Le Courrier Cinématographique (Jan 1914)

LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE 11 MAX LINDER Max Linder est en Russie où il fait une tournée qui est plutôt une marche triomphale. Jamais, le célèbre et sympathique artiste ne connut un aussi délirant succès. Aussi est-il impossible de lexprimer. Successivement, Saint-Pétersbourg, Moscou, MAX LINDER Kieff, Odessa acclamèrent Max Linder et le consacrérent une fois de plus Roi du Cinéma. La presse 1€ tarit pas d’éloge sur l’idole incontestée du peuie russe, Les journaux publient chaque jour de l'étee Panégyriques chaleureux qui montrent bien d'âme de leurs rédacteurs aussi enthoues que leurs lecteurs. À titre de curiosité, nous publions ci-contré UN article du Rouski-Glova, un des journaux TUSses les plus importants. Il est dans sa naïveté d’une éloquence que sauront apprécier les cinématographistes français. Max Linder exalte là-bas la sympathie du peuple russe, tant pour sa personne que pour notre pays. Il convient de le remercier et de lui adresser tous les compliments qu’il mérite : Une semaine de Max Linder est une semaine d’enthousiasme. On a rencontré Max Linder comme on a rencontré Tolstoi. O Dieu! Je me rappelle la brochure qui fut publiée aux droits d’auteurs et a Été envoyé 25 ans auparavant aux rédactions. Telle brochure a été écrite par un homme pieux qui a convaincu nos intellectuels. C'était dans la ville de Kasagne. En cette ville vivait un vieux moine et au théâtre se lançait une chanteuse. Il est arrivé que le religieux et la chanteuse sont morts le même jour. Et alors ? Le soir même, cette chanteuse fut décomposée et il était impossible à ses adorateurs de s'approcher d’elle, mais le moine était encore intact au troisième jour. Pourquoi, parlant des chanteuses, pense-t-on en mème temps aux moines ? Et en parlant de Linder « en vain », pourquoi fait-on mention à Tolstoi ? La chose est beaucoup plus simple. — Maman, un cri-cri! — Un cri-cri vivant! Par un moyen quelconque le cri-cri s’ingéniait de sortir de derrière le poële. Dans la chambre des enfants cela faisait une sensation. — Un cri-cri! — Un cri-cri vivant ! Tout le monde entendait le cri-cri, mais personne ne lavait vu. Les ovations commençaient. La petite Marie applaudissait de joie. Et Jean faisait des culbutes. — En l'honneur du cri-cri! Les enfants ont trouvé qu’il était mignon. Vassia apporta une boîte et priait de la fermer : — Parce que le cri-cri aime l'obscurité. La petite Marie mit dans la boîte du coton : — Pour que ce soit doux au cri-cri! Jean apporta une feuille de salade : — Pour que le cri-cri aie de quoi manger! Chacun voulut tenir le cri-cri dans la paume de la main. Le cri-cri marcha d’une main à l’autre. Voilà la fin... cri-cri est mort de caresses. J'ai vu cette scène, une fois, dans ma famille. — « Max Linder vivant », c’est — Un cri-cri vivant! On lui a donné une même qualification enfantine. « Vivant ». Tout le monde connaît Max Linder ainsi que le cri-cri, car il y a maintenant autant de cinémas que de poëles. Mais Max Linder « vivant » personne ne l'avait vu. Et quand Max Linder est apparu tout à coup « vivant », cela fit une sensation, une extase. ne