Le Courrier Cinématographique (Jan 1914)

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12 LE COURRIER CINEMATOGRAPHIQUE La jeunesse le rencontra. Et parmi cette jeunesse il y avait encore de la jeunesse enthousiaste. Il y avait à Moscou beaucoup d’absents. Ils regrettèrent bien de n avoir pas été là. La jeunesse a des voix sonores et de bons muscles. Elle aime à crier et on s’amusa, en l’honneur de Max Linder « vivant ». On cria : « Hourra ! » ‘On le porta en triomphe comme on porte les braves {Malodchina) pendant les grandes réceptions. A Moscou, lesfleurs sont devenues bon marché. Il y a quelque temps, elles regardaient les passants au travers des vitres des grands magasins comme les cocottes élégantes regardent de leurs voitures. Nous appartenons aux riches ! Elles avaient quelque chose d’insolent, quelque chose d’arrogant et de révoltant. Maintenant, elles sont devenues aimables et démocratiques. Nos rues, nos places, par un froid de 6 degrés, sont toutes couvertes de fleurs. Moscou est comme Nice. Un gamin, avec des joues fardées par le froid, nous offre des bottes de roses rouges et des beaux œillets doubles. Il nous crie avec joie : « Monsieur, nous avons froid ! » C’est charmant ce « nous ». Enfants et fleurs. à Les fleurs conviennent à la bourse de tous et on a jeté des fleurs à Max Linder, comme la salade au Cri-Cri. C'est égal ! il est : « Malodchina » (brave). La foule attendait sur les trottoirs pour entrevoir d’un œil le « Cri-Cri vivant ». Elle sourit et applaudit parce qu’il passe gaiement sa vie. Il rit et fait rire tout le monde. Il est habile. 11 danse parfaitement. Il saute hardiment, 11 dirige avec fureur l’automobile. S'envole sur l’aéroplane. Grimpe à la corde. Danseur, gymnaste et sportsman. Il travaille joyeusement, sans s’arrêter, du chemin de fer à la répétiton et au spectacle. Il est un vrai « Malodchina ». Il gagne un demi-million de francs par an. Il est un vrai « Malodchina ». : Il est l'ami des petits, l’ami des pauvres, l'ami des malheureux. ; Dans leur vie, dans laquelle il y a tant de chagrin, il apporte un flot de gaieté, de rire. Il est l'acteur des rangs bon marché de cinématographe. « Vive Max Ie ! », le joyeux roi des pauvres. Je me rappelle, il y a déjà longtemps, je demeurais sur les. Balkans, au carrefour Jivaresnom, dans une petite chambre. Par la légère cloison, j'entendais, comme on entend le pouls, comment s’écoulait la triste vie... Je louais ma chambre chez deux sœurs couturières. La plus âgée était veuve. Et alors en passant elle a vu un foyer, une famille, des caresses et la joie. La plus jeune était restée vieille fille. A force de travail, elle était devenue estropiée. Celle-la n’a rien goûté de la Vies Elles vivaient pauvrement. Quand il n’y avait pas de travail pressé on n’allumait pas la lampe au cr’puscule, pour ne pas dépenser de pétrole: Leur seule joie était de relire la « Listotchek » (petite feuille). Elles l’achetaient deux fois par semaine. Les mercredis et les samedis, lorsque paraissait le roman de M. A. M. Pasouchin. Elles lisaient le roman d’un marchand, de sa charmante fille et de son commis qui était pauvre comme elles et avait beaucoup souffert, même davantage, mais qui obtint à la fin le bonheur. Elles croyaient en ce conte doré. Elles interrompaient leur lecture par des exclamations. — C'est la vérité! — C’est pris dans la vie! Au carrefour de « Piatuykoë », il y avait même une maison semblable. Et Pasouchin, la bonne Checherasade, leur racontait un conte après l’autre. Et elles faisaient des rêves dorés. Cher et bon écrivain, que le ciel vous bénisse et vous donne du bonheur, pour ces heureuses minutes que vous avez apportées dans la vie des petits, des pauvres et des malheureux. Mais le théâtre avec sa foule joyeuse réunie pour le plaisir en attendant le spectacle ? Les sœurs qui demeuraient de l’autre côté de la cloison entendaient, lisaient, mais elles-même n’ont jamais vu cela. Depuis longtemps sans doute vous avez déjà quitté ce monde, pauvres chéries… Le besoin, la faim et le travail au-dessus de vos forces, tout cela vous a poussé depuis longtemps dans l’abîme, au dernier rang du cimetière de « Piatuistuy ». Mais ceux qui demeurent maintenant dans le logement qui vous appartenait, du carrefour de Jivoresny, connaissent déjà le théâtre, la joie d'attendre le spectacle et l'animation de la foule qui se réunit pour le plaisir, parce qu'il existe maintenant au monde le cinéma, où on peut aller simplement pour une demi-heure. « Prendre une demi-heure et courir où il n’est pas nécessaire de s'habiller », où on peut aller comme on est, où on peut aller pour 25 centimes. Un véritable théâtre du peuple. Par la cloison légère j'entendais beaucoup de larmes, beaucoup de tristes raisonnements. Mais, il me semble, que jamais je n’entendais une chose : le rire. Mais alors maintenant, pauvres petits et malheureux, dans notre vie, il y a le rire, il y a la joie! Parce que maintenant vous avez notre, notre et encore une fois notre Max Linder. Vive encore une fois, Max Linder, vive sans fin Max Ier, le roi des joyeux pauvres. Que le triomphe l’accompagne! Soyez courageux et portez-le en triomphe. Des fleurs sur son chemin, parce qu’il est le premier artiste du peuple ! Pardonnez MM. les artistes. Peut-être, est-ce regrettable, mais c’est comme ça. Faites la place! Le premier artiste du peuple; l’art fut toujours un peu comme une femme entretenue, les théâtres appartinrent toujours à la Cour. A. P. Tchechov, de qui on n’a pas accepté les pièces au Petit théâtre de Moscou, alors qu’à St-Pétersbourg, elles furent acceptées aimait à dire, j’entendais cela de sa propre bouche au moins dix fois : Les artistes de la Cour! Vous savez bien que dans nos lois on parle des artistes de la Cour! Dans la partie « d’artistes et des valets de Cour », les théâtres appartinrent toujours à la Cour où ils avaient besoin de mercenaires. Ne mettons pas les points sur les « i», ne. prononçons ‘pas les noms. Mais quels théâtres y a-t-il à Moscou ?