Le Courrier Cinématographique (June 1913)

Troisième Année. No 26. Le Numéro : 25 centimes. Le Courrier Cinématoéraphique ORGANE HEBDOMADAIRE INDÉPENDANT DE LA CINÉMATOGRAPHIE DES ARTS. SCIENCES ET INDUSTRIES OUI S’Y RATTACHENT = — = ABONNEMENTS : # Paris. . AOL FT: Frot Départements 15 » ÉTRANGER . . 20 » Directeur : CH, LE FRAPER Rédaction et Administration : 28, Boulevard Saint-Denis, PARIS TÉLÉPHONE: 456-33 LA PUBLICITÉ est reçue aux Bureaux du Journal FERMONS LES CINÉMAS pendant la Saison d'Été O Les premières fortes chaleurs de l’été ont fait baïisser de sensible façon les recettes des cinémas. Aussi, bon nombre de directeurs ont-ils pris la louable iniliative de fermer cette année, pendant quelques Semaines, leurs établissements, et d'aller prendre un pn bien gagné dans le calme d’une retraite paisible. ’ai. toujours été contre les exploitations intensives. Elles fatiguent le public sans aucun profit, tout en épuisant les éditions de films qui sont tenues de produire quand même un métrage équivalent de bandes. ’est pourquoi je signale volontiers le mouvement Qui se dessine dans l'exploitation, en l’approuvant Sans réserve. Il est certain qu'au début du Cinéma, au moment Ou les salles de spectacles peu nombreuses étaient Prises chaque jour d'assaut par une clientèle avide de Voir et de connaître l'attraction nouvelle, une fermeture momentanée eut provoqué une légère moins-value dans les bénéfices. Mais aujourd’hui, il n’en est Pas ainsi. Le public, sollicité de tous côtés, est saturé e cinéma. Il y vient encore en nombre imposant, Mais il n’est pas malaisé de voir qu'il y met beaucoup Moins d'empressement qu'autrefois. La clientèle des petites salles populaires de quartier se raréfie peu à Peu, tandis qne celle des grands Palaces plus conforlables et plus luxueux, augmente régulièrement. Ceci tend à laisser supposer que le public populaire posSède une cerlaine coquelterie, et demande quelque pien-être que la salle de son quartier ne lui donne as, [e) La traditionnelle clôture annuelle, mise depuis toujours en pratique dans les théâtres, permettrait aux directeurs de cinémas de rajeunir leurs établissements et de les embellir. Instruits par l'expérience d’une exploitation suivie, ils apporteraient à leur installatiou des modifications souvent nécessaires, et la saison revenué, ils offriraient à un public reposé, dans une salle fraîchement remise à neuf, des spectacles inédits à bon compte, puisque da même coup, ils franchiraient la barricade de la première semaine, en décalant leurs programmes. Les Editeurs produiraient un peu moins, ils soigneraient mieux leurs films ; les Loueurs pourraient enfin souffler et s'organiser en vue d’une campagne prochaine. Quant aux employés permanents des salles, les opérateurs, ils ont bien gagné le droit de respirer un peu, et n’en montreraient que plus de zèle et de courage à la rentrée. En somme, cette solution de continuité dans l’ordre des spectacles en briserait la-monotonie: Et si l’on objecte que la clientèle se disperserait dans les cinés de plein air où les établissements restant ouverts, il est certain qu’elle reviendrait en nombre à son cinéma habituel, ne füt-ce que par curiosité. D'ailleurs, l'année dernière, un certain nombre de cinémas fermèrent leurs portes pendant la saison d'été. Il.est probable qu’ils sont satisfaits de cette méthode d'’exploitation, car ils recommencent cette année. \ Charles LE FRAPER,