Le Courrier Cinématographique (Feb 1914)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

8 | LE COURRIER CINEMATOGRAPHIQUE Au tournant. L'auto du Courrier Cinématographique, cette légendaire ct rapide auto jaune, roulait dernièrement à foudroyante allure sous le clair soleil de la vallée de Chevreuse. Son pilote, le Directeur du Courrier, venait de répondre à l'invitation à déjeuner d’un notable cinématographiste qui possède, dans cette enchanteresse contrée, une merveilleuse villa. Il roulait, il roulait, je crois bien que le . cadran du compteur dépassait 95 à l'heure et l’auto bondissait, escaladant les rampes, dévalant les pentes, filant sur les paliers ombragés de la grande route. Lorsque soudain, les freins brusquement arrêtèrent son élan. La machine se cabra, fit une énorme embardée, tandis que d'un coup de volant, son conducteur habituel la lançait sur les bas-côtés de la route où elle s'arrêta. Que s'était-il passé? Au tournant brusque, entre Bures et Gif, une maudite voiture de Bohémiens, traînée par deux morveuses de sept à huit ans, s’était soudain placée sur sa route. Ah! l'alerte fut chaude, et l’'embardée évita le funeste télescopage et sauva la roulotte. Voyez-vous notre Directeur écraseur d'enfants pret quels enfants! Non, décidément, c'était encore la veine, toujours la veine, Le Courrier la porte décidément avec lui pour ceux qu’il approche, et en particulier pour ceux que son auto transporte. RE Ah ! mes amis ! J'étais à peine revenu de ma frayeur et de la secousse qu'une horde bizarre m’entoura ; celui qui en paraissait le chef entama le palabre avec notre Directeur : — Tiens ! — Hein ? — Elle est forte ! — Un peu ! — entre nous j'ignorais de quoi. — — Mais alors vous saviez ? — Mais quoi ? — Quelles tournaient !… — Comment ?.. comprend pas ! — Votre présence ici... Et l’autre continuait, imperturbable — : Pour une bonne, c'en est une bonne ! … — Oh ! l'information est bien faite au « Courrier » vous savez tout ! : — Ça devenait du rébus « flatteur » et tellement extravagant que j'en arrivais à me demander si j'étais bien éveillé et si tout ce qui se passait n’était pas du domaine du songe. Heureusement — oh oui !.… qu'un autre larron (qu’il me pardonne cette sincérité du moment, il connaît mon estime) survint et remit tout au point. — Bonjour, Le Fraper ! — ‘Tiens ! ce cher André. Et la plus cordiale étreinte réunit les mains des deux interlocuteurs en même temps qu'un poids formidable se dégageait de moi en un soupir qui m'oppressait à m'étouffer. La joie succédait au trouble de la catastrophe entrevue. — — Eh bien ? demanda le Directeur du Courrier, que signifie cette embuscade ? — On tourne! — Comment ?.… alors….-mon accident?..voulu, mon cher, + on vous attendait, et grâce à vous, notre film compte une scène sensationnelle de plus. A ces mots, le délicieux metteur en scène éclata d'un rire satanique qui acheva de me remettre tout à fait. La « horde » bizarre n’était autre que quelques figu rants qui encadraient les jeunes vedettes que faillit écraser notre auto, et ces vedettes étaient G. et M. Irvin. Oui, Cinématographistes, mes amis, et nous eûmes là chance compensatrice de les voir « tourner » Quel régal ! Qui ne les a vues ne peut soupçonner la valeur de ces deux petites filles au point de vue artistique. Jouent-elles ? ne jouent-elles pas ?. À vrai dire, nul ne peut le dire, si étrange que cela puisse paraître. Les petites Irvin ? ce sont deux « tempéraments ) très différents, profondément artistes à des titres opposés et qui, tous deux, commandent chez ces jolies fillettes ce que leur « art involontaire » nous offre. La pensée, le geste, le regard, le cœur — tout l'être T agit en même temps chez ces deux prodiges lorsqu'elles « tournent » une scène. ; Elles la vivent à un point si intense que les témoins qui y assistent subissent l'impression violente et croteñ que « c'est arrivé » allant — à la suite de ces miractl® leuses artistes — de l'émotion la plus poignante à la joie la plus hilarante. L'aiîné, sept ans et demi, avec son teint mat et ses grands yeux de velours noir exprime avec une puissance dramär tique qui va jusqu'au sublime. Sa sœur, d'uñ an plus jeune est une petite bonne femme extraordinaire, dont la physionomie, d’une mobilité 197 comparable, vous fait assister aux sentiments les plu divers'avec un genre à « elle » qui fera trois fois 501 tour du monde. ; Elle est mutine et mâtine tout ensemble. Oh ! la gaillarde n’a pas froid aux yeux et je ne suis pas prophète en annonçant que le jour est sûrement proche où cette étonnante Geneviève Irvin sera la protagoniste d’un sket£ sensationnel. Charmantes toutes deux, déjà spirituelles — sans Je savoir — sous leur espièglerie malicieuse ; un rire en chanteur, que souligne une élégance native encore acceñs tuée par un chic personnel, font de ces délicieuses af tistes des vedettes incomparables d'originalité. sé Et je bénissais maintenant le bon hasard, m'en ouvrä! à André en le félicitant pour sa collaboration au « Ra vissant-Film », l'heureuse marque française qui va cor sacrer ses efforts à produire les enfants dans ce qt ils ont de meilleur et de plus beau : Eux-mêmes. Je connaissais déjà comme tout cinématographiste piell informé, la renommée des sœurs Irvin, qui, sous l'anon)" mat, avaient déjà fait d'importantes créations, mais jama jusqu'alors il ne m'avait été donné de les voir en plef interprétation. s ) Le hasard vient d'ajouter cette page nouvelle à 1 connaissances et je l’en remercie, tout en vous souhaitafl! lecteurs mes amis, une aubaine semblable. ; Mais bientôt l'écran merveilleux leur fera faire le totl du globe et que vous soyez Français, Canadien ou Nippo”, vous pourrez, dans un fauteuil, revivre les angoisses le charme que votre dévoué serviteur a vécu. C’est une chance qu’il vous souhaïte. Vip.