Le Courrier Cinématographique (May 1917)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

6 IE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE ke Civilisation Aujourd'hui 19 Mai, a été présenté un film sensationnel : Civilisation, dont nous rendrons compte d’une facon très détaillée, dans notre prochain numéro. Nous nous contente rons cette semaine d'indiquer les grandes lignes du scénario conçu par le célèbre metteur en scène : Thomas H. Ince. Ce film prophétique a fait plus pour la cause des Alliés en Amérique et dans le monde neutre que les plus intenses propagandes. Il est si lumineusement présenté, d’une logique si implacable, d’un réalisme si impressionnant et si large qu’on ne peut le voir sans frissonner de haine et de dégoût en songeant aux auteurs responsables de tant d’atrocités. Civilisation est resté un an affiché au CritérionThéâtre, la plus vaste salle de New-York, et son succès ne s’est pas démenti dans toutes les villes et dans tous les pays où le public fut admis à le voir. Ses premières furent partout traitées comme d'immenses galas, et ce film détient à présent le record du nombre de représentations, des millions dépensés et encaissés. Son exécution a coûté réellement un million de dollars, et en le voyant, on ne s’en étonne plus. La grande image du Nazaréen domine le conflit actuel, Dès le début, le souvenir de son martyre est évoqué. Jésus est mort pour le bonheur de l'Humanité. Dix-neuf siècles plus tard, un empereur lâche et félon, pour que le Monde soit à ses pieds, attaque délibérément la France, gardienne de la Civilisation. Et c’est son peuple arraché à la terre qu'il lance contre ses paisibles voisins aux applaudissements de ses courtisans et de ses sujets éblouis. C’est l'invasion, c’est la bataille immense, formidable, sanglante, mais la défaite implacable brise la marche triomphale de ses armées ; peu à peu la France qui se bat avec enthousiasme pour la liberté du Monde et le droit des peuples voit la victoire sourire à ses armes. L'Empire, bloqué, s’affame et murmure. Alors un geste criminel, impardonnable, lance contre les navires innocents la torpille cachée au flanc du sous-marin. Le Comte Ferdinand, malgré lui, a exécuté l’ordre sauvage et voit périr les femmes et les enfanis dans l’effroyable naufrage; il perd la raison; sa main ouvre l’eau qui envahit le sous-marin criminel. Lui seul survit, porté par les flots, sauvé par des marins, revient mourant au palais de l’Empereur Rouge. Tandis qu’on s'efforce de le ranimer, son âme est déjà aux enfers et Jésus prend sa dépouille humaine pour tâcher de faire entendre encore dans le pays barbare la douce voix de l'Humanité souffrante. Mais s’il parvient à prêcher la paix au peuple qui murmure, il reste sans pouvoir sur l’infâme potentat et meurt pour la seconde fois sans réveiller un sentiment humain dans un cœur glacé par l’orgueil. Néanmoins ses exhortations ont allumé dans l’Empire le désir de la paix et, sous la pression de son peuple révolté, l'Empereur qui se sait battu tente d'obtenir dés Alliés le pardon de ses crimes. Il est trop tard. Ce n’est pas avec lui que les défenseurs du droit veulent traiter. La guerre continuera, implacable, jusqu’à ce qu’il ait expié. Les armées ennemies, de victoire en victoire, abattent sa puissance. Un jour de représailles, les avions alliés bombardent sa capitale, abattent les ruines de son château sur son cadavre humilié. E Son peuple vaincu retourne à la terre, tandis que les armées alliées connaissent enfin la joie du triomphe total et définitif. La Civilisation ne mourra plus. Ce film est pour nous particulièrement émouvant à voir et notre cœur de Français battra en lisant tous les titres où le grand artiste américain glorifie notre beau pays. Tous frémiront aux scènes de guerre, à l'invasion brutale si poignante, aux massacres inutiles, au bombardement de nos ambulances, au torpillage du paisible transatlantique dont tous les détails sont enregistrés, depuis le sillage de la torpille et la bousculade à bord jusqu'aux chaloupes chavirées et à l’engloutissement du gigantesque navire. On admirera les vues grandioses de la mobilisation, les batailles terrestres, la formidable bataille navale, les émeutes populaires, l'immense plainte des mères et des femmes, le tableau de l’enfer, d’un enfer tel que l’avait conçu Dante; enfin la terrible vision par l'Empereur Rouge des champs de bataille couverts par les débris de son armée, et, pour finir, le bombardement de la capitale ennemie où les maisons s’écroulent, où les palais s’embrasent, où les ponts sautent et où une multitude ue s “enfuit, meurt, hurle de crainte et de désespoir. 4 Jamais on n’a montré en Éo un film dont la mise en scène püût être trouvée digne de celui-ci; et de longtemps sans doute, il ne s’en montrera pas. C’est une impression d’art et d'humanité patriotique que nul n’a le droit de laisser perdre. Louis CHALETTE. Un beau FILM qui est pour vous mA ep si vous voulez