Le Courrier Cinématographique (May 1917)

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7° Arinée N° 18. (Édition de guerre). Le N°: 30 centimes {2 Mai 1917. Moon tésoneoss DR Le Courrier Dhoéeñeîteteate CINÉMATOGRAPHIQUE sattetiote dote ORGANE HEBDOMADAIRE INDÉPENDANT DE LA CINÉMATOGRAPHIE DES ARTS, SCIENCES ET INDUSTRIES QUI S'Y RATTACHENT Direction : Nord 56-33 ABONNEMENTS : Directeur : CH. LE FRAPER | TÉLÉPHONE : que FRANCE » = Imprimerie : Central 66-64 anses nn: Aou Rdtion d'Al OR == ÉTRANGER édaction et Administralion : ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE ù Un an. . . . . . . %0fr. | 28, Boulevard Saint-Denis, PARIS. COURCINÉ-PARIS Oui Où Non Sommes-nous des “ Montreurs d'Ours ” ? par M. Louis AUBERT Osera-t-on dire encore qu’en France les espérances n’aboutissent pas? Il y a des mois et des mois que le cinématographe attend un statut administratif. Les pouvoirs publics viennent de nommer une Commission chargée d'y pourvoir. On nous promet même un statut moral. Nous serons comblés. C'est un phénomène à peine croyable : tandis que la production théâtrale a ses règles et ses franchises inspirées du respect des droits, des intérêts et des circonstances, pénétrées du souci de la liberté de l’art et de la liberté de l'opinion, le cinématographe vit sous le régime de l'arbitraire. À Paris il a affaire à une censure qui suit des consignes; en province, il est livré au caprice. Les consignes de la censure sont déjà, par elles-mêmes, capricieuses ; quand il s’y s'y ajoute toutes les nuances des caprices locaux, la situation devient intenable. Chose plus extraordinaire encore, lorsque nous réclamions quelque sollicitude pour un traitement si contraire aux convenances de notre République, lorsque nous attirions l'attention sur une pareille anomalie, personne ne paraissait surpris ni scandalisé. A la longue, nous perdions nous-mêmes l'habitude de nous en étonner. Grâce à Dieu, le gouvernement songe à mettre le doigt sur notre plaie et à stimuler notre douleur : il en sortira peut-être la guérison. Une seule catégorie de producteurs de spectacles pâtit du même régime que nous : les bateleurs, les forains. Ils vont de ville en ville et, au seuil de chacune, comme au moyen âge, il leur faut subir l’examen du caprice municipal. Examen de moralité, examen d'opportunité, examen de commodité. Si les gambades d’un ours, ou le mollet d’une géante, ou le boniment d’un arracheur de dents choquent les principes d’un édile, gênent le bon ton qu'il a conçu pour lui et pour ses administrés, si la présence d’une baraque lui semble peu conforme à l’harmonie de son fief, interdiction, et le chariot de Thespis s’en va chercher fortune ailleurs. Il en est ainsi des films. Simples ours de foire, pauvres orviétans de tréteaux, ils errent, mendiant le bon plaisir de la féodalité administrative. La question qui se pose est donc celle-ci : Oui ou non, sommes-nous des forains ? Dieu me garde de médire des forains, humbles fournisseurs d'émotions et de rires, humbles nomades dont la vie est dure, dont la fantaisie est intarissable et parmi lesquels se trouvent de vrais artistes. Pourtant est-il admissible que l’on apparente à leur troupe fugitive, qui emporte dans son maigre bagage toutes ses ressources, qui tire tout d'elle-même à peu de frais, une des plus grandes et des plus compliquées industries françaises ?