Le Courrier Cinématographique (Sept 1913)

Troisième Année. N° 37. Le Numéro : 25 centimes. 13 Septembre 1913 ee EE Le Courrier IionHnnnn cINÉMATOGRAPHIQUE OO000000 ABONNEMENTS : FRANCE \ Paris: 55 10fr. Fa l Départements 15 » BANGER _... ... 2» Directeur : CH, ÉE FRAPER Rédaction et Administration : 28, Boulevard Saint-Denis, PARIS k . { Direction : Nord 56-33 TÉLÉPHONE : Imprimerie : Central 66-64 ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE : COURCINÉ-PARIS Serrez les freins, s.v. p. Ipépuis tantôt deux ans que la mode en est venue, leu RgS films ont envahi le marché, l'ont enlacé de My, SPirales mouvantes, pour mieux l’étrangler. les ne Editeurs, surenchérissant comme d'habitude de $ Sur les autres, se sont mis à lirer au métrage, | Am 0 mètres en 1911, nous arrivons en 1913 aux Son € 4.000 mètres. Eh bien ! c'est assez. Je crois t qu nellement que le degré d'absorption est atteint à le public qui commence à bâiller à 1.200 mèler, césertera ientôt les cinémas où l'on affiden f des programmes kilométriques de films qui enissent plus. iles | Sujets les plus fertiles sont délayés dans de JOngueurs inutiles que toute action disparaît et lrai entrigue la plus ingénieusement combinée se nu milieu d'un ennui général. lérags vrai qu’il est plus facile et surtout plus rémuins <> lorsqu'on arrive à les caser, de ürer de cer(hi jouets des films de 1.800 à 2.000 mètres. Cela tt se Et, paradoxe cinématographique, plus le film 18, moins il coûte d'argent et plus il est vendu : Dans ces conditions, on conçoit aisément cet lue 3 immodéré de la longueur, et l'on comprend loin Oulant imiter les grands frères heureux, les ds 18 bien outillés des metteurs en scène tirent, eux us au mètre plus que de raison. On en arrive à ne il SaVoir comment composer un programme, Car Ciné hd, c’est l'éclectisme et la variété des spectacles lès je tographiques qui en ont fait tout l'attrait et le Die ç Sitime succès. Et maintenant que toutes les Mètre de la production s’alourdissent de nombreux Ven M e remplissages, Ja tâche du directeur deane v'êmement pénible. a decta notre siècle de vitesse, on allait au Cinéma, loue Cle rapide, tout d'action. On y voyait en une es on.drame, un plein air, un voyage, une ou deux ie ques, et l'on partait satisfait, quitte à venir Main applaudir la seconde partie du spectacle. ê errivait à n'importe quelle heure, on parlait de > et nulle désillusion ne détruisait jamais le \Aüjo: irrésistible des images fugitives de l’écran. lé Urd’hui, le cinéma s’est mué en une-sorte de de} € incomplet, fort ennuyeux, puisqu'il lui manSipige2role. On se perd dans des romans-feuilletons CS, sans aucune originalité, dans lesquels le à spectateur le plus bienveillant ne peut découvrir le . moindre intérêt. Tenu d'arriver au lever du rideau, et depasser des heures devant l'écran où se déroulent des niaiseries invraisemblables d’une puérilité sans égale, le public si friand du cinéma s’en lasse peu à ‘ peu. Si une réaction salutaire ne vient pas enrayer ce mouvement, en ramenant au sentiment de-la réalité MM. les Editeurs égarés, notre industrie Cessera de prospérer, et comme toute affaire qui ne progresse pas, elle périclitera avec autant de rapidité qu'elle conquit autrefois l'ultime faveur des foules. D'ailleurs, le mal est grave puisqu'il s'étend sur le monde entier et que les journaux techniques d’Angleterre, d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, et même du Brésil déplorent cette erreur et crient de toutes leurs forces réunies, casse-cou ! casse-cou !.…. IL m'est arrivé déjà, à maintes reprises, d'appeler l'attention de MM. les Editeurs sur la généralisation de cette formule accréditée par quelques exceptions heureuses. Mais l'exception ne confirme-t-elle pas la la règle? Et c’est précisément parce qu'un grand film (qu’il ne faut pas confondre avec un long film) traiant un sujet de haute envergure et portant un titre admiré, réunissait exceptionnellement sur son nom tous les suffrages, que ces messieurs eussent dû se borner et sortir les grandes pièces sensationnelles avec une extrême circonspection. Aujourd’hui, tout le monde prétend tirer des films à long métrage, mais peu d’éditeurs sont en possession des moyens qui leur permettent d'acquérir certaines œuvres et de les traiter cinématographiquement. ; Il en résulte que le métrage n’a plus aucune signification, et que souvent il apporte avec soi d'amères désillusions artistiques et financières. Conclusion : Amis Exploitants, gardez-vous d'encombrer vos programmes de vues trop longues et coûteuses. Revenez au bon spectacle d'il y a deux ans, où dans vos 2.400 mètres, vous trouviez à placer 10 pièces différentes. F'aites-le énergiquement, vous verrez vos recettes remonter et disparaître comme par enchantement tous ces longs films au milieu desquels vous vous débattez aujourd'hui. Charles LE FRAPER.