemple, qui .appar” tiennent tellement plus à la tradition qu’à la nature, que $! l’on pouvait reconstituer exactement l'interprétation de l’époque, dans les décors de l’époque, le public vraiment raïfiné n’en voudrait pas d'autre. ë
Le Musée de la Parole ne serait pas complet s’il n’offrait pas à la postérité des modèles choisis de l’éloquence danS tous les genres. Il demandera donc à M° X... une de ses plaidoiries, à Mgr... un sermon, au citoyen Z... la plus subversive de ses harangues, au président du Conseil A... son mel” leur discours de combat, au tribun B... un choix de ron flantes périodes, au leader C..…. quelques bons « coup de