Le Courrier Cinématographique (June 1914)

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LE COURRIER CINEMATOGRAPHIQUE CGCONSEÉECRATION Ah! que voilà une belle réponse à toutes les vexations mesquines que fait subir au film, victorieux malgré tout, la bande des impuissants et des réfractaires, la foule incohérente de tous ceux qui nient la lumière et se voilent la face pour ne pas être aveuglés de son éblouissant éclat. Ah! Messieurs les Membres du Conseil d'Etat, que n’assistiez-vous à la représentation de gala donnée le 5 juin à l’'Hippodrome Gaumont-Palace, en présence du Président de la République, de la Municipalité de Paris et de ses invitées les Municipalités Etrangères ? Vous eussiez peut-être mieux connu le cinématographe et vous n’auriez pas à vous reprocher d’avoir abaissé au rang de curiosité foraine, le plus moderne, le plus glorieux, le plus noble, le plus vivant de tous les spectacles. Et je pense à vous, à votre arrêté inqualifiable dont nous avons dû subir la souillure en baissant la tête comme des coupables, parce qu’un aéropage ignorant, mais investi de pouvoirs suprêmes, nous en a fait la honteuse injure. Je pense à vous, Messieurs du Conseil d'Etat, en écrivant ces lignes que vous lirez après avoir rencontré à la première page de ce numéro, la figure sympathique du Chef de l'Etat qui s’est honoré vendredi dernier, en ‘illustrant de sa présence officielle une représentation cinématographique dont la date, désormais historique, sera inscrite au livre d’or de ia cinématographie, à côté du nom de Léon Gaumont. Il est bon de marquer d’une pierre blanche des événements d’une telle importance. Ils sont tout à la gloire de la France et de Paris, la ville éternelle où naissent tant d'idées généreuses, et tant de nobles initiatives. Or, le 5 juin 1914, la Municipalité de Paris, en l'honneur de ses hôtes les Municipalités étrangères, offrit une réception officielle. Il fallait d’abord se prononcer pour un spectacle présentant un intérêt artistique de premier ordre et un réel cachet d’originalité. La Municipalité de Paris voulait s'évader des traditions habituelles, sortir de l’inévitable gala de l'Opéra, et offrir à ses hôtes de marques quelque chose de plus moderne et de plus éclectique Elle choisit le Cinéma. Elle choisit ensuite le temple de ce jeune dieu, le Gaumont Palace, qui est à l’époque actuelle le plus somptueux et le plus digne d’être honoré de telle manière. Et c’est ainsi que la réception des Municipalités Etrangères eut lieu à l'Hippodrome, en soirée de Gala, le vendredi 5 juin 1914. La cérémonie, inutile de le dire, se déroula pompeuse et magnifique, avec un faste inconnu jusqu’à ce jour, dans le cadre féerique du splendide établissement parisien. Complètement transformé, encore embelli pour la circonstance, le Gaumont Palace avait revêtu ce jour-là sa toilette des jours de gloire. Au milieu de l’éblouissement des lampes électriques éclairant l'escalier d'honneur, étincelaient les casques des Gardes Républicains, qui, sabre au clair, en grande tenue, faisaient la haie au cortège officiel des élus et de leurs invités. La salle, pavoisée de drapeaux aux armes des nations représentées à Paris, embaumée du parfum de fleurs rares qu'une main délicate avait épar” pillées avec un goût exquis, resplendissait de mille lumières, sous la majesté de son dôme glorieux. Les conseillers municipaux, les sénateurs, les députés, les hauts fonctionnaires des Ministères € de laVille de Paris, nombre d'officiers du Gouvernement militaire et leurs familles, de nombreuses per” sonnalités mondaines, se groupaient dans la corbeille de l'orchestre dans un chatoiement de gemmes, souS la tribune présidentielle. Cette tribune vaut qu'on €n dise un mot. Aménagée par les soins de la Ville de Paris, elle était tapissée de Gobelins d’un prix inestlmable. Quant aux sièges dans lesquels le Président et sesinvités prirent place, ils avaient été choisis parmi les souvenirs historiques de la Malmaison. : La représentation commença à l’heure dite. ILn ÿ eut pas le plus petit à-coup. L'entrée se fit dans l'Ordre le plus parfait, chacun s'installa aisément. Et pendant que se consumaient les derniers monu” ments de Byzance, dont l’Agonie venait de se dérouler sur l'écran, le Président de la République arriva: M. Chassaigne-Goyon, président du Conseil Munici° pal, le reçut. Et lorsque le film disparut de l'écran € que la salle s’illumina, les assistants aperçurent de bout, au milieu de ses invités, M. Poincaré sourianb le chapeau à la main. 1 L'orchestre joua La Marseillaise et d’une seule vol* les spectateurs acclamèrent en même temps, France, Paris et ses hôtes. | ; Le spectacle recommença ensuite. Il avait été bien choisi, et je ne saurais trop en féliciter M. Léon Gaumont et son collaborateur le plus-précieux et le plus fidèle, M. Costil, directeur du Gaumont-Palace, qu! assuma la lourde responsabilité de cette inoubliable manifestation. : Le programme vaut aussi d’être cité et de passer l’histoire. Ce fut un programme de démonstration. l avait été choisi de manière à montrer à cette Assem° blée d'élite tout ce qu’on pouvait attendre du Cinémä dans les domaines de l'actualité, de l’histoire, de la science et de l’art dramatique. En un mot, ce fut un succès pour le Gaumont-P2° ee doublé d’un irréfutable triomphe cinématogr4 ique. : En assistant officiellement à cette représentatiol» le Président de la République a définitivement cons cré le cinématographe. Il convient de remarquer qu® le Gouvernement était en pleine crise ministérielle M. Poincaré, en dépit des soucis que toute cris amène avec elle, vint au Gaumont-Palace. Il assist? jusqu’au bout au spectacle et se retira lorsque tomb? le rideau sur le dernier acte de la Voix de la Patrl qui clôturait le programme, et fut, entre parenthèse” très chaudement applaudi. Cette manifestation aur# à n’en point douter, une très grande répercussion SU l'industrie du film, définitivement classée. Et maint®” nant que le branle est donné et que les Officiels de Ja Nation rendent hommage au Cinéma, rien n’empt° chera, je le suppose, de le faire respecter. : La Municipalité de Paris eut, ce jour-là, une tré noble initiative dont il convient de la remercier € dont nous nous souviendrons. Charles LE FRAPER.