Le Courrier Cinématographique (January 1917)

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8 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE PAR PR RER CE RE EE ———————— baguette en acier trempé, qui ressemble de loin à votre sabre. Je puis faire mon examen de conscience, car je viens de franchir le 10° anniversaire de l’Omnia. J’ai concouru, dans la mesure du possible, à amener à notre industrie des amitiés et des Capitaux. Jai fait tout ce que j’ai pu pour être utile au cinématographe, essayant de voir les choses d’un point de vue élevé et mettant mes intérêts personnels au second plan toujours. Je mai rien à me reprocher et j’entre dans ma 11° année professionnelle, le front haut, avec la joie de penser que je ne m'étais pas trompé sur l’avenir du cinéma, ni sur la voie qu’il devait suivre. Je m'aperçois que je parle de moi. mais ma personne ‘disparaît :,je ne suis qu’un historien, — si je puis employer ce mot prétentieux — je fais comme Arthur : je raconte « ce que mes yeux ont vu ». J'ai suivi, depuis ses débuts, le développement du cinématographe dans notre pays. A ce moment-là les scénarios étaient quelconques, tout était encore neuf pour le-public. J’ai eu la double intuition qu’il fallait emprunter au théâtre et des pièces et des artistes. Et j’ai encore affirmé autre chose à une époque où l’on vendait les films comme une marchandise quelconque, c’est que le film constituait une propriété littéraire et artistique et qu’il fallait substituer la location à la vente. J'aurais voulu autre chose encore pour hâter le développement de l’exploitation ; je demandais la constitution d'une Société auxiliaire pour aider à la construction de salles de cinéma dans toutes les villes importantes..Je n’ai pas été suivi, en ce qui concerne cette dernière idée, et la construction des cinémas a été beaucoup plus lente que si on avait réalisé mon projet. J'ai prêché, dans maints congrès et articles, le cinéma à l’école, et j'ai insisté sur ce point, que je viens encore de développer dans une lettre publiée par le dernier N° du Cinéma : il faut faire une distinction absolue entre le cinéma pour les enfants et le cinéma pour les adultes. Je l’ai dit, dès le début, constatant le malentendu inévitable : vous ne pouvez demander que le cinéma édite des films qui doivent satisfaire à la fois les deux publics. Pour les grands, le cinéma est un spectacle. auquel les petits ne doivent aller que si ce spectacle convient pour eux. C’est un tort de se figurer que les enfants peuvent sans inconvénient aller au cinéma. Mais si on applique, de bonne volonté ou obligatoirement, cette distinction, le grand reproche qu’on fait actuellement au cinéma tombera de lui-même. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela, vous le savez aussi bien que moi. Quand la guerre éclata, j'ai pensé qu’il ne fallait pas fermer. quelle bonne idée j’ai eue là ! Cela permit aux autres salles d’ouvrir peu à peu. Aux premiers jours de la mobilisation, on joua au piano, on reprit de vieux films un jour on fit 70 francs, puis peu à peu, cela monta. et on put faire vivre le personnel et les familles des mobilisés, reprendre les musiciens. quel travail !.… non seulement pour maintenir le cinéma dans un semblant de fonctionnement normal, mais pour concourir à une foule d'œuvres qui, à ce moment-là avant et pendant Bordeaux, avaient besoin de tous les concours utiles ! Et puis l'édition s’était arrêtée. Il fallait des scénarios inspirés des circonstances ; il fallait en exécuter quelques-uns, ne fût-ce que pour montrer que la fabrication française n’était pas tout à fait morte ! J'ai mis la main à la pâte, et cela m’a causé un réel plaisir que de faire quelques films ; tout exploitant devrait en faire pour bien connaître le métier. Les Vainqueurs de la Marne, Pardon Glorieux, Le Poilu de Victoire ont paru... Le Bonheur qui Revient est prêt et va paraître. puis enfin Les Lois du Monde, bientôt prêt... Et ce sera tout, car faire des films, c’est un métier à part qui absorbe tout le temps, toute l’intelligence d’un homme. J'ai d'ailleurs été très critiqué pour m'être permis cette fantaisie, et il paraît que je n’avais pas le droit de m'offrir cette distraction, très intéressante pour un exploitant — mes confrères peuvent en essayer. Dernièrement j’ai demandé à Michel Carré de remettre en scène L'Enfant Prodigue, qu’il avait déjà mis en scène, il y a 10 ans... et ce sera une joie que de voir le progrès accompli pendant ces 10 années. Le 12 janvier, dans une conférence à la Ligue de l'Enseignement, je montrerai deux scènes de L'Enfant Prodigque, la même, exécutée à 10 ans d’intervalle. Ce sera curieux et montrera la distance parcourue. Je pourrais encore vous parler de bien des choses. mais nous avons tous deux autre chose à faire ; lire, écrire, cela perd du temps. J’ai voulu, entre nous, vous montrer que je n’avais pas tout à fait perdu le mien. La discussion des taxes et leur application m’occupent encore un peu ; Les Amis de Paris et Souvenezvous ! me prennent du temps également. alors, comment voulez-vous que je vous fasse un article ? Et surtout, ne publiez pas cette lettre ! Elle a lair d'une notice nécrologique ! Elle est trop longue ou trop incomplète. alors gardez-là pour vous, mettez-là dans vos archives. Je la complèterai un jour. J'aurais été heureux de bavarder avec vous un moment, plus heureux encore si je ne vous ai pas trop ennuyé de mes souvenirs.… «€ Dix ans de la vie d’un cinématographiste »... et si, pendant ce temps-là, je vous ai fait oublier « que les Allemands sont à Noyon »… Tous mes vœux avec une cordiac poignée de mains. Edmond BENorT-LÉVY. Un Ordre du Jour « Au nom de l’Etat-Major de l’ Armée, je saisis l’occasion d'exprimer ma vive gratitude à l’industrie cimématographique toute entière, pour les importants services qu’elle a rendus en répandant à profusion les films de guerre, tant en France qu’à l'étranger. « Je suis sûr qu’elle continuera sa belle œuvre en montrant, comme par le passé, les exploits héroïques de nos troupes sur les champs de bataille, et en nous rappelant l’impérieux devoir qui nous incombe de soutenir leurs efforts par tous nos moyens. ) Quel est, à votre avis, l’auteur de cet ordre du jour: Joffre, Nivelle, Viviani? Allons, vous n’y êtes pas et vous ignorez qu'en France le Cinéma est le chien galeux. L'ordre du jour est signé: Lord DERBY.