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4 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
nous a assurés que cette mesure n'était que momentanée et se terminerait avec la crise actuelle du chauffage.
Pour les mêmes considérations, la nouvelle décision ministérielle, dont le préfet de police sera chargé d’assurer l’exéculion, porte que les musées et palais nationaux seront fermés au public jusqu’à nouvel ordre à partir d'aujourd'hui mercredi.
Nous croyons savoir, d’autre part, que la question d’une fermeture des grands magasins deux jours par semaine a été envisagée. Mais aucune détermination définitive à ce sujet n’a encore été prise.
: Le spectacle est une proie beaucoup plus facile.
(CENC:
Les Jours sans Spectacles L'Ordonnance du Préfet de Police
Voici le texte de l’ordonnance signée mercredi par le Préfet de police, conformément aux décisions du gouvernement, pour la limitation temporaire des jours d’ouverture des salles
de spectacle ou de réunions :
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Considérant qu'il y a lieu de prendre les dispositions nécessaires pour ménager, en raison de la rigueur exceptionnelle de la température, les ressources de la consommation familiale du charbon et pour réserver la plus grande quantité possible de ce combustible aux établissements travaillant pour la défense nationale :
Article premier. — A partir du vendredi 9 février, et jusqu'à nouvel avis, à Paris, et dans les communes du département de la Seine, toutes les salles de spectacles et de réunions, les théâtres, concerts, music-halls et cinématographes, ne seront ouverts au public que le jeudi (matinée ét soirée), le samedi (soirée), et le dimanche (matinée et soirée), avec la faculté pour les directeurs d'obtenir par dérogation l’autorisation de substituer la soirée du vendredi ou celle du lundi à la journée du Jeudi.
Art. 2. — Tous les jours, à l’exception du jeudi, du samedi et du dimanche, le service des transports en commun (omnibus, automobiles, tramways et métropolitain) cessera à 22 heures, jusqu’à ce que la période de fermeture temporaire des établissements de spectacles ait pris fin.
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D'autre part, une certaine agitation règne dans la corporation du spectacle. Les réunions succèdent aux réunions : on y passe tour à tour de l’optimisme le plus grand au pessimisme le plus noir. Aussi attendrons-nous huit jours pour porter un jugement sur des événements dont la gravité ne nous échappe pas. Toutefois, les loueurs .ont d'ores et déjà décidé, dans une réunion dont nos lecteurs trouveront plus loin le compte rendu, de baisser de 15 p. 100 le prix de location de leurs films et de réduire le nombre des nouveautés mises sur le mar
ché chaque semaine. L’échange des programmes se fera désormais le jeudi et les films devront être rendus aux loueurs le lundi.
Les choses en sont là. À huitaine les opinions.
Décision grave mais nécessaire
Les directeurs des établissements de plaisir, puisque c’est ainsi que l’on nomme les théâtres, music-halls, cafés-concerts et cinémas, étaient convoqués mardi dernier, dans l’aprèsmidi, au ministère de l'Intérieur, dans le but de trouver un terrain d'entente concernant la fermeture des dits établissements quatre jours par semaine.
Cette mesure, qui va léser bien des intérêts, atteindra surtout les petits employés ; elle est nécessaire, paraît-il, nous devons donc nous incliner, et rien ne servirait de récriminer.
Pourtant, il nous sera permis de faire remarquer que, comme au front, où ce sont «toujours les mêmes qui se font tuer », ce sont également toujours les mêmes qui sont visés lorsqu'il s’agit de chercher une économie.
Il serait logique que toutes les catégories du commerce participassent à cette économie qu'on réclame, et non pas rien que nous. Les hôtels de premier ordre, les restaurants chics, les trains de luxe, usent inutilement du combustible, voulant donner tout le confort à une clientèle difficile ; les grands magasins, les bijouteries, les grands couturiers, les modistes, sont dans le même cas. Le gouvernement n’exige rien d’eux, ou presque rien, aucun sacrifice ne leur est imposé. Nous ne demandons pas mieux que de contribuer à améliorer le sort des malheureux, mais que tous en fassent autant !
Et puis pourquoi le département de la Seine est-il le seul mis en cause? Îl me semble qu'en ce moment toute la France devrait participer aux exigences du gouvernement; je ne vois pas dans quel but certaines villes seraient exemptes d’apporter leur quote-part aux économies demandées, pourquoi Nice; Biarritz, pour ne citer que ces deux plages qui regorgent de
monde en ce moment, ne verraient pas leurs fêtes suspendues,
le superflu supprimé, leurs théâtres et casinos fermés comme le sont les établissements parisiens ?
Il se peut que les économies réalisées maintenant ne servent à rien pour l'instant, mais elles auront leur répercussion plus tard, et c’est justement parce que jusqu'ici nous avons été imprévoyants qu'il ne faut plus retomber dans la même erreur ; économisons le plus possible, aussi bien à Paris que partout ailleurs, ne faisons pas comme la cigale, soyons des fourmis actives, nous serons trop heureux, même après la guerre, de retrouver le « nécessaire » qui ne proviendra, pendant un certain temps, que des économies réalisées maintenant.
L'industrie cinématographique, en particulier, collabore dans une large part, et de toutes les façons, aux œuvres de bienfaisance, de charité, maintenant encore elle est toute prête à accepter les conditions ruineuses qu’on lui impose, mais elle émet une prière, qui est la justice même, c’est qu’elle ne soit pas la seule frappée, alors que tant d’autres, en ce moment, s’enrichissent sans être pourtant plus intéressantes qu'elle !
Louis CHALETTE.